L'ancien dépôt de munitions de l'armée doit être assaini
Le coût de l'évacuation de Mitholz met le feu aux poudres

L'évacuation de l'ancien dépôt de munitions dans le village bernois de Mitholz va coûter 2,6 milliards de francs. Mais qui va payer?
Publié: 12.02.2023 à 19:10 heures
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Le village de Mitholz dans l'Oberland bernois. Depuis 2018, les habitants savent que leur vie va radicalement changer.
Photo: Thomas Meier
Peter Aeschlimann

En pleine crise sanitaire, le 5 décembre 2020, la conseillère fédérale Viola Amherd s’adresse aux habitants du village bernois de Mitholz dans un message vidéo: «Nous avons décidé d’éliminer le danger une bonne fois pour toutes.»

Le danger dont parle la ministre en charge de la défense et de la protection de la population se cache dans la montagne. Il se trouve derrière une paroi rocheuse depuis 75 ans. En décembre 1947, une énorme explosion s’y est produite, 3000 tonnes de munitions de l’armée suisse ont explosé: bombes d’aviation, grenades, mines antipersonnel. Des flammes de 70 mètres de haut ont jailli dans le ciel de cette nuit d’hiver, comme le racontent des témoins de l’époque, et des cendres ont couvert le toit des fermes avoisinantes. Neuf personnes ont perdu la vie dans la catastrophe, sept ont été grièvement blessées.

Tout doit disparaître

Aujourd’hui, des centaines de tonnes d’explosifs sont toujours stockées dans la montagne et ses environs. Ces résidus doivent enfin être éliminés.

Le risque d’infiltration d’eau contaminée dans la roche est devenu trop important. Idem pour le risque d’une nouvelle explosion. La Confédération est donc prête à dépenser 2,6 milliards de francs pour mener à bien ce chantier du siècle. Il ne faut pas laisser ce fardeau aux générations futures, a déclaré Viola Amherd dans sa vidéo. Mais cela signifie aussi qu’une partie des habitants de Mitholz devront quitter leur maison, a-t-elle ajouté. Les travaux devraient commencer après 2030.

Mais Mauro Tuena, conseiller national de l’Union démocratique du centre (UDC), n’est pas encore tout à fait en accord avec ce plan: «2,6 milliards de francs, c’est une somme énorme.» Le Zurichois préside la Commission de la politique de sécurité du Conseil national, qui a invité lundi prochain des experts à une audition, dont un colonel, une responsable du projet de Mitholz et un géostatisticien de l’École polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).

Un conseiller national UDC veut une solution moins chère

Mauro Tuena pose la question suivante: «Y a-t-il une alternative au déblaiement?» Il affirme que le risque d’explosion n’est plus aussi élevé que prévu initialement et que le temps ne presse pas. Le conseiller national suggère par exemple la variante d’un ensevelissement. Jusqu’à présent, le département de Viola Amherd ne l’envisage qu’en tant que plan B, pour le cas où l’évacuation ne serait pas possible pour des raisons de sécurité.

Quant à Marionna Schlatter, conseillère nationale verte, elle s’attend à une discussion controversée. Outre la commission de la politique de sécurité, dont la Zurichoise fait partie, la commission des finances s’est également penchée sur la question de Mitholz. Selon la politicienne, l’armée devrait prendre en charge les coûts du projet: «Je ne vois pas pourquoi l’armée ne devrait pas payer pour le déblaiement, comme le veut le principe du pollueur-payeur.»

Visite en combinaison de protection

Il y a quelques semaines, des membres de la commission parlementaire ont visité la galerie de Mitholz. Pour ce faire, ils ont dû enfiler des combinaisons de protection blanches et porter des masques respiratoires. Des travaux pilotes dans la roche avaient révélé la présence de métaux lourds toxiques. Personne ne peut dire aujourd’hui où les matériaux contaminés seront transportés par l’eau.

C’est pourquoi un ensevelissement n’est pas une solution envisageable, dit Marionna Schlatter: «Bien sûr, la facture est gigantesque, mais il nous faut avaler la pilule.»

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