L'action a perdu près du quart de sa valeur
La chute de Nestlé en Bourse accentue la pression sur le nouveau patron

Le nouveau PDG de Nestlé, Laurent Freixe, fait face à une pression croissante alors que l'action du géant agroalimentaire continue de chuter. Il devra rassurer les investisseurs inquiets par la baisse de 25% de la valeur de l'action en 2024.
Publié: 08:36 heures
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Dernière mise à jour: 08:51 heures
Jean-Philippe Berstchy souligne que «le sentiment à l'égard de l'action a rarement été pire».
Photo: IMAGO/ITAR-TASS/ Sipa USA
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AFP Agence France-Presse

La dégringolade continue de l'action Nestlé inquiète investisseurs et actionnaires et augmente la pression sur le nouveau patron du géant de l'agroalimentaire, qui devra tenter de rassurer jeudi 13 février lors de la présentation de ses premiers résultats annuels.

Aux commandes depuis début septembre, le Français Laurent Freixe s'est vu confier la délicate mission de relancer les ventes du groupe qui – malgré son chiffre d'affaires de 93 milliards de francs – peine à surmonter la vague d'inflation qui a poussé les consommateurs à tailler dans leurs dépenses.

L'action a perdu près d'un quart de sa valeur

Dès novembre, il a dévoilé un projet mêlant de nouvelles mesures d'économies, une augmentation des dépenses publicitaires axées sur les produits qui se vendent le mieux et une réorganisation des activités d'eau, secouées par un scandale en France et ici autour de l'utilisation de systèmes de micro-filtration interdits pour les eaux minérales.

Mais ces annonces n'ont pas suffi à enrayer la chute du cours de l'action, qui a perdu près du quart de sa valeur en 2024. Avec cette chute, Nestlé s'est vu détrôner de son rang de première capitalisation de la Bourse suisse, tombant à la troisième place, derrière les géants pharmaceutiques Roche et Novartis. Début février, l'action oscillait autour de 77 à 78 francs, très loin de ses sommets à près de 130 francs de la fin 2021.

Nestlé n'est plus une valeur sûre?

Cette chute a fait couler beaucoup d'encre, comme le relève la «NZZ» prévenant que de «nombreuses Suissesses et Suisses sont concernés» compte tenu du poids de Nestlé dans les placements des caisses de retraites.

Le «Tages-Anzeiger» appuye: le titre a même cessé d'être une «Grossmutter-Aktie» (une action de grand-mère), soit une valeur sûre dans laquelle même les vieilles dames placent leurs économies. Et les actionnaires pourraient finir par venir demander des comptes au conseil d'administration, selon le journal.

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Nestlé est détenu par de nombreux fonds de pension et particuliers en Suisse
Jean-Philippe Berstchy, analyste chez Vontobel
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«Nestlé est détenu par de nombreux fonds de pension et particuliers en Suisse», ce qui suscite donc «beaucoup de réactions», a expliqué Jean-Philippe Berstchy, analyste chez Vontobel, lors d'un entretien avec l'AFP.

Le sentiment envers l'action a «rarement été pire»

Dans une récente étude, il souligne que «le sentiment à l'égard de l'action a rarement été pire», mais considère que le groupe peut remonter la pente.

Plusieurs facteurs ont contribué à cette chute du titre d'après lui: les nombreux changements au sein de l'équipe de direction, la révision à la baisse à deux reprises l'an passé des prévisions de croissance des ventes et le flux de nouvelles négatives, – dont les scandales en France autour des pizzas Buitoni et les traitements interdits appliqués aux eaux minérales.

Il reste des opportunités de croissance

Mais vu l'étendue de son portefeuille de produits, Nestlé «conserve de nombreuses opportunités pour restaurer sa croissance», même si les mesures annoncées par Laurent Freixe «prendront du temps» avant de faire effet, selon Jean-Philippe Bertschy.

En novembre, Laurent Freixe avait dit vouloir mettre l'accent sur les produits de Nestlé à plus fort potentiel, dont les «31 marques milliardaires» (c'est à dire celles dont les ventes annuelles dépassent le milliard de francs), comme Nespresso, KitKat ou Purina One.

Il a également amorcé une réorganisation des activités d'eau, regroupées dans une entité séparée début janvier, ce que de nombreux analystes ont interprété comme un signe que Nestlé pourrait soit s'en désengager partiellement par le biais d'un partenariat comme le groupe l'avait déjà fait en 2016 pour alléger la voilure sur les glaces, soit même les vendre.

Jeudi 13 février, il sera «encore trop tôt pour voir des progrès au niveau du chiffre d'affaires», estime Andreas von Arx, analyste chez Baader Helvea, dans une note de marché, qui s'attend à ce que l'attention des investisseurs se porte plutôt sur les prévisions alors Laurent Freixe était resté vague concernant ses attentes pour les ventes en 2025.

En novembre, le patron de Nestlé avait dit prévoir une croissance des ventes (hors effets de changes et acquisitions ou cessions) d'environ 2% en 2024, suivie par une «amélioration» en 2025, sans donner d'indications chiffrées.

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