L'agriculteur en chef Markus Ritter critique
«La Confédération économise sur le bien-être des animaux»

Tout juste décidés, les paiements directs pour l'agriculture sont déjà réduits : Markus Ritter, agriculteur en chef, parle d'un «va-et-vient» dans les subventions. Le bien-être animal en serait impacté.
Publié: 06.05.2023 à 06:09 heures
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Dernière mise à jour: 06.05.2023 à 09:41 heures
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Les agriculteurs bénéficient désormais de subventions pour les vaches qui ont atteint l'âge de la retraite. Mais alors qu'elles ne sont pas encore introduites, la Confédération veut déjà les réduire.
Photo: Keystone
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Lea Hartmann

Plus les vaches sont vieilles, plus elles sont positives pour le climat. La Confédération espère pouvoir économiser 1270 tonnes de méthane chaque année si les agriculteurs amènent leurs vaches à l'abattoir quelques années plus tard que ce n'est le cas aujourd'hui. En effet, les animaux plus âgés émettent moins de ce gaz à effet de serre que les jeunes animaux lorsqu'ils éructent. A long terme, la Confédération estime que l'agriculture pourrait ainsi réduire ses émissions de gaz à effet de serre jusqu'à 6% dans le meilleur des cas.

Pour que les vieilles vaches soient rentables pour les agriculteurs et agricultrices, elles bénéficient désormais de subventions spéciales. La Confédération voulait verser au maximum 200 francs par an et par vache à partir de l'année prochaine.

Subvention réduite de moitié

C'est ce qui a été dit lorsque l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) a présenté cette mesure il y a un an. Elle fait partie d'un paquet que le Parlement avait ficelé comme une sorte de contre-projet non officiel aux initiatives sur les pesticides. Afin de couper l'herbe sous le pied des partisans d'une interdiction de ces produits.

Mais aujourd'hui, la Confédération veut à nouveau réduire le montant qui vient d'être décidé pour la protection du climat. Avant même qu'il ne soit introduit. Au lieu de 200 francs, il n'y aura plus qu'un maximum de 100 francs par vache âgée. Et ce, bien que la Confédération soit consciente qu'il faut en fait plus d'efforts, et non moins, pour atteindre les objectifs climatiques fixés.

«Hue et crève»

L'Union des paysans et les organisations sectorielles ne comprennent pas la démarche de la Confédération. «Réduire la contribution avant même son introduction n'est pas crédible», critiquent les associations. Le président de l'Union des paysans Markus Ritter, conseiller national centriste, parle d'un «va-et-vient» du gouvernement et se plaint: «En tant que paysan, on ne peut plus se fier à rien.» Le conseiller national des Vert-e-s et agriculteur Kilian Baumann ne comprend pas non plus ce projet.

Dans les cantons, on secoue également la tête. Diverses voix critiquent la réduction prévue, la jugeant «inexplicable» et «non crédible».

Economiser sur le bien-être des animaux

Ce n'est pas la seule modification prévue par la Confédération qui suscite l'opposition des personnes concernées et des cantons. La mesure la plus controversée est sans doute la réduction des contributions au bien-être des animaux.

Près de la moitié des fermes en Suisse perçoivent aujourd'hui des subventions pour une «stabulation particulièrement respectueuse des animaux» (SST). Le programme de bien-être animal prescrit par exemple qu'il y ait deux zones séparées dans l'étable pour manger et pour se coucher. Et le sol de l'aire de couchage ne doit pas être du béton nu.

Là aussi, la Confédération veut faire des économies. Les contributions devraient être réduites de 20%. Pour le président des paysans Markus Ritter, ces plans constituent une grande et mauvaise surprise.

L'Union suisse des paysans reproche au Conseil fédéral d'envoyer un signal totalement erroné. Les contributions SST sont une incitation importante pour les paysans à investir dans le bien-être des animaux. La réduction prévue va «à l'encontre des attentes de la société, qui a récemment rejeté l'initiative sur l'élevage intensif en se fiant à la politique actuelle». C'est également ce que critiquent de nombreux cantons.

Une économie de 33 millions

Au total, la Confédération veut économiser 33 millions de francs en réduisant les contributions pour les vieilles vaches et les étables respectueuses des animaux. La raison de cet exercice d'économie est que la politique a inventé de nombreuses nouvelles subventions pour lesquelles il faut bien trouver l'argent quelque part.

Selon l'Office fédéral de l'agriculture, il n'y a pas moins d'argent dans les mesures pour le bien-être des animaux, il y en a même un peu plus. L'agriculteur bio Markus Ritter n'y croit pas. Pour lui, une chose est sûre: la Confédération veut globalement économiser sur le bien-être animal. Certes, les agriculteurs recevront désormais de l'argent si leurs bovins mangent surtout de l'herbe au pâturage. Mais il est convaincu que cela ne compense pas les réductions pour de nombreux agriculteurs.

Pas d'incitation à augmenter le nombre d'animaux

L'OFAG justifie la réduction des contributions à l'étable par le fait que celles-ci sont aujourd'hui très élevées et que les agriculteurs peuvent également recourir à des aides à l'investissement pour transformer leur étable.

En outre, il fait valoir l'argument selon lequel les contributions au bien-être des animaux inciteraient à élever davantage de bêtes. Ce que la Confédération ne veut pas. De nombreux agriculteurs n'apprécient pas.

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