En 2022, la Suisse comptait 278 établissements hospitaliers, cliniques spécialisées dans la rééducation et la psychiatrie comprises. Les 101 hôpitaux généralistes représentaient environ un tiers de la totalité des institutions.
Cette forte densité d'hôpitaux ne cesse de préoccuper les élus. La planification est actuellement du ressort des cantons, mais la pression sur les hôpitaux augmente au vu de la hausse des coûts de la santé. Une concentration plus accrue est nécessaire, notamment en ce qui concerne la médecine de pointe coûteuse.
Le président du Centre Gerhard Pfister avait déjà émis l'idée de lancer une nouvelle initiative populaire après l'échec de celle sur le frein aux coûts. Une des alternatives serait d'amener les cantons à plus de coordination avec une «planification suprarégionale des soins de santé».
Sur les hôpitaux
La Confédération doit agir
L'élu centriste n'est pas le seul à vouloir intervenir dans la planification hospitalière. Lors de la session d'été, plusieurs interventions ont été déposées pour s'attaquer au paysage hospitalier. Le conseiller national Vert'libéral Patrick Hässig veut que la Confédération prenne les commandes. Les cantons doivent rester impliqués – mais c'est à la Confédération de prendre les décisions finales.
«Une spécialisation ciblée des hôpitaux serait alors possible, argue Patrick Hässig. Certaines prestations seraient proposées sur un nombre réduit de sites, ce qui permettrait de réduire les coûts tout en améliorant la qualité.» Des conseillers nationaux du Centre, du Parti socialiste (PS), du Parti libéral-radical (PLR), des Vert'libréaux et des Vert-e-s ont cosigné la motion.
Pour «une offre hospitalière efficace»
De son côté, le conseiller national du Centre Christian Lohn s'insurge contre la «structure hospitalière dispersée et inefficace». Il demande au Conseil fédéral de proposer un concept «pour une offre hospitalière efficace». Le gouvernement doit s'assurer que toutes les régions et parties de la population bénéficient d'une prise en charge hospitalière uniforme. La Confédération devrait également veiller à ce que le personnel et l'infrastructure disponibles soient utilisés de manière optimale.
Au vu des difficultés financières de certains hôpitaux, son collègue de parti Thomas Rechsteiner veut savoir comment le Conseil fédéral évalue les risques de l'offre excédentaire actuelle – et quelles seraient les mesures nécessaires pour introduire une planification hospitalière intercantonale.
Le socialiste Sarah Wyss veut des mesures
La conseillère nationale PS Sarah Wyss avait déjà demandé au gouvernement de faire des propositions pour une «meilleure planification hospitalière intercantonale». Selon elle, il faudrait aussi examiner la possibilité de créer de grandes régions sanitaires, voire une planification nationale.
Mais l'élue bâloise enfonce des portes ouvertes. La Confédération insiste depuis longtemps déjà sur une coordination élargie des cantons. Depuis deux ans, ces derniers sont tenus de prendre en compte la planification hospitalière au-delà des frontières cantonales. La conseillère fédérale en charge de la Santé Elisabeth Baume-Schneider compte donc examiner cette thématique de plus près.
Le nombre d'hôpitaux est passé de 200 à 100
Cette pression croissante fait également tiquer les cantons, qui ne sont pas près de se laisser faire. La Conférence des directeurs de la santé (CDS) dément les accusations à son encontre concernant son soi-disant manque d'action: «Le paysage hospitalier est en pleine évolution: le nombre d'hôpitaux est passé de 200 à 100 au cours des 25 dernières années, rappelle Tobias Bär, porte-parole de la CDS. En comparaison pluriannuelle, les prestations hospitalières stationnaires croissent moins fortement que les autres domaines.»
Les cantons doivent organiser le paysage hospitalier de manière à ce qu'il fonctionne également en cas de crise ou de catastrophe, souligne-t-il. Selon lui, de nombreux exemples de collaboration étroite entre les cantons en matière de planification hospitalière existent déjà. «La question de savoir si et comment la collaboration au-delà des frontières cantonales peut encore être renforcée est un sujet de discussion au sein de la CDS», précise encore Tobias Bär.