Lorsqu'elle commence sa journée le samedi 20 juillet, la chanteuse de variétés suisse Vanessa Grand, de Loèche (VS), a l'impression que son fauteuil roulant électrique d'une valeur de près de 30'000 francs est en train de lâcher.
Son véhicule émet des messages d'erreur durant plusieurs heures, et elle comprend que quelque chose ne va pas avec la commande du fauteuil. Après l'avoir éteint, puis rallumé, le véhicule a pu fonctionner à nouveau... pas pour longtemps.
Mais à 13h50, rien ne va plus. Le fauteuil de 180 kilos ne bouge plus d'un mètre. La femme est alors bloquée à environ 150 kilomètres de chez elle. «Joystick Error» s'affiche sur l'écran, et toutes les tentatives pour remettre l'engin en marche échouent.
Pour Vanessa Grand, qui vit avec la maladie des os de verre, c'est une catastrophe. «Je dis toujours que je ne suis pas attachée à mon fauteuil roulant, mais c'est tant qu'il roule. S'il ne fonctionne plus, alors je deviens prisonnière», dit-elle à Blick quelques jours après l'incident.
«Je me suis sentie très, très impuissante»
Vanessa Grand se retrouve donc immobilisée dans une rue du centre-ville de Fribourg. Une collègue est présente, mais elle ne parvient pas vraiment à l'aider. «Le fauteuil roulant est très lourd, presque impossible à déplacer sans l'aide du moteur», explique-t-elle.
Mais un autre problème empêche aussi la manœuvre. Une chute de la chanteuse avec le véhicule pourrait lui être fatale en raison de sa maladie. «Il n'y a pas de place pour l'erreur, souffle-t-elle. Si je perds le contrôle de mon fauteuil roulant, cela peut très mal se terminer pour moi.» La situation est très désagréable pour la femme, qui est comme scotchée sur le trottoir. Elle ne peut pas aller aux toilettes, rien. «Je me suis sentie très, très impuissante», déplore-t-elle.
Pour trouver une solution, Vanessa Grand essaie de joindre ses techniciens de rééducation, bien qu'ils soient en congé le samedi. L'entreprise ne propose pas de service de piquet le week-end, car selon la chanteuse, l'AI ne paie pas pour ce service. Pourtant, l'un des techniciens, qui connaît Vanessa Grand depuis des années, lui répond. «Il m'a dit que dans de tels cas, l'AI conseillait de contacter les organisations de secours.»
Contactée, l'AI renvoie aux fournisseurs de fauteuils roulants pour ce cas particulier. «Par le passé, certains fournisseurs proposaient un service de piquet. Mais ces offres ont été abandonnées, les coûts étaient trop élevés et la demande trop faible», écrit l'AI.
Ni la police, ni l'AI l'aident
La femme en fauteuil roulant n'a pas eu d'autre choix que d'appeler le 144. Elle raconte: «A la centrale, on m'a dit qu'on ne pouvait rien faire, qu'on ne pouvait qu'envoyer une ambulance.» On lui conseille alors plutôt d'appeler la police, car «cela revient moins cher».
Vanessa Grand compose donc le 117, mais la police ne lui apporte pas non plus d'aide. «Ils m'ont dit qu'ils ne savaient pas quoi faire, qu'ils n'avaient jamais été face à cette situation auparavant.»
Elle demande que deux policiers soient envoyés vers elle, mais la police refuse, une telle intervention «n'étant pas prévue». «J'ai toujours pensé que la police était mon amie et pouvait m'aider, mais ils m'ont laissée tomber», fulmine Vanessa Grand, qui ajoute: «Dommage que mon fauteuil roulant n'ait pas lâché au milieu du passage piéton. Si c'était le cas, la police serait certainement directement venue!»
Interrogée par Blick, la police cantonale fribourgeoise précise qu'elle «n'est pas habilitée à transporter une personne en fauteuil roulant». Elle conclut: «De plus, selon ses propres indications, la femme se trouvait sur un trottoir et n'était donc pas en danger.»
Une facture de taxi onéreuse
En dernier recours, Vanessa Grand n'a donc d'autre choix que de rentrer en taxi spécial. Après deux heures, un véhicule adapté arrive enfin sur place. Mais le trajet de retour en Valais est coûteux: elle paie 750 francs. «Je n'avais pas d'autre choix», déplore la chanteuse.
Ce qui est particulièrement amer pour la femme en fauteuil, c'est qu'elle craint de ne pas être remboursée, car il n'existe tout simplement pas d'assurance pour ce genre de cas. «Avec une rente AI d'environ 1200 francs par mois, c'est très lourd», dit-elle.
Pour Vanessa Grand, l'affaire n'est donc pas encore close. Elle demande qu'il y ait un service de piquet de l'AI pour de tels cas. «Après tout, le fauteuil roulant appartient à l'AI et pas à moi, conclut-elle. Chaque vache est déplacée de l'alpage sans problème, mais moi, on me laisse sans défense dans la rue. C'est inacceptable.»