Pour l’UDC, les opposants aux mesures sanitaires ont été un cadeau lors de la crise du Covid-19. Mass-voll, les amis de la Constitution, les Freiheitstrychler… Le parti de droite a su profiter de l’engagement de ces mouvements nés lors de la pandémie de Covid.
Mais aujourd’hui, le vent a tourné. Lors des élections fédérales d’octobre prochain, les opposants aux mesures veulent se présenter dans des dizaines de cantons, avec leurs propres listes. «Nous avons l’espoir d’obtenir plus qu’un siège», explique Patrick Jetzer, président de Aufrecht Schweiz. Le mouvement Mass-Voll annonce qu’il présentera des candidats dans près de la moitié des cantons.
A l’UDC, on s’inquiète. Même si, selon le dernier baromètre électoral, le parti progresse, il craint que ces groupements ne lui fassent perdre des voix.
Les Vert-e-s pourraient perdre des voix
Marcel Dettling, directeur de campagne de l’UDC, parle d’un «nuage sombre» qui s’amoncelle dans le ciel. «Avec leur stratégie, ils font le plus de mal à ceux dont ils sont, en fait, les plus proches», s’irrite le conseiller national schwytzois. Il se réfère aux derniers résultats des élections cantonales: dans les cantons où les coronasceptiques se sont présentés avec leur propre liste, ils ont obtenu de moins bons résultats que dans les cantons sans liste de ce type.
Le politologue Michael Hermann s’attend lui aussi à ce que les opposants aux mesures nuisent à l’UDC. Le directeur de l’institut de sondage Sotomo pense que les Vert-e-s devraient également perdre des voix issues des milieux critiques envers la vaccination, mais dans une moindre mesure. Il part aussi du principe que les coronasceptiques sont justement des personnes qui n’ont pas voté jusqu’à présent ou plutôt pour les listes de petits partis.
Un des premiers bénéficiaires de cette tendance pourrait être l’UDF chrétienne-conservatrice. Aufrecht Schweiz aspire à des apparentements de listes avec l’UDF dans plusieurs cantons. En Thurgovie, l’accord est déjà fixé, à Zurich, une déclaration d’intention aurait été signée. Dans le canton de Berne, l’alliance se profile.
En règle générale, les apparentements de listes profitent surtout au parti qui a le plus d’électeurs – dans la plupart des cas, il devrait s’agir de l’UDF. Les voix pour les deux listes électorales sont d’abord additionnées afin de déterminer la répartition des sièges. Ce n’est qu’ensuite que les sièges sont répartis entre les différentes listes.
En discussion avec l’UDC
Mais la plus grande menace pour les opposants aux mesures sanitaires vient de leur propre camp. Les différents groupes se sont brouillés entre eux. Au lieu de présenter une liste commune de candidats, les différents groupes se présentent séparément. Il n’est même pas certain que l’on puisse se résoudre à des apparentements de listes. Si ce n’est pas le cas, ils se cannibaliseront eux-mêmes.
Alors que Aufrecht Schweiz veut s’associer à l’UDF, Mass-Voll serait actuellement en discussion avec l’UDC. Le responsable national de la campagne électorale de l’UDC, Marcel Dettling, affirme que l’on a recommandé aux partis cantonaux de chercher le dialogue. Finalement, le meilleur moyen pour éviter que les coronasceptiques ne leur volent des voix.
Mais le parti qui pourrait faire de la résistance – et pas seulement à Zurich – c’est le PLR. L’UDC a déjà décidé de s’allier avec lui dans plusieurs cantons. Et résistance, il y aura, du moins dans l’aile gauche des radicaux si les électeurs du PLR venaient à devoir soutenir Nicolas Rimoldi, figure des coronasceptiques, par leur vote.
