Les autorités italiennes ont tenté à plusieurs reprises d'interroger Günther S.*, ce néonazi suisse qui a agressé des automobilistes dans une station-service italienne samedi dernier. Mais à chaque rencontre prévue avec le juge d'instruction, l'homme n'était pas en mesure de répondre aux questions et se montrait très agressif. Mardi, la situation s'est envenimée à la prison de Verbania, au bord du lac Majeur.
Le Thurgovien s'en serait également pris à cinq agents pénitentiaires, les blessant à tel point qu'ils ont dû être soignés à l'hôpital, rapporte «La Stampa». Les enquêteurs estiment que l'homme possède une solide expérience des techniques de combat. Pour cette raison, Günther S. a été transféré dans une prison de Turin qui dispose d'un service psychiatrique.
Les raisons pour lesquelles ce néonazi a pété les plombs lors d'une escapade d'un week-end au bord du lac Majeur n'ont pas pu être élucidées jusqu'à présent. Günther S. était entré en Italie le 8 octobre en début de soirée par la frontière de Brissago (TI). Sa poussée de folie a commencé peu après 18h, dans les environs d'Arona. Il a percuté des voitures à plusieurs reprises sur la route et a endommagé quinze véhicules, en blessant quatre de leurs occupants.
«Je lui ai dit de lâcher son arme»
Arrivé à une station-service près de Meina, le Suisse a alors sauté de sa VW noire, torse nu. Il a visé au hasard les passants et les voitures qui s'approchaient avec un fusil et une baïonnette. Finalement, il est remonté dans son véhicule et a roulé en direction de la frontière suisse. C'est alors qu'il a perdu le contrôle de sa voiture contre une glissière de sécurité, près de Belgirate.
Lorsque les carabiniers sont arrivés, la situation s'est envenimée. Un agent l'a rapporté à «La Stampa». «Il était sur la route, le fusil à la main. Je me suis approché à sept mètres de lui. Il est resté immobile en me fixant dans les yeux. Je lui ai dit de lâcher son arme, raconte Salvatore Moscato. Puis j'ai vu le siège pour enfant qui avait été éjecté de la voiture.»
Test positif à la cocaïne
Günther S. a peut être compris qu'il ne pouvait aller nulle part, toujours est-il qu'il a posé son fusil au sol, qu'il s'est mis à genoux et qu'il s'est laissé arrêter. «Une balle se trouvait à côté du fusil, d'autres étaient éparpillées dans la rue, certaines étaient dans ses poches de pantalon», se souvient le carabinier. Dans la VW noire, les agents ont saisi d'autres munitions. Il y ont aussi trouvé une bannière avec une croix gammée et l'aigle du IIIe Reich. Le Thurgovien avait aussi sur lui quatre plaques d'immatriculation suisses volées.
Une prise de sang a été effectuée sur le prévenu. L'examen a révélé que le Suisse était sous l'emprise de cocaïne. La drogue est-elle responsable du déclenchement d'une telle folie? Même plusieurs jours après les événements, le néonazi ne s'est pas calmé. Il doit maintenant suivre un traitement psychiatrique.
* Nom modifié