Le patriote, la bobo, l'allumé...
Voici les cinq profils types des opposants à la vaccination

Alors que le taux de vaccination suisse approche des 60%, des irréductibles ne souhaitent toujours pas recevoir d'injection. C'est leur droit. Qui sont-ils? Blick s'amuse à leur brosser le portrait — et grossit le trait.
Publié: 06.09.2021 à 20:41 heures
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Dernière mise à jour: 26.12.2021 à 21:10 heures
Reza Rafi (texte), Alexandre Cudré (adaptation)

Blick a décidé de s'amuser à brosser le portrait des cinq principaux types de non-vaccinés. Car dans la galaxie des opposants au vaccin, on trouve aussi bien des ruraux que des citadins, des modérés que des enragés, des hésitants que des «personnes bien informées».

Note: un groupe de non-vaccinés n’est pas présent ici: il s’agit des personnes qui doivent se passer d’un vaccin pour des raisons médicales ou socio-religieuses.

Les patriotes

La fraction patriotique des non-vaccinés domine principalement dans la Suisse rurale. Ils apprécient particulièrement faire sonner les cloches lors des manifestations, avec un flair certain pour le folklore national. Ils ont la détente facile pour critiquer le monde scientifique et la Berne fédérale, et le fait d’évoquer Moderna ou Pfizer devant eux provoque un réflexe de Réduit national sanitaire.

Pour ces Guillaume Tell du vaccin, pas question de s’incliner ni devant le chapeau de Gessler, ni devant le fédora d’Alain Berset. La dictature sanitaire, ce n’est pas pour eux. La liberté, c’est la liberté. Quitte à ce que soit aussi celle d’infecter son voisin ou de finir aux soins intensifs aux frais des autorités.

Leur point d’ancrage, c’est avant tout la méfiance et le scepticisme habituels des montagnards et du monde rural. Tout ce qui «vient de Berne» — voire, horreur, de Bruxelles — est accueilli avec un froncement de sourcil, qu'il s'agisse des impôts, du vaccin, du climat ou des migrants.

Les bobos

Passons des montagnes aux villes. Qui sont ces urbains qui ne veulent pas du vaccin? Le profil-type serait une trentenaire branchée aux membres tatoués, aux baskets (ou aux babouches) plus cool que les vôtres et à une coiffure réellement 2021.

Elle occupe un emploi à temps partiel (et sous-payé) dans l'artistique ou l'évènementiel, où elle a atterri après avoir abandonné — ou réussi — ses études de sociologie. Très soucieuse de sa santé, elle consomme végétarien, voire vegan, et évite de prendre l’avion pour sauver la planète — sauf pour aller faire ce camp d’été de yoga au Portugal.

Lui injecter des «produits chimiques qui altèrent le fonctionnement de son corps»? Pas question. «My body, my choice!» Au contraire de son cousin rural, ce n’est pas tant de la science qu’elle se méfie, mais plutôt de l’économie. Big Pharma a quand même développé tous ces vaccins sacrément rapidement…

Remarquez, elle est tout aussi sceptique lorsqu’il s’agit d’appliquer de la crème solaire industrielle pour ses deux enfants Lennox et Lola. Qu’elle tient à distance des antennes 5G, juste par précaution.

Les ésotériques

Dans ce monde de bâtons d’encens, de bols chantants et de drapeaux tibétains, la médecine conventionnelle n’existe pas vraiment. Le Covid-19? Une vibration peut-être positive causée par un mauvais karma terrestre dont le retour de flammes est destiné à nous rappeler notre lien avec la terre.

L’OFSP, il n’en a pas besoin. Le Covid peut tout aussi bien être traité avec des fleurs de Bach, des vitamines naturelles ou un massage tantrique approprié. Peut-être même par la méditation et le voyage astral.

Il a l’habitude de s’informer via des médias alternatifs très colorés, dont il visite les pages sur son ordinateur Apple à 3000 francs. A-t-on oublié de vous dire qu’une fois celui-ci fermé, il redevient comptable et achète en secret de la viande importée au magasin discount?

Les opportunistes

Cette frange-là est plutôt discrète, mais traverse toutes les couches sociales et dépasse toutes les catégories géographiques. Leurs motifs sont multiples, allant de la peur des effets secondaires après injection à l'espoir d’autres traitements. Et si les autres sont vaccinés, pourquoi prendre le moindre risque?

Ils ont toujours une raison pour laquelle ils n’ont pas été vaccinés. «Je n’ai pas eu le temps! La phase 3 des essais n’est pas terminée! L’ARN messager, je le sens pas trop!», sont quelques-unes des phrases-slogan utilisées. L'attente les caractérise.

Ceux qui appartiennent à ce camp n’ont parfois pas de raison particulière, ils restent juste dans une hésitation générale — qui empêche la société de surmonter la pandémie. Ils sont prudents lors de leurs contacts quotidiens avec leurs amis, leur famille et leur collègue vaccinés. «Je ne vais pas mentir. Mais si personne ne me demande si je suis vacciné, je n’aurai pas à répondre…»

Les allumés

On en arrive aux plus bizarres, à ceux dont on parle en chuchotant. Le groupe de non-vaccinés le plus petit, mais le plus bruyant, que ce soit dans la vie réelle ou sur les réseaux sociaux. Les «éveillés» du Covid et autres esprits libres retentissants, avec leur cortège de vieux experts et d’infos exclusives tirées de sources jamais vérifiables.

«Selon l’éminent Pr. Gaston MACHIN-TRUC», pourrait commencer un de leurs messages envoyés sur WhatsApp. Entre le médecin folklorique, l’anticapitaliste en furie et le vétéran des Goa dont les effets hallucinogènes ne sont toujours pas redescendus, on a de quoi faire.

Il peut s’agir d’hommes comme de femmes, dont la bulle de filtre est devenue une véritable cloche de verre. Les politiques, le système, les médias et la pharma sont des ennemis mortels et méritent de passer au tribunal.

Des croisements de cette frange avec les patriotes, les ésotériques voire les bobos sont possibles. Ou alors il ne s’agit que de leurs membres les plus virulents. C’est aussi ici que l’on peut trouver des cas carrément pathologiques de paranoïaques.

Les allumés recherchent la confrontation. Toutes les occasions sont bonnes pour vous éveiller à leur cause enragée. De toute façon, la plupart d’entre eux semblent avoir déjà fait leurs adieux aux conventions sociales de la société majoritaire.

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