Le biologiste moléculaire Steve Pascolo
«Il n'y a pas plus de chimie dans ces vaccins que dans une boisson sucrée»

Steve Pascolo, pionnier des vaccins à ARNm, est la figure emblématique de cette nouvelle technologie. Il tente de dissiper les craintes liées à l'immunisation acquise par ces vaccins, qui sont utilisés actuellement en Suisse.
Publié: 05.07.2021 à 16:41 heures
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Dernière mise à jour: 05.07.2021 à 17:43 heures
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Steve Pascolo est une sommité en matière de nouvelles technologies vaccinales.
Photo: Philippe Rossier
Ulrich Rotzinger

Beaucoup de citoyens suisses l’ont déjà dans la peau: le vaccin à ARNm, fabriqué par Pfizer/Biontech ou Moderna, est utilisé dans le pays depuis déjà plusieurs mois. Mais de nombreuses personnes sont encore sceptiques quant à cette nouvelle technologie. «Pourtant, il s’agit d’une révolution médicale», déclare avec conviction Steve Pascolo, chercheur pionnier des vaccins à ARNm. Dans une interview accordée au journal du syndicat Unia «Work», il tente de dissiper les craintes et le scepticisme autour de cette nouvelle technique utilisée dans la vaccination.

Le scientifique affirme qu’elle n’est pas plus nocive que certains produits que nous ingurgitons quotidiennement: «Il n’y a pas plus de chimie dans le nouveau vaccin ARNm que dans une boisson sucrée, et beaucoup de gens en boivent sans même y penser.» Il souligne que les anciens vaccins contenaient déjà des produits chimiques, comme des conservateurs par exemple. Il n’y a donc pas de raison de se méfier davantage de cette nouvelle technique.

Les vaccins à ARNm seraient même plus respectueux de la nature. «Le vaccin contre la grippe demande l’exploitation de millions de poulets, car il y a besoin de matière présente dans les œufs pour le fabriquer», explique Steve Pascolo. «C’est différent avec le vaccin contre le Covid-19 à ARNm, qui n’utilise aucun œuf. Il est, pour ainsi dire, végétalien.»

L’ARNm est un support d’information

Mais comment fonctionne ce vaccin «révolutionnaire»? Ugur Sahin est le patron de Biontech, usine allemande dont le vaccin est utilisé en Suisse depuis des mois. Il l’explique en termes simples: «Il s’agit d’un élément d’information génétique qui fournit aux cellules un plan d’action pour les protéines. Le processus se fait naturellement dans les cellules, comme lorsque vous faites une copie – qui est l’ARN – de votre disque dur – votre ADN.»

L’ARN messager, ajoute-t-il, contient des informations. Il est comme un courriel, qui serait supprimé après avoir été lu. «La cellule travaille selon nos instructions. L’astuce consiste à faire en sorte que ce message ne finisse pas en spam: il doit pouvoir délivrer les informations.»

Cibler le cancer et la maladie d’Alzheimer

Ugur Sahin et Steve Pascolo dirigent une plateforme à l’hôpital universitaire de Zurich pour la recherche sur le cancer. Ils utilisent la technique de l’ARNm et croient fermement à son immense potentiel. Elle pourrait selon eux être utilisée non seulement pour combattre les virus, mais aussi pour guérir de nombreuses maladies. Cette technique suscite des espoirs de guérison également pour des maladies dites de civilisation comme le cancer ou la maladie d’Alzheimer.

Pour Steve Pascolo, «ce n’est qu’une question de temps avant que de nouveaux vaccins à ARNm soient développés et puissent être utilisés». (uro)


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