Ils s'en prennent aux Trychler
Sur les réseaux sociaux, la revanche des provax

Face à des coronasceptiques très bruyants, les partisans de la loi Covid sont restés silencieux jusqu'ici. En Suisse alémanique, des citoyens essaient de faire changer cela en utilisant les réseaux sociaux, Twitter en tête.
Publié: 12.11.2021 à 12:05 heures
Cette photo fait le tour de Twitter. Elle montre les cloches emblématiques des Freiheitstrychlers posées sur le sol de la gare centrale de Zurich.
Photo: Twitter
Daniel Kestenholz

Existe-t-il une majorité silencieuse favorable à la loi Covid? C’est ce que montrent les sondages, qui donnent une large avance au texte soumis au vote le 28 novembre et attaqué par référendum. Pourtant, sur les réseaux sociaux, le «bruit» des coronasceptiques pourrait parfois donner l’impression contraire.

«En Suisse, une opinion bruyante n’est pas plus légitime ou ne mérite pas plus de considération qu’une opinion discrète», attaque le vice-président du PLR Philippe Nantermod, opposé par «Le Nouvelliste» au conseiller national UDC Jean-Luc Addor. «Manifester est un droit démocratique, mais certains en font un usage excessif et l’on assiste désormais à des dérapages réguliers, dans les propos et dans les faits», poursuit le conseiller national chablaisien.

Il faut dire que les «antivax», comme certains les appellent, ne lésinent pas sur les moyens: les manifestations (autorisées ou non) ont été nombreuses ces dernières semaines, et les faits et gestes du camp référendaires sont très suivis par les médias. Alors que l’autre camp, jusqu’ici, n’avait pas encore fait parler de lui.

«Mieux vaut boire du thé»

Sur Twitter, la «riposte» a commencé en début de semaine. Le hashtag «Trychlergrounding» (littéralement: «les Trychler mis à terre») s’est retrouvé l’un des plus utilisés dans notre pays. Une référence à une photo représentant des cloches abandonnées à la gare de Zurich, très relayée sur le réseau social à l’oiseau bleu.

Voilà qu’ils en remettent une couche. Désormais, c’est #LieberTee qui rassemble des milliers d’occurrences sur Twitter. Un pied de nez aux coronasceptiques, dont le slogan «Liberté!» est le plus audible dans les manifestations. Les internautes sont invités à prendre le contre-pied et à publier une photo d’eux avec une tasse de thé («Lieber Tee» signifie «Mieux vaut du thé», en allemand). Le mot-dièse a rassemblé plus de 10’000 contributions rien que jeudi. Les utilisateurs ont publié beaucoup de selfies.

Vaccinés pris en otage?

Cette (modeste) révolte en ligne atteste du désamour progressif pour les sceptiques du Covid, en particulier les «Freiheitstrychler». Ceux-ci ont d’ailleurs franchi une ligne rouge aux yeux de beaucoup d’experts et d’observateurs en publiant une vidéo avec des références claires à QAnon et autres partisans d’un complot mondial.

Le sabotage présumé des concerts donnés dans le cadre de la Semaine de la vaccination a également fait couler beaucoup d’encre. La chanteuse Stefanie Heinzmann s’est dite affectée par cette action. «Je n’aurais jamais pensé qu’il y aurait une telle malveillance», a-t-elle déclaré en référence à la réservation massive de billets (gratuits) par des personnes n’ayant aucune intention d’y assister. Des revendications ont été faites dans certains groupes Telegram.

La photo des cloches sur le sol de la gare de Zurich a été très partagée en ligne, le plus souvent avec ce commentaire: «Une petite partie de la population refuse de contribuer à la solution, prenant ainsi ses concitoyens en otage.»

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Le média allemand «Der Spiegel» rapporte que la résistance au vaccin et aux mesures protectrices contre le Covid est «particulièrement féroce en Suisse».

De son côté, l'«Aargauer Zeitung» se demande si les opposants à la loi Covid ne vont pas se radicaliser ces prochaines semaines. Des actions de perturbation ont été récemment menées lors des campagnes de vaccination dans les écoles. «Les détracteurs des mesures Covid prennent des photos et des vidéos», explique un fonctionnaire.

(Adaptation: Adrien Schnarrenberger)


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