La course au Conseil fédéral est très ouverte
À l'UDC, l'épouvantail Hans-Ueli Vogt rebat les cartes

Qui a dit que la succession d'Ueli Maurer ne serait pas passionnante? Derrière Albert Rösti, la deuxième place sur le ticket UDC est très disputée entre Werner Salzmann et Hans-Ueli Vogt. Le second nommé est en train de réussir une spectaculaire remontée.
Publié: 15.11.2022 à 12:13 heures
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Dernière mise à jour: 15.11.2022 à 12:14 heures
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Qui devrait succéder au sortant Ueli Maurer au Conseil fédéral pour l'UDC?
Photo: keystone-sda.ch
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Daniel Ballmer et Ruedi Studer

Après des semaines d'échauffement, c'est vendredi que les choses sérieuses commencent dans la succession d'Ueli Maurer. Le groupe parlementaire de l'UDC est attendu à Hérémence, en Valais. C'est dans cette commune de 1300 âmes en contrebas du barrage de la Grande Dixence que le parti doit décider de la composition de son ticket.

Le comité directeur du groupe parlementaire a décidé lundi que le ticket serait composé de deux noms, suivant ainsi le préavis de sa commission de recherche de candidats. En ce qui concerne le premier, il n'y a pas de surprise: Albert Rösti apparaît toujours comme inamovible. «Impossible de passer à côté de lui», affirme-t-on en chœur dans les rangs de l'UDC. Le Bernois semble avoir particulièrement la cote chez les Romands.

L'UDC zurichoise en campagne

Le vrai intérêt de cette première phase réside dans la lutte pour le deuxième ticket. Et elle s'annonce passionnante! Le conseiller aux États bernois Werner Salzmann se livre un duel au coude à coude avec l'ancien conseiller national zurichois Hans-Ueli Vogt.

Entré tardivement dans la danse, le second nommé aurait l'avantage, selon une petite enquête menée par Blick. L'UDC zurichoise serait en train de faire du lobbying auprès des représentants de Suisse orientale pour assurer suffisamment de voix à son candidat pour une qualification à l'étape suivante. De nombreuses voix du parti estiment que le professeur de droit de 52 ans représenterait un complément idéal au favori Rösti.

D'un côté, Albert Rösti, campagnard d'un canton qui reçoit dans la péréquation financière. De l'autre, Hans-Ueli Vogt, citadin de l'un des cantons qui donnent le plus. Il y a aussi un paramètre stratégique: ce ne serait pas idéal que la plus grande section UDC du pays, celle de Zurich, ne soit pas représentée sur le ticket, à quelques mois des élections cantonales.

Werner Salzmann «trop militaire»?

Hans-Ueli Vogt ne partait pourtant pas avec les faveurs du pronostic. N'avait-il pas quitté avec fracas le Conseil national, déclarant qu'il ne se sentait pas à sa place, «comme un joueur de tennis sur un terrain de football»? «S'il devient conseiller fédéral, il va bien devoir s'entendre avec nous, les joueurs de football», ironise un parlementaire. «Pour le poste le plus important, il réapparaît...», persifle un autre.

Attention toutefois à ne pas sous-estimer Werner Salzmann. Ce fin stratège militaire sait parfaitement négocier une mission. Et il jouit d'une bonne réputation auprès de ses collègues du Conseil des États, tout comme chez les partisans de la ligne dure au niveau sécuritaire dans son parti.

Mais il a un gros défaut: le fait qu'il soit Bernois, comme Albert Rösti. De l'avis de beaucoup, deux Bernois, c'est un de trop. Le fait que Werner Salzmann se positionne un peu trop comme un repreneur potentiel du Département de la défense en décourage d'autres. «Le DDPS nous collerait éternellement à la peau», s'inquiète un parlementaire. L'UDC avait réussi à s'en défaire avec l'élection de Viola Amherd (Centre), après des années de mainmise. Les stratèges du parti visent plutôt le DETEC, devenu clé avec la Stratégie énergétique 2050, notamment.

Et si la gauche...?

Au sein du comité du groupe parlementaire, la limitation à un ticket à deux a bénéficié d'une majorité claire. S'il n'est pas exclu qu'une proposition pour inclure les trois favoris soit faite, elle n'aurait pas beaucoup de chance.

Quid des deux autres candidats, d'ailleurs? Tant la conseillère d'Etat nidwaldienne Michèle Blöchliger que son homologue zougois Heinz Tännler ne semblent pas en mesure de se glisser in extremis sur le ticket. La première a terni sa réputation avec son mensonge sur sa nationalité britannique, tandis que l'autre n'a pas de réseau à Berne.

Certains tentent toutefois de soutenir la candidature de Heinz Tännler pour... offrir à Albert Rösti les meilleures chances d'être élu. Ils craignent qu'Hans-Ueli Vogt fasse un important lobbying auprès de la gauche d'ici au 7 décembre et qu'il souffle le siège au favori bernois.

Mais cela semble être une minorité. La majorité des personnes interrogées partent du principe qu'Albert Rösti sera élu par le Parlement dans trois semaines, quelques minutes après l'élection qui décidera de la succession de Simonetta Sommaruga. Jouée, la course? À en croire un parlementaire, oui: «Mettez qui vous voulez à côté d'Albert Rösti, cela n'a pas d'importance.»

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