Images sexistes et racistes
Virée de Genève Aéroport pour avoir dénoncé un groupe WhatsApp obscène

Une employée de Genève Aéroport a été licenciée pour avoir dénoncé des envois d'images à caractère sexuel dans un groupe WhatsApp professionnel. Les personnes qui échangeaient ces images ont été blanchies par une enquête interne, mais cette dernière est contestée.
Publié: 20.01.2023 à 14:15 heures
L’Aéroport de Genève qui est le théâtre d’échanges de messages problématiques, comme le révèle la «Tribune de Genève». Une employée a en effet dénoncé des envois d’illustrations sexistes et racistes sur un groupe censé être professionnel. (Image d'illustration)
Photo: keystone-sda.ch
Daniella Gorbunova

Tout le monde – ou presque – a déjà utilisé WhatsApp à des fins professionnelles. Mais ça ne tourne pas toujours bien: régulièrement, des affaires de discussions problématiques, dans des cadres pourtant censés rester professionnels, déferlent en une des médias. Comme la fois où le conseiller national Christian Lüscher a dérapé par messages, traitant ses collègues de «bougne» ou encore de «femelles» qui devraient retourner «faire la poussière» sur un groupe de discussion parlementaire.

Aujourd’hui, c’est l’Aéroport de Genève qui est le théâtre d’échanges de messages problématiques, comme le révèle la «Tribune de Genève». Une employée a en effet dénoncé des envois d’illustrations sexistes et racistes sur un groupe censé être professionnel, dès 2019. Une procédure pénale, puis une enquête interne ont été ouvertes. Elles ont toutes deux abouti à une non-entrée en matière. Mais l’enquête interne, effectuée par une ancienne juge mandatée, est aujourd’hui contestée.

Ce qui n’a pas empêché l’employée en question de se faire licencier pour avoir dénoncé la chose. Motif: «rupture du lien de confiance», pour avoir «injustement accusé ses collègues», d’après une lettre envoyée par l’Aéroport, que la «Tribune de Genève» s'est procurée.

Rembobinons. La femme à l’origine de la dénonciation est employée depuis 2007. Elle tente de faire revaloriser son poste depuis des années, puis elle se retrouve en congé maladie pendant plus d’un an. Quand elle revient de cet arrêt de travail, très vite, elle veut changer de service, invoquant un climat hostile, écrit le média genevois.

C’est là que l’employée révèle l’existence d'un groupe WhatsApp entre collègues, où sa cheffe est également présente, et «où sont échangées des images à caractère raciste et sexiste», comme l'explique son avocate. Peu de temps après cette première interpellation, la hiérarchie lui fixe un autre entretien, puis annonce la suppression de son poste…

«À partir de 2020, les 2002 seront majeures»

Mais de quoi parle-t-on, exactement? La «Tribune de Genève» n’a pas publié lesdites images, qu’elle affirme avoir «consultées». Mais en offre quelques descriptions.

Commençons par le sexisme: parmi les illustrations problématiques, on retrouve par exemple le partage de dessins d’un couple en train de pratiquer l’acte sexuel, celui d’une mère dite «célibataire» en train de prendre des poses suggestives, des comparaisons de poitrines féminines. Ou encore une photo de deux jeunes femmes dénudées, avec la mention «À partir de 2020, les 2002 seront majeures», écrit le média du bout du lac.

D’autres échanges d’images tournent en dérision certaines nationalités, dont les Portugais ou les Chinois. Les membres du groupe WhatsApp ont également moqué les personnes souffrant de handicap.

Obligé d’effectuer lui-même une dénonciation pénale à la suite de la dénonciation de l’employée, l’Aéroport reçoit de la justice une décision de non-entrée en matière. Le tribunal ayant conclu à l’absence d’images «à connotation sexuelle ou raciste»… Pénalement répréhensibles, du moins.

Planquer l’affaire sous le tapis?

Le syndicat SSP, qui défend l’employée, ainsi que son avocate Me Laïla Batou, contestent les conclusions de l’enquête interne, et déplorent la manière dont les dénonciations ont été traitées. Pour eux, le Ministère public n’aurait pas dû être saisi.

Jamshid Pouranpir, secrétaire syndical, explique dans les colonnes du média genevois: «Nous n’avons jamais dit qu’il y avait des images pédopornographiques qui étaient problématiques du point de vue pénal. L’employée n’aurait pas dû porter plainte, seule, lorsqu’elle se trouvait au poste de police. Dès ses dénonciations, on a essayé de la mettre de côté.»

L’avocate saisira la Commission de recours de l’Aéroport. La direction de Cointrin ne fait quant à elle aucun commentaire, tout en contestant le motif et les circonstances du licenciement (pourtant documentés dans un courrier que s'est procurée la «Tribune de Genève»), ainsi que le bien-fondé des accusations. Alors même que, en 2019 en Ville de Genève, par exemple, un agent municipal avait été licencié pour avoir été grossier sur WhatsApp…

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