Ils n'engagent personne
Nos élus au Parlement reçoivent une sacrée somme pour des assistants fantômes

Plus de la moitié des membres du Parlement n'emploient pas de collaborateurs personnels, mais reçoivent quand même un budget pour, selon une nouvelle enquête.
Publié: 05.12.2024 à 11:16 heures
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Dernière mise à jour: 05.12.2024 à 11:28 heures
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Toute personne qui entre et sort du Palais fédéral peut engager un assistant personnel.
Photo: keystone-sda.ch
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Sophie Reinhardt

La Suisse est gouvernée par un Parlement de milice. Concrètement, cela veut dire que de nombreux parlementaires exercent encore une activité professionnelle dans la Berne fédérale. Comme cette double charge peut être difficile à assumer, ils reçoivent 33'000 francs par an, exonérés d'impôts, pour engager un assistant personnel. Cette personne peut alors répondre aux mails, tenir l'agenda ou examiner des documents importants pour les politiciens.

Une nouvelle évaluation de la maison de presse d'utilité publique Correctiv Suisse montre qu'il est rare qu'un collaborateur personnel soit engagé. Plus de la moitié des membres actuels du Conseil national et du Conseil des Etats n'emploient officiellement aucun personnel de ce type, mais empochent tout de même les 33'000 francs.

Ainsi, environ 4,5 millions de francs par an tombent dans les poches des parlementaires. Sur un mandat de quatre ans, cela représente environ 18 millions de francs d'impôts, selon les calculs de Correctiv Suisse.

Amélioration du revenu

En moyenne, un conseiller national reçoit aujourd'hui 132'500 francs par an. Pour un conseiller aux Etats, c'est 142'500 francs. Ce montant comprend le forfait mentionné pour un assistant personnel.

Il y a deux ans déjà, un rapport de l'université de Saint-Gall concluait que de nombreuses personnes sollicitaient les contributions pour les collaborateurs personnels «afin d'optimiser leur revenu sans payer d'impôts, au lieu d'employer une personne de soutien». Et ce n'est pas interdit.

Même l'un des hommes les plus riches de notre pays, Thomas Matter, se passe de personnel auxiliaire. Enfin, plus ou moins. Selon le magazine économique Bilan, la fortune du conseiller national de l'Union démocratique du centre (UDC) est estimée à 175 millions de francs. Et il emploie plusieurs assistantes. Mais il les rémunère à titre privé et elles n'apparaissent donc pas sur la liste de l'administration, a-t-il expliqué à Correctiv. Elles n'ont donc pas non plus accès aux documents du Parlement.

L'UDC renonce souvent aux auxiliaires

Il en va autrement de sa collègue de parti Magdalena Martullo-Blocher. La conseillère nationale a officiellement engagé quelqu'un pour le Palais fédéral. Mais elle est ainsi en minorité dans son groupe parlementaire. A l'UDC en particulier, nombreux sont ceux qui renoncent à des collaborateurs personnels. Selon l'enquête, seul un tiers du groupe UDC et du Centre emploie des collaborateurs personnels.

Au Parti libéral-radical (PLR), plus de la moitié utilise les frais pour autre chose, chez les Vert-e-s et les Vert'libéraux, moins de la moitié ont employé quelqu'un. Chez les socialistes, 40% reçoivent des frais bien qu'ils n'emploient pas de collaborateur personnel enregistré auprès du Parlement. La conseillère nationale zurichoise Jacqueline Badran en fait partie.

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