Quiconque surfe sur internet avec un téléphone portable à l'étranger peut rapidement recevoir une facture salée. L'ordonnance révisée sur les télécommunications du 1er juillet était pourtant censée mieux protéger les citoyens suisses contre les coûts exorbitants de l'itinérance. La surprise a donc été de taille pour de nombreux clients de l'opérateur télécom Salt au retour des vacances d'été.
«Après les vacances, nous recevons toujours de nombreuses plaintes concernant des factures d'itinérance élevées. Cette année, ce sont presque exclusivement des clients de Salt qui se sont manifestés», explique Sara Stalder responsable de la Fondation pour la protection des consommateurs. Elle accuse l'entreprise de s'enrichir: «Salt devrait enfin cesser d'arnaquer ses propres clients en matière d'itinérance et se conformer aux réglementations en vigueur.»
L'itinérance soudainement 295 fois plus chère
La critique est explosive, d'autant plus que depuis le mois de mai, le chef de Salt n'est autre que Marc Furrer, l'ancien dirigeant de l'Office fédéral de la communication (OFCOM) de 1992 à 2005. Il a ensuite présidé la Commission fédérale des communications (Comcom) jusqu'en 2016. Furrer est donc passé du statut de superviseur et de régulateur des géants des télécommunications à celui de président du conseil d'administration de Salt. Est-il devenu au passage un arnaqueur, lui qui est censé connaître toutes les règles?
Du point de vue de l'Alliance des organisations de protection des consommateurs de tout le pays, la réponse est oui: Marc Furrer arnaque bien ses clients de Salt. Dans une lettre ouverte que nous avons pu consulter, ils accusent la société de télécommunications de plusieurs méfaits. Si quelqu'un n'a pas acheté de forfait de données à l'étranger ou si celui-ci a expiré, Salt utilise automatiquement le tarif dit standard, qui est 295 fois plus cher.
Le fournisseur a réfuté cette accusation lorsque nous lui avons posé la question. Seuls les clients qui n'utilisent pratiquement pas l'itinérance bénéficieraient du tarif standard.
Salt enfreint-il la loi?
Mais ce n'est pas tout: dans la lettre ouverte, l'alliance accuse Salt de ne pas avoir respecté les réglementations applicables, et ce à trois reprises. Premièrement, les forfaits de données du géant des télécommunications expirent toujours après 30 jours au lieu d'un an. Deuxièmement, les paquets de données ne peuvent être achetés à Salt que via le réseau mobile et non via le WLAN.
Troisièmement, Salt fixe la limite des frais à l'étranger à 1000 francs, ce qui est «beaucoup trop élevé» et «illégal». «La société que préside Marc Furrer n'est pas conforme à la réglementation en vigueur. C'est inacceptable», déclare M. Stalder.
Salt fait marche arrière
Interrogé par Blick, l'OFCOM a déclaré être en contact avec l'entreprise. «L'avis juridique de Salt diffère en partie de celui de l'OFCOM», confirme un porte-parole. En l'absence d'accord sur l'interprétation de la disposition, c'est un tribunal qui devra trancher en dernier ressort. L'entreprise de Marc Furrer pourrait alors payer une amende.
Confrontés à cette lettre, Salt s'est soudainement montré raisonnable sur de nombreux points. L'entreprise nous a affirmé qu'à l'avenir elle s'efforcerait de faire en sorte que tous les paquets de données soient valables un an. L'achat de paquets de données via WLAN serait également en préparation et sera possible d'ici la fin de l'année. «En ce qui concerne la limite des coûts, nous prenons en compte la suggestion et nous l'ajusterons à la baisse», promet Salt.