C'est une semaine de vérité pour la place financière suisse et nombre de ses employés: Julius Baer, UBS, Vontobel et la Banque cantonale de Zurich présentent leurs résultats annuels 2024. Dans le cas de Julius Baer, 400 suppressions d'emploi ont été annoncées lundi et les effectifs de la direction ont été drastiquement réduits, malgré un bénéfice en nette hausse.
Du côté d'UBS, qui communiquera mardi, des suppressions d'emplois sont d'ores et déjà actées. L'intégration de Credit Suisse entraînera ainsi la disparition de quelque 3000 postes. Mais on ne sait toujours pas quand les anciens banquiers de Credit suisses et les collaborateurs d'UBS recevront leur lettre.
Des employés épuisés chez UBS
D'ailleurs, certains employés de la banque racontent volontiers qu'ils attendent plus que tout leur licenciement, lequel viendrait mettre fin pour de bon à une longue période d'incertitude. D'autres personnes se disent sûres d'avoir été mal notées lors de leur entretien de fin d'année, ce qui serait dû à la nécessité de trouver un nombre suffisant de candidats au licenciement. «Je peux comprendre cela dans une certaine mesure», explique un collaborateur de longue date de Credit Suisse, «mais cela tue toute motivation».
A cela s'ajoute un autre problème. «De nombreuses personnes chez UBS sont soumises à une forte pression. En plus du travail normal, il y a aussi beaucoup de tâches d'intégration à effectuer. Beaucoup sont épuisés», déclare Natalia Ferrara, membre de l'Association du personnel bancaire.
Pourtant, UBS devrait clôturer l'année 2024 avec un bénéfice estimé à plus de quatre milliards de dollars. Les pertes enregistrées en 2023 étaient dues aux coûts élevés de la restructuration de la banque après le rachat de Credit Suisse.
Il sera intéressant de voir comment la banque envisage l'avenir: quels objectifs UBS se fixe-t-elle pour 2025 et, surtout, comment se déroulera l'intégration de Credit Suisse? Le processus devrait commencer à la fin du printemps, avec la migration des clients suisses de Credit Suisse vers les plates-formes d'UBS. Ce processus très complexe devrait être achevé d'ici à la fin de l'année 2026.
Qu'apportent réellement les nouveaux conseillers à la clientèle?
D'autres banques doivent également digérer les conséquences du naufrage de Credit Ssuisse: «Julius Bär ou la Banque cantonale de Zurich constituent un point de chute pour les anciens conseillers à la clientèle de Credit Suisse ou d'UBS», explique Daniel Bosshard, analyste bancaire à la Banque cantonale de Lucerne.
Mais selon lui, cette migration n'est pas sans danger. «Le problème, c'est que tous les nouveaux conseillers à la clientèle ne peuvent pas répondre aux attentes placées en eux, poursuit Daniel Bosshard. La question qui se pose alors rapidement pour une banque est la suivante: 'Amener avec soi ou mettre à la porte?'»
Ces dernières années, Julius Bär a augmenté son personnel plus que d'autres banques. Mais la donne pourrait bien changer: «Une suppression de postes à grande échelle chez Julius Baer est probable, le nouveau CEO Stefan Bollinger l'a déjà laissé entendre lors de son discours d'investiture», explique Daniel Bosshard. Il précise: «Le problème fondamental de Julius Baer est le niveau élevé des coûts: la banque peut faire des économies au niveau du personnel ou de l'informatique.» Il est bien possible que ce début de semaine soit douloureux certains banquiers de chez Julius Bär.
En fin de semaine, ce sera au tour de la banque Vontobel, qui a également connu une année difficile, et de la Banque cantonale de Zurich (ZKB) de présenter leurs chiffres. Le résultat de la ZKB devrait être satisfaisant et aucune inquiétude particulière ne semble régner au sein de la plus grande banque cantonale du pays. Il sera intéressant de voir comment celle-ci s'est comportée dans un contexte de baisse des taux d'intérêt, d'autant plus que les taux d'intérêt négatifs sont à nouveau entrés dans le domaine du possible en Suisse.