«[Le patron] a peur que tu tombes enceinte après que tu te sois mariée.» C’est avec ces propos qu’une employée du McDonald's de Marin (NE) se soit refuser une promotion début 2020. Outrée, elle dépose plainte. Le tribunal lui a désormais donné raison et a condamné le patron de la franchise à lui verser 6000 francs d’indemnités, a révélé «Arcinfo».
À l’époque, Laura*, 22 ans, travaille pour la chaîne de fast-food américaine. Ayant passé plusieurs années au sein de l’entreprise, elle manifeste son intérêt pour un poste de manager. Après un premier entretien avec la gérante, lors duquel elle mentionne son prochain mariage, les choses semblent bien se présenter. Une semaine après, lors du second entretien, le ton a changé. On lui annonce qu’elle a été écartée de la promotion. La raison? La possibilité qu’elle tombe enceinte à la suite de son mariage. Si elle avait «été un homme, nous n’aurions pas eu cette conversation», lui explique la gérante.
Laura est choquée par ces propos et demande des éclaircissements. Un troisième entretien, enregistré, est organisé, avec sa gérante et le propriétaire de franchise. Les deux démentent tout propos déplacé et toute promesse de promotion. Mais la jeune Neuchâteloise ne veut pas en rester là. Elle démissionne et décide de porter l’affaire devant un juge, pour discrimination à la promotion. «Je voulais me défendre. Face au comportement du patron qui persistait à̀ dire que j’avais mal compris ce qu’on m’avait dit, mais aussi face aux propos inacceptables de la gérante», confie-t-elle à «Arcinfo».
Discrimination reconnue
Faute de preuves, le Tribunal régional du Littoral et du Val-de-Travers a conclu que Laura n’a pas été victime d’une discrimination à la promotion, en tant que telle: le patron s’est défendu en expliquant que la personne promue au poste de manager avait une plus grande expérience. Toutefois, le juge a décidé que les propos de la gérante étaient bel et bien discriminants et justifiaient «l’octroi d’une indemnité́» à hauteur de 6000 francs.
Laura est soulagée d’être arrivée à ses fins: «Ce qui compte, c’est la reconnaissance de la discrimination, et non l’indemnité. Le processus est long et difficile, je comprends pourquoi beaucoup de personnes ne signalent pas ce genre de choses.»
Le syndicat Unia, qui a défendu la plaignante, se montre également satisfait du jugement: «Elle donne une voix à de nombreuses autres femmes trop souvent désarmées, qui doivent faire face à de telles discriminations banalisées sur leur lieu de travail. Dans le cas présent, la mauvaise foi de l’employeur a été vaine. Unia se réjouit particulièrement de l’effet de précédent engendré par une telle décision.»
*Prénom d’emprunt