La hackeuse lucernoise s'exprime après son piratage
«Ma découverte est choquante, mais pas surprenante»

La pirate informatique suisse Maia Arson Crimew a récemment accédé à une liste d'interdiction de vol américaine contenant les noms de 1,5 million de personnes soupçonnées de terrorisme. Désormais dans le collimateur de la CIA, la hackeuse ne regrette pas ses actions.
Publié: 24.01.2023 à 22:15 heures
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La pirate informatique suisse Maia Arson Crimew s'est retrouvée dans le collimateur des autorités américaines.
Carla De-Vizzi

La hackeuse suisse Maia Arson Crimew*, 23 ans, est à nouveau dans le collimateur des autorités américaines. Vendredi, la Lucernoise s’est procuré l’accès à la liste d’interdiction de vol américaine, qui révèle les noms d’environ 1,5 million de personnes soupçonnées de terrorisme. Elle y est parvenue via un serveur non sécurisé de l’Agence américaine de sécurité des transports (TSA).

Sa fuite de données fait des vagues aux États-Unis. Une fois de plus, les autorités américaines veulent ouvrir une enquête contre la hackeuse. Mais que dit-elle à ce sujet – et au sujet de sa découverte? Elle raconte à «20 minuten» que ce n’est pas une surprise pour elle. «Je sais à quel point ces systèmes sont peu sûrs. En même temps, une telle trouvaille est très choquante», souligne la «hacktiviste» au quotidien alémanique. Surtout parce que la liste ne contient pas seulement des noms, mais aussi des dates de naissance.

La Lucernoise regrette son exposition

La jeune femme ajoute: «Je suis étonnée de l’écho qu'a rencontré cette affaire.» Depuis que Maia Arson Crimew a divulgué la liste aux journalistes du magazine technologique américain «The Daily Dot», elle croule sous les demandes de contact des médias.

Si les choses étaient à refaire, la vingtenaire reconnaît qu’elle aurait agi différemment. «Apparaître avec mon visage et mon vrai nom était une idée stupide», admet-elle. Néanmoins, cela lui donne la possibilité de parler aux médias et d’expliquer ses actions. «Je soutiens ce que je fais.» Mais elle se trouve désormais dans le collimateur de la CIA. N'est-ce pas effrayant? «Un peu», concède-t-elle. Mais la paranoïa ne la fait pas avancer et elle essaie de ne pas y penser.

«Je veux créer un logiciel de hack qui détruise le capitalisme»

Le fait de savoir qu’elle a découvert une telle faille de sécurité provoque en elle «une certaine euphorie et beaucoup d’adrénaline». «Une telle liste de personnes qu’un gouvernement considère comme 'mauvaises' a naturellement un énorme potentiel d’abus si elle tombe en de mauvaises mains», pointe encore Maia Arson Crimew dans les colonnes du «20 Minuten».

Avec son «hacktivisme», la jeune femme alimente une sorte d’anarchie. «Je serais heureuse de créer un logiciel de hack qui détruirait le capitalisme.» Elle est toutefois tout à fait consciente des dimensions de ce but ambitieux: «Je ne parviendrai pas seule à mon objectif final d’anarchisme.»

La Lucernoise a déjà été inculpée en mars 2021 par un tribunal américain pour plusieurs piratages informatiques. Les accusations portaient entre autres sur la fraude et l’abus informatique, la criminalité électronique et le vol d’identité. L’incident actuel met encore Maia Arson dans l’embarras. Comme Martin Steiger, spécialiste du droit de la protection des données et du droit informatique, l’a déclaré à Blick, Maia Arson Crimew ne peut plus quitter la Suisse aussi rapidement. Dans le cas contraire, elle risquerait plusieurs années de prison.

*Maia Arson Crimew est connue sous le nom de Tillie Kottmann. Mais elle tient désormais à être appelée par son nouveau nom, qu’elle a adopté il y a un an.

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