Le philosophe reçoit le «Prix européen de la culture politique» 2021
«Peter Sloterdijk est le maître de la provocation intellectuelle»

Le «Prix européen de la culture politique» de la Fondation Hans Ringier, doté de 50'000 euros, est attribué cette année au philosophe Peter Sloterdijk.
Publié: 08.08.2021 à 18:47 heures
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Dernière mise à jour: 08.08.2021 à 19:41 heures
En point d'orgue du Diner républicain 2021, Peter Sloterdijk (à droite) reçoit son portrait de la main du laudateur Christian Lindner et de Frank A. Meyer (à gauche).
Photo: KARL-HEINZ HUG
Frank Meyer, Daniella Gorbunova (adaptation)

«Avec sa pensée provocante, le philosophe allemand fait bouger la conscience des contemporains, et notamment celle des politiques, encore et toujours.» C'est par ces mots que Frank A. Meyer, président de la Fondation Hans Ringier, a commenté le choix de Sloterdijk.

Meyer poursuit: «Dans le meilleur sens républicain bourgeois, c'est un penseur incessant (...) Peter Sloterdijk accompagne notre civilisation occidentale éclairée avec contradiction et encouragement.»

Christian Lindner, président fédéral des Libres Démocrates et membre du Bundestag allemand, a rendu hommage au lauréat dans son éloge: «Peter Sloterdijk est le maître de la provocation intellectuelle. Ses réflexions sur la politique apparaissent comme des expériences où il s'agit parfois aussi d'observer les voix adverses outrées dans leurs réflexes. Il apporte ainsi une contribution exclusive au renouveau et à l'autoréflexion de la culture politique. Ses créations verbales n'expriment pas seulement des observations, mais témoignent également d'un subtil sens de l'humour. Aucun intellectuel contemporain ne formule d'une manière aussi érudite et divertissante.»

Peter Sloterdijk, c'est quoi?

Peter Sloterdijk, né en 1947 à Karlsruhe, est un philosophe et essayiste allemand. Professeur de philosophie et d'esthétique à la Hochschule für Gestaltung de Karlsruhe, il fut recteur du même établissement entre 2001 et 2015. Il enseigne aussi aux Beaux-Arts de Vienne.

Sa dernière publication majeure est l'ouvrage Réflexes primitifs: considérations psychopolitiques sur les inquiétudes européennes (Payot, Paris, 2019). Véritable machine de guerre «contre le cynisme généralisé», ce manifeste pro-européen décortique comment les élites peinent à dissimuler «l’indifférence que leur inspire ce souci du bien commun qu’on leur prête officiellement ». Leurs détracteurs, quant à eux, las de cette imposture, se tournent finalement vers le populisme, une « tromperie alternative ». Dans cette guerre idéologique où la vérité est piétinée, les mass media jouent un rôle décisif : ils « n’ont pas pour fonction première d’informer, mais de produire des épidémies fondées sur les signes ».

Peter Sloterdijk, né en 1947 à Karlsruhe, est un philosophe et essayiste allemand. Professeur de philosophie et d'esthétique à la Hochschule für Gestaltung de Karlsruhe, il fut recteur du même établissement entre 2001 et 2015. Il enseigne aussi aux Beaux-Arts de Vienne.

Sa dernière publication majeure est l'ouvrage Réflexes primitifs: considérations psychopolitiques sur les inquiétudes européennes (Payot, Paris, 2019). Véritable machine de guerre «contre le cynisme généralisé», ce manifeste pro-européen décortique comment les élites peinent à dissimuler «l’indifférence que leur inspire ce souci du bien commun qu’on leur prête officiellement ». Leurs détracteurs, quant à eux, las de cette imposture, se tournent finalement vers le populisme, une « tromperie alternative ». Dans cette guerre idéologique où la vérité est piétinée, les mass media jouent un rôle décisif : ils « n’ont pas pour fonction première d’informer, mais de produire des épidémies fondées sur les signes ».

«Contre le cynisme généralisé»

Sa dernière publication majeure est l'ouvrage Réflexes primitifs: considérations psychopolitiques sur les inquiétudes européennes (Payot, Paris, 2019). Véritable machine de guerre «contre le cynisme généralisé», ce manifeste pro-européen décortique comment les élites peinent à dissimuler «l’indifférence que leur inspire ce souci du bien commun qu’on leur prête officiellement ». Leurs détracteurs, quant à eux, las de cette imposture, se tournent finalement vers le populisme, une « tromperie alternative ». Dans cette guerre idéologique où la vérité est piétinée, les mass media jouent un rôle décisif: ils « n’ont pas pour fonction première d’informer, mais de produire des épidémies fondées sur les signes ».

Comme le résume habilement la revue Esprit, les « cyniques », qui se moquent du réel et plus encore de la morale, triomphent. Dès lors, l’opposition historique entre «ceux d’en haut» et «ceux d’en bas» se transforme facilement en une lutte entre gagnants et perdants, où l’identité des uns se construit et se renforce avec la désignation d’un ennemi, qu’il soit national, social, idéologique (la social-démocratie contre le communisme), ou encore souverainiste (les Britanniques contre l’Union européenne)…

Le terrorisme comme nouvel ennemi commun

Toujours selon la synthèse de l'érudite revue française, d’une part, la simplification de la pensée conduit à un évidement de la vérité politique au profit de la diffusion d'«épidémies artificielles». D’autre part, en fomentant des lubies contre des ennemis fantasmés, il devient de plus en plus difficile de se connaître soi-même, hors adversité. La perte de l’ennemi effrite les identités auto-proclamées. Ainsi, par exemple, «sans la pression de la menace communiste, la social-démocratie perd de plus en plus sa plausibilité» qui «vivait notamment du pire qu’elle empêchait ou prétendait empêcher». Elle ne se reconstruit qu’en désignant un nouvel ennemi, le terrorisme, dont elle exagère la puissance pour mieux justifier cette «formule absurde de la guerre contre la terreur». Et Sloterdijk de regretter que l’Allemagne «se laisse plonger dans un état de peur panique par une poignée de criminels qui jouent aux combattants».

15ème cérémonie de remise des prix

Le prix a été remis lors du traditionnel «Dîner Républicain», qui a lieu chaque année à l'invitation de Frank A. Meyer à l'hôtel Castello del Sole à Ascona (TI).

Le «Prix européen de la culture politique» est décerné pour la quinzième fois cette année. La palette des précédents lauréats va des hommes politiques aux académiciens:

  • L'ancien président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker
  • L'ancien président de la Serbie Boris Tadić
  • Le philosophe Jürgen Habermas
  • Pascal Lamy
  • Jean-Claude Trichet
  • Hans-Dietrich Genscher
  • Donald Tusk
  • Wolfgang Schäuble
  • L'historien Heinrich August Winkler
  • Le Premier ministre italien Mario Draghi
  • Frank-Walter Steinmeier
  • Margrethe Vestager
  • L'historien britannique Sir Christopher Munro Clark
  • La présidente de la Slovaquie Zuzana Caputová
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