La proposition d'un virologue
«Les personnes vaccinées ou guéries doivent renoncer au masque»

Les personnes vaccinées et guéries devraient, dans la mesure du possible, renoncer à porter un masque, propose le virologue Cornel Fraefel. Les experts de la Task Force et une autre virologue, Isabella Eckerle, s'y opposent ouvertement.
Publié: 24.12.2021 à 15:49 heures
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Dernière mise à jour: 24.12.2021 à 15:57 heures
Le virologue Cornel Fraefel propose que les personnes vaccinées et guéries retirent leur masque chaque fois que cela est possible.
Photo: imago images
Johannes Hillig et Sven Ziegler

Le masque fait partie de notre quotidien. Ce n’est pas étonnant, puisqu’il est obligatoire dans de nombreux endroits. Il est très utile pour limiter la propagation, notamment du variant Omicron, particulièrement contagieux.

Mais Cornel Fraefel, 57 ans, directeur de l’Institut de virologie de l’Université de Zurich, estime que le port du masque pour tous n’est pas une bonne idée: «Cette obligation pour les personnes vaccinées ne conduit pas à un raccourcissement de la pandémie, mais à sa prolongation.»

Une infection au Covid après vaccination agit comme un booster naturel. Ce renforcement est particulièrement efficace contre les évolutions graves de la maladie: «Outre une meilleure protection, la probabilité que le virus puisse se soustraire à l’action du système immunitaire en mutant serait également plus faible», explique le virologue.

Les personnes non vaccinées doivent porter un masque

Le port du masque empêcherait donc les personnes vaccinées et guéries de renforcer leur système immunitaire. Les individus concernés sont également protégés contre d’autres virus et bactéries, ce qui, paradoxalement peut avoir des «conséquences désastreuses». Cornel Fraefel rappelle: «Le système immunitaire a besoin d’entraînement, aussi bien pour être armé contre les virus et les bactéries que contre les allergies, les maladies auto-immunes et le cancer.»

Le conseil du virologue est sans équivoque: «Je recommande aux personnes guéries ou vaccinées de renoncer au masque chaque fois que cela est autorisé, à l’exception des personnes vaccinées à haut risque.» Selon lui, cela enverrait un signal positif en faveur de la vaccination. Les personnes non vaccinées ne devraient pas renoncer au masque, le facteur de risque étant trop important.

Booster la réponse immunitaire

Cornel Fraefel souligne que les vaccins modernes à ARNm sont très sûrs et que le rapport bénéfice/risque est positif. L’ARNm est déjà présent dans le corps, «sans cela, nous n’existerions même pas», précise le chercheur. Les substances n’ont pas été développées pour le traitement du Covid-19. Elles étaient déjà utilisées et étudiées auparavant.

Il est tout à fait normal que la protection vaccinale diminue avec le temps. Des rappels sont également nécessaires pour d’autres vaccins. La maladie FSME, transmise par les tiques, en est un exemple. Trois doses de vaccin sont nécessaires, mais la protection dure au moins dix ans.

La vaccination permet de développer des cellules immunitaires mémoires qui parviennent à se défendre contre le virus en cas d’infection. Elles contribuent à maintenir durablement l’immunité. Cornel Fraefel a un message pour les non-vaccinés: «N’attendez pas que le SARS-CoV-2 disparaisse. Vous risquez d’attendre longtemps. C’est pourquoi je vous recommande vivement de vous faire vacciner.»

«Pour l’instant, une telle stratégie serait pure folie»

La Task Force scientifique de la Confédération n’envisage pas que les personnes guéries ou vaccinées puissent bientôt baisser les masques dans un avenir proche. «Cela entraînerait une augmentation significative de la transmission du virus et toucherait tôt ou tard les personnes présentant des facteurs de risque. Il en résulterait davantage d’hospitalisations et de décès», souligne Urs Karrer, vice-président de la Task Force, à Blick. Les experts de la Confédération ne partagent donc pas l’opinion de Cornel Fraefel.

Isabella Eckerle, virologue genevoise, est également interloquée par la proposition de son confrère zurichois. «Pour l’instant, une telle stratégie serait pure folie», souligne-t-elle pour Blick. Selon elle, renoncer aux masques supposerait une large immunité au sein de la population et une situation où le virus n’évolue pas aussi rapidement qu’en ce moment.

«Il faut maintenant booster à tout va»

D’après l’experte, il est possible d’abandonner le masque en cas d’endémie, mais pas en cas de pandémie, c’est-à-dire de chaînes de contaminations à l’échelle mondiale. Isabella Eckerle explique que «dans la situation actuelle, où les capacités hospitalières sont limitées et où il faut s’attendre à des restrictions dans de nombreux domaines en raison d’un grand nombre de personnes infectées. Ce serait une stratégie très dangereuse, car on alimenterait encore davantage le nombre déjà important de contaminations dues au variant Omicron.» Selon elle, la vaccination ainsi que les doses de rappel permettent d’entraîner le système immunitaire de manière efficace. C’est sur cela qu’il faut se concentrer. Pas sur le fait de ne pas porter de masque.

D’ailleurs, le variant Omicron inquiète beaucoup Isabella Eckerle. Dans une interview pour Blick, elle avertissait il y a quelques jours déjà: «Il faudrait maintenant booster à tout va et envisager d’autres restrictions pour limiter les contacts.»

(Adaptation par Jessica Chautems)


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