Le prochain procureur fédéral?
«À la fin, je me suis dit: Ok, je vais essayer»

Le chef de la police bernoise Stefan Blättler ne s'est pas déclaré candidat au poste de procureur fédéral de son propre chef. Ce sont des proches qui l'ont convaincu qu'il pouvait être l'homme de la situation. Dans cet entretien, il entend nous convaincre à notre tour.
Publié: 20.08.2021 à 17:51 heures
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Dernière mise à jour: 20.08.2021 à 17:52 heures
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"J'ai le plus grand respect pour ce défi", dit-il.
Photo: Keystone
Lea Hartmann, Jocelyn Daloz (adaptation)

La Commission judiciaire du Parlement l’annonçait à la surprise générale: elle a enfin trouvé un candidat pour le poste de Procureur fédéral. C’est la troisième fois qu’elle tente de combler le siège vacant de chef du Ministère public de la Confédération (MPC). Parmi la douzaine de candidats possibles, c’est le commandant de la police bernoise Stefan Blättler qui a été choisi pour succéder à Michael Lauber.

Le principal intéressé a appris que la Commission allait le recommander une heure avant l’annonce publique. Une annonce qu’il a fêté dignement autour d’un «bon dîner» en famille, dit-il à Blick.

Stefan Blättler, vous voulez devenir Procureur fédéral. Pourquoi vous infligez-vous cela?
Pour moi, ce n’est pas une corvée! Je suis impatient de relever le défi, si du moins je suis élu. J’ai toutefois le plus grand respect pour ce défi.

Si nous parlons de «s’infliger cela», c’est parce que le poste de Procureur fédéral est extrêmement exposé. Les attentes sont énormes. Vos trois prédécesseurs ont été évincés par le Parlement ou ont démissionné en disgrâce.
Bien sûr, on réfléchit à deux fois avant de faire une chose pareille. J’ai eu plusieurs conversations avec des personnes qui me sont proches. La décision n’a pas été facile à prendre.

Donc vous ne vous êtes pas porté volontaire, mais vous avez été persuadé?
Disons que j’ai été intensivement sensibilisé à la position. Finalement, je me suis dit: «OK, je vais essayer». Après tout, j’ai déjà atteint un âge avancé, et ce n’est donc plus un travail que je ferai pour le reste de ma vie. Et ma carrière professionnelle montre que je sais relever des défis majeurs.

Vous n’aviez pas pensé à postuler lorsque le poste a été annoncé pour la première fois?
Non, pas du tout. J’avais des perspectives de carrière complètement différentes: Le 1er janvier 2022, j’aurais pris le poste de directeur de l’Institut suisse de police. Mais si le grand public pense que je peux faire une plus grande différence en tant que Procureur fédéral, alors je le ferai.

Pourquoi êtes-vous la bonne personne?
Vous devrez demander cela à ceux qui m’ont présenté aux élections.

Mais vous devez être convaincu de vous-même!
Bien sûr! J’ai pas mal roulé ma bosse et durant ma carrière, j’ai appris une ou deux choses qui sont nécessaires pour être un Procureur fédéral. Je sais gérer des situations de leadership délicates, j’ai été confronté à des cas de figure complexes quotidiennement en tant que commandant de police. Regardez, par exemple, ce que nous avons réalisé à Berne ces dernières années: Nous avons fusionné plus de 30 corps de police en un seul. Un travail qui a été accompli sans faire de vagues. En outre, j’ai été président de la Conférence des commandants de polices cantonales pendant six ans et j’étais donc le nœud communiquant entre les forces de l’ordre des cantons et la Confédération. Ce ne sera donc pas mon premier rodéo au sein de la Berne fédérale.

Le Ministère public de la Confédération est en cruel besoin de restructuration. Comment comptez-vous restaurer la réputation des enquêteurs fédéraux et ramener le calme dans cette agence en crise?
C’est là que je dois m’inscrire en faux: Le bureau du Procureur fédéral n’est pas en cruel besoin de restructuration! Il suffit de regarder toutes les affaires qui ont été portées devant le Tribunal pénal fédéral de Bellinzone ces derniers mois, comme ce criminel de guerre récemment condamné à une lourde amende. Mais ces cas ne sont généralement pas sous les feux de la rampe. Je voudrais que le Ministère public de la Confédération soit à nouveau perçu pour ce qu’il est: une bonne organisation basée sur l’état de droit.

Pourtant, depuis l’affaire Lauber, l’organisation et le contrôle du Ministère public de la Confédération font l’objet de vives discussions politiques. L’énorme pouvoir du Procureur fédéral est critiqué. Quelle est votre position à ce sujet, alors que vous vous préparez à endosser cette responsabilité?
Pour le moment, je ne veux pas faire de déclaration à ce sujet. Tout ce que je peux dire, c’est que cette tâche s’accompagne d’un lot de responsabilités et que je l’aborderais avec beaucoup de respect et le soin nécessaire.

Vous considérez-vous comme une solution provisoire, jusqu’à ce que le Parlement ait décidé de ce qu’il faut faire avec le MPC?
Oui, c’est certainement le cas dans une certaine mesure. Mon travail consisterait à accompagner une éventuelle réorganisation. À cause de mon âge, je ne peux pas faire ce travail pendant plus de cinq ou six ans. Et c’est suffisant.

Quand prendrez-vous vos fonctions?
Nous sommes en train de l’examiner. L’élection par l’Assemblée fédérale aura lieu le 29 septembre, ce sera l’étape décisive. Je ne peux et ne veux rien anticiper avant la décision du Parlement. Mais je suppose que si je suis élu, je commencerai probablement le 1er janvier.


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