Dans les deux communes thurgoviennes de Müllheim et Wigoltingen, on a de grands projets. Le Wigoltingen Innovation Park doit voir le jour près de la gare. Deux autres grands projets sont également prévus. Et les dimensions sont gigantesques: 80'000 mètres carrés de prairies et de champs doivent être pratiquement entièrement couverts de constructions au cours des 30 prochaines années.
Les responsables de la société Eckhaus SA ont présenté à la population plusieurs plans, appelés visions. En décembre dernier, près de 150 citoyens se sont réunis à cet effet dans la salle polyvalente de Wigoltingen.
Caroline Roat, une habitante de 60 ans, était présente... et a eu un choc. Sur le plan «Développement jusqu'en 2025», sa maison figure encore sur le plan. En revanche, sur la version «Développement à l'horizon 2040», la bâtisse a tout simplement disparu. À la place, un nouveau bâtiment gigantesque est dessiné sur son terrain (voir graphique).
«Je me suis juste dit: 'Allô? Au secours, ma maison a disparu!», explique l'ancienne employée de la Poste à Blick. Elle vit avec son mari et leur fils dans une maison individuelle, qui appartient à la famille depuis le milieu des années 1980. Le logement se trouve entre des moulins et des silos. Que deviendra-t-il?
Les responsables ont voulu calmer ses inquiétudes et lui ont répondu que le plan n'était pas définitif, rapporte Caroline Roat. Une expropriation n'est pas à l'ordre du jour. Mais l'habitante a gardé un sentiment de malaise.
Un plan qui a déjà coûté 120'000 francs
La présidente de Wigoltingen, Sonja Wiesmann, qui est également responsable de la construction dans la commune, apaise les tensions lors d'un entretien avec Blick: «L'expropriation n'est pas juridiquement valable.» Il s'agit uniquement d'évaluer dans quelle mesure le parc d'innovation et les autres projets pourraient avoir un impact sur le trafic. Cette «réflexion sur l'avenir» a déjà coûté 120'000 francs aux électeurs.
Sonja Wiesmann comprend le mécontentement de certains citoyens, dit-elle. Néanmoins: «Il y avait 150 personnes à cette réunion d'information. Seules trois d'entre elles exprimé un problème en lien avec cette construction.» En plus de Caroline Roat, deux autres propriétaires de maisons préfèreraient ne pas autoriser une grande construction.
Caroline Roat ne fait pas confiance aux dires de sa commune. L'habitante a peur d'être bientôt contrainte d'abandonner sa maison. Et au vu des déclarations de la présidente Sonja Wiesmann, on peut comprendre que la situation ne soit pas très rassurante.