La Saint-Sylvestre de Berlin a beaucoup fait parler d'elle, et pas pour des bonnes raisons. Des centaines de délinquants ont profité du passage à la nouvelle année pour laisser libre cours à leur rancœur contre l'État et le système.
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Les policiers ont été attaqués avec des fusées et des pétards, les ambulances visées par des extincteurs, des bouteilles et des barres de fer. Les forces de l'ordre, y compris les secouristes ayant afflué sur le terrain, ont dénombré plusieurs blessés.
Un tel scénario pourrait-il se produire en Suisse? Blick a posé la question à Johanna Bundi Ryser, présidente depuis six ans de la FSFP, le syndicat des forces de l'ordre. En voyant les images de Berlin, la première policière du pays est touchée. «Oui, de telles attaques pourraient avoir lieu dans notre pays», avance la Grisonne, qui représente les intérêts des 26'000 fonctionnaires de police.
À Bulle ou Zurich, même combat
En Suisse aussi, les forces d'intervention sont régulièrement prises pour cibles, insultées ou attaquées. Ce fut le cas ce week-end lors d'une rave party illégale à Bulle (FR) ou plus largement lors des dernières festivités du 1er août au Letten de Zurich. Alors que la police municipale voulait là aussi mettre fin à une fête illégale, elle a été la cible de jets de bouteilles, de vélos et de pétards.
Au-delà des cas particuliers, c'est surtout la fréquence qui inquiète. «En 2021, les attaques se sont multipliées», déplore Johanna Bundi Ryser. Un coup d'œil sur les statistiques en la matière suffit à constater la forte augmentation des délits: leur nombre («violence ou menace contre les fonctionnaires») s'élevait à 2519 en 2011, contre 3557 cas en 2021. Presque 1000 de plus en dix ans.
Comment expliquer le phénomène? «Il est multifactoriel, répond la présidente du FSFP. Le respect envers la police a diminué, en partie dans les centres urbains. Les agents subissent en première ligne la colère de la population.» Qui, par exemple? «Ceux qui sont mécontents de la politique du gouvernement. Souvent, l'alcool et les drogues désinhibent et poussent à la violence.»
«La police est là pour aider!»
L'effet de groupe est aussi un facteur prépondérant. Bien que la police essaie constamment d'agir de manière à désescalader tout conflit potentiel, elle n'y parvient pas toujours. Les grandes manifestations comme les matches de football et de hockey, le 1er mai ou la Saint-Sylvestre sont particulièrement dangereuses, car elles rassemblent beaucoup de monde.
«De telles attaques peuvent aussi surgir rapidement de nulle part. Quand une foule se rassemble et cherche à créer du grabuge, on n'a presque aucune chance», se résigne Johanna Bundi Ryser. Malgré les casques, les protections et les boucliers, les policiers ne sont pas toujours protégés.
Apprendre que des collègues ont été blessés à Berlin, alors que des débordements étaient prévus, laisse la Grisonne songeuse, même deux jours après les faits. Cela la met en colère, même. «La population ne comprend pas que la police n'est ni l'ennemie ni l'adversaire. Nous sommes là pour aider.»