La crise des puces freine les fabricants
Combien de temps les Suisses devront-ils attendre pour une voiture neuve?

La pandémie a des conséquences indirectes sur l'industrie automobile: le manque de puces électroniques et les chaînes d'approvisionnement perturbées retardent la livraison des véhicules. Voici un aperçu des délais des grandes marques.
Publié: 21.01.2022 à 21:33 heures
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Dernière mise à jour: 21.01.2022 à 21:34 heures
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Depuis plus d'un an, la crise des puces électroniques provoque une pénurie de semi-conducteurs, nécessaires dans les circuits des voitures.
Photo: ADRIAN BRETSCHER
Andreas Faust

Depuis un peu plus d’un an, les composants dits semi-conducteurs utilisés dans les circuits électroniques des voitures se font rares. Un modèle de voiture moyen possède environ 100 calculateurs: mini-ordinateurs qui commandent les moteurs à combustion, boîtes de vitesses, capteurs de stationnement, régulateur de vitesse, contrôle électronique de stabilité et bien d’autres choses encore. Les voitures électriques en contiennent encore plus.

De tels composants font défaut, ce qui a pour conséquences une réduction de la production: les analystes du secteur estiment qu’en 2021, entre sept et onze millions de voitures en moins par rapport à la demande. Les délais de livraison des voitures neuves configurées chez le garagiste augmentent donc… et certains modèles ou versions ne sont ou temporairement pas du tout disponibles. Qu’est-ce que cela signifie pour les acheteurs suisses de voitures neuves? Blick répond à quatre questions importantes.

Que se passe-t-il?

La raison principale de ces interruptions de livraison est la pandémie. Les puces sont surtout produites en Asie du Sud-Est. C’est précisément là que les autorités réagissent de manière particulièrement restrictive aux infections Covid dans les entreprises: les usines sont tout simplement fermées pendant plusieurs semaines. Les phases de la pandémie étant globalement différentes, ces fermetures d’usines se produisent toujours dans différentes régions à différents moments, ce qui empêche la régularité des livraisons.

De plus, avec une part de 10%, l’industrie automobile ne représente qu’une partie des acheteurs. De grandes quantités de puces sont nécessaires pour les smartphones, les ordinateurs et autres bien de consommation électroniques. Leurs fabricants sont souvent livrés en priorité lorsque la production est à court. A cela s’ajoute une crise des conteneurs: ceux-ci ne se trouvent pas toujours au bon endroit au bon moment, et le transport est retardé. Les usines automobiles sont pourtant tributaires d’une livraison au moment exact. S’il manque des pièces, la production s’arrête immédiatement.

Quels sont les délais de livraison?

Nous avons posé la question aux importateurs suisses: combien de temps faut-il attendre pour obtenir le modèle le plus vendu de la gamme si l’on commande aujourd’hui? La plupart des importateurs répondent à l’unisson: entre trois à six mois. Cela vaut pour toutes les têtes de série, de Porsche et sa Macan GTS à l’Octavia de Skoda, de la Nissan Qashqai à la Tiguan de VW.

Chez Seat et sa filiale sportive Cupra, le résultat est plus hétéroclite: «Les délais de livraison dépendent fortement de la configuration du véhicule et ne peuvent donc pas être indiqués de manière générale», précise Karin Huber, responsable en relations publiques. Peugeot se rallie à cette position: «Nous ne pouvons pas indiquer de délai de livraison concret pour un modèle, car celui-ci varie fortement en fonction de l’équipement», explique Jens Ruckli.

BMW ne peut pas non plus donner d’indication générale en raison du haut degré de personnalisation des commandes des clients. Chaque garagiste clarifie la situation individuellement avec le client et adapte la configuration en fonction, si le délai d’attente devient trop long. Rien que chez Mercedes, cela prend actuellement un peu plus de temps: celui qui commande aujourd’hui le modèle le plus vendu actuellement – la Classe A – doit attendre jusqu’à la fin de l’été, c’est-à-dire sept à huit mois.

Quelqu’un tire-t-il son épingle du jeu?

Seul Subaru semble pouvoir donner des indications précises à l’heure actuelle: «Lorsqu’un client commande un nouveau véhicule, Subaru peut lui annoncer assez précisément la date de livraison et la respecter», explique Peter Bucher de Subaru Suisse. Chez Polestar, la filiale de Volvo, les voitures arrivent chez le client après un délai relativement court de six à douze semaines. Audi livre son modèle le plus vendu, le Q3, dans un délai de deux à trois mois. Chez Citroën, le ton est tout aussi détendu: l’entreprise a simplifié son offre et peut garantir un délai de livraison de deux mois pour les modèles les plus vendus.

De manière générale, on peut dire que les acheteurs de voitures électriques ont de meilleures cartes en main pour obtenir leur voiture à temps ou avec un retard minime. Les véhicules électriques sans émissions réduisent les émissions de CO2 du parc automobile et diminuent ainsi le risque de pénalités de CO2. C’est pourquoi ils sont construits en priorité lorsque des puces sont disponibles. Il en va de même pour les modèles haut de gamme avec de nombreuses options d’équipement, dont la marge financière élevée est intéressante pour les constructeurs. Ainsi, chez Audi, les modèles haut de gamme comme la R8, les versions sport RS et le modèle électrique E-Tron GT sont livrables sans restriction, options comprises.

Y a-t-il des restrictions sur les voitures livrées?

Ces derniers mois, les analystes de la branche ont régulièrement colporté que les constructeurs avaient assemblé des véhicules incomplets en raison de l’absence de puces, à tel point que les voitures étaient livrées sans ces pièces et qu’elles étaient équipées ultérieurement gratuitement. Ce n’est pas le cas en Suisse: aucun importateur ne livre de voitures incomplètes, ne serait-ce que pour des raisons de sécurité. Il n’y a que chez Toyota que certains exemplaires du monospace commercial Proace ont d’abord été livrés sans pièces de commande au volant, parce que cela ne posait pas de problème en termes de sécurité.

Porsche et Audi ont certes réussi à maintenir une production flexible et fluide, mais ont dû parfois livrer des voitures neuves sans double de clé. Selon la porte-parole de Porsche, Inga Konen, celle-ci n’est pas «décisive pour la plupart des clients» et sa livraison ultérieure ne représente pas un problème pour la sécurité et la fonctionnalité d’un véhicule. Chez Citroën, seul 1% des voitures livrées en 2021 ont dû être équipées ultérieurement d’équipements mineurs.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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