Il se bat pour sa survie
«C'est de ma faute, je ne me suis pas fait vacciner»

État d'urgence dans les hôpitaux suisses. Les unités de soins intensifs débordent sous le poids de patients atteints de Covid. Ce sont principalement des personnes non vaccinées, qui regrettent (trop tard) d'avoir refusé la piqûre salvatrice.
Publié: 18.12.2021 à 10:46 heures
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Ce patient atteint du Covid lutte pour sa vie dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Lindenhof de Berne. Il regrette de ne pas s'être fait vacciner.
Photo: SRF Rundschau
Blick/ATS

Il a peur, il est désespéré. Un masque à oxygène sur le visage, un patient est allongé dans l'unité de soins intensifs de l'hôpital Lindenhof de Berne. Il a du mal à respirer. Il espère survivre au Covid et regrette d'en être arrivé là: «je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, je ne me suis pas fait vacciner. Sinon, je n'aurais peut-être pas eu ça», dit-il face aux caméras de l'émission alémanique «Rundschau».

Alors que ce patient se bat pour sa vie, Richard Wüst s'est quant à lui tiré d'affaire - à un cheveu près. Ce sénior a failli succomber au Covid, mais s'est réveillé de son coma. «Je suis très heureux d'être de retour. Je ne savais pas si j'allais revenir», confie-t-il aux journalistes de la SRF.

La maladie l'a fortement marqué. Richard Wüst s'exprime en haletant, ses mains tremblent lorsqu'il parle. Lui aussi regrette de ne pas s'être fait vacciner. Il n'aurait jamais pu imaginer que le Covid l'assommerait à ce point – il y a presque laissé sa vie. Une longue rééducation l'attend désormais. Le combat contre la mort est fini... mais celui pour retrouver son ancienne vie ne fait que commencer.

Pendant ce temps, les médecins et le personnel soignant sont à bout de souffle. De plus en plus de patients atteints de Covid affluent. Les heures supplémentaires s'accumulent, une fois de plus.

«Nous sommes à bout»

Il y a un an, on espérait que la situation change rapidement grâce aux vaccins, rapporte Andrea Müller, infirmière en soins intensifs à l'hôpital Lindenhof. Un espoir déçu. Elle s'occupe principalement de patients non vaccinés atteints du Covid. «C'est mon quotidien, ma réalité». Elle est d'autant plus frustrée que les coronasceptiques ne veulent pas croire à quel point les services de soins intensifs sont pleins, à quel point les médecins et le personnel soignant sont à la limite de leurs capacités.

C'est également le sentiment de Jan Wiegand, directeur médical de l'unité de soins intensifs du Lindenhofspital. Et il est déçu, parce que c'était un autogoal annoncé. On aurait pu éviter la situation actuelle dans les hôpitaux. Mais on n'a pas réussi à amener le taux de vaccination à un niveau suffisant.

Entre-temps, la disposition et la motivation des médecins et du personnel soignant à tout donner et à sacrifier leur temps libre n'est plus aussi grande qu'auparavant. «Nous avons moins de personnel, nous sommes à bout», déclare-t-il.

Des unités de soins intensifs occupées à 81%

Depuis le début de la pandémie, les unités de soins intensifs en Suisse n'ont jamais été autant occupées qu'actuellement. C'est ce que montre le dernier rapport de l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).

Le taux d'occupation est passé à 81%. En moyenne, 273 patients Covid ont dû y être traités, soit 15% de plus qu'une semaine auparavant. Ils ont occupé environ 40% des lits en soins intensifs disponibles, contre 35% la semaine précédente.

Actuellement, il n'existe pas encore de triage dans les hôpitaux, a fait savoir la Société suisse de médecine intensive (SSMI). Cela ne sera le cas que lorsqu'il n'y aura plus de lits de soins intensifs disponibles au niveau national. Toutefois, dans la plupart des hôpitaux, les opérations et les traitements non urgents doivent déjà être reportés.

(Adaptation par Jocelyn Daloz)

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