Sur les routes genevoises, pour les cyclistes, «rien n’a changé en quarante ans, j’ai autant peur de rouler en vélo en 2023 qu’à mon adolescence», s’indigne la cheffe de groupe des Vert-e-s genevois Marjorie de Chastonay. Contactée par Blick pour parler du cinquième décès lié à la circulation routière au bout du Léman cette année, l’écologiste pousse un coup de gueule sur nos plateformes.
De quoi parle-t-on? Dans la nuit du vendredi au samedi 22 juillet, peu avant 2h, «un véhicule automobile a violemment heurté une cycliste de 31 ans, qui est décédée sur les lieux», détaille le Ministère public dans un communiqué.
Selon les premiers éléments de l’enquête, c’est un «rodéo routier» qui aurait causé le choc mortel. Deux automobilistes «se sont lancés dans une course à la hauteur du quai du Mont-Blanc, qu’ils ont poursuivie sur le quai Wilson et la route de Lausanne, jusqu’au choc fatal avec la cycliste, qui traversait la route de Lausanne», d’après les éléments communiqués par le pouvoir judiciaire. Selon des informations de la «Tribune de Genève», la Mercedes à l’origine du choc «a mis près de 100 mètres à s’immobiliser».
Le conducteur qui a heurté la cycliste est d’ores et déjà poursuivi pour meurtre par dol éventuel. L’autre pour homicide par négligence. Tous deux devront également répondre de violation fondamentale des règles de la circulation routière. Ils ont été entendus une première fois par la première procureure Olivia Dilonardo hier. D’après le journal genevois, la magistrate «a saisi le Tribunal des mesures de contrainte d’une demande de mise en prévention provisoire des deux automobilistes». Ces derniers bénéficient de la présomption d’innocence.
Pour endiguer les accidents fatals du genre, Marjorie de Chastonay défend une idée qui risque de faire grincer des dents à plus d’un élu de droite: mettre du 30km/h dans tous les centres urbains, un point c’est tout. Interview à chaud.
Marjorie de Chastonay, Genève est dans le top 5 des cantons suisses qui comptent le plus d’accidents de la route «avec victimes», d’après les dernières statistiques fédérales. Comment expliquer cette situation?
Par le manque de pistes cyclables sécurisées, entre autres. Il y a encore beaucoup trop de points noirs à travers le canton, des routes ou des carrefours particulièrement dangereux. Étant moi-même cycliste, je peux l’affirmer: quand on fait du vélo au centre de Genève et alentours, on se sent vraiment en danger. Lorsque je passe au carrefour de la Servette, par exemple, je tremble de peur en espérant qu’une voiture ou un camion ne me touche pas.
La Ville et le Canton de Genève se sont souvent engagés pour la mobilité douce. Mais les accidents, à l’image de ce rodéo routier qui a causé un décès, ne donnent pas vraiment envie d’emprunter les routes de la Cité en deux-roues…
Exactement! Des efforts pour instaurer la mobilité douce sont faits, certes, mais toujours à moitié. Il nous faut désormais aller au bout des choses, malgré les pressions des lobbys automobilistes et de la droite.
Ça veut dire quoi, «aller au bout des choses»?
Je milite à fond pour une limitation de la vitesse des véhicules au centre de Genève: pour que les cyclistes arrêtent de mourir, il nous faut du 30km/h partout en Ville, jour et nuit!
La limitation de vitesse, c’est un sujet très sensible à Genève, ville frontalière où beaucoup vont travailler en quatre-roues…
Et pourtant, un ralentissement général profiterait à tout le monde, je pense. Mais il faudrait aussi mettre en place des mesures de sécurité supplémentaires sur les pistes cyclables, comme des balises ou des barrières, par exemple. Afin d’éviter que les voitures ne puissent déraper sur ces dernières. Surtout sur les grands tronçons comme la Route de Lausanne. J’ai l’impression que, à ce niveau, rien n’a changé en quarante ans: j’ai autant peur de rouler en vélo en 2023 qu’à mon adolescence.