Malgré des épisodes de pluie au cours des deux dernières semaines, la sécheresse sévit toujours dans de nombreuses parties de la Suisse et semble devenir un phénomène annuel récurrent.
Devrions-nous dès à présent nous préparer à un été sec en 2024? Difficile à prédire. Interrogé par Blick, l'hydrologue Rolf Weingartner explique: «Les précipitations estivales ont tendance à diminuer en Suisse.» A moyen terme, il faut également s'attendre à recevoir moins d'eau provenant de la fonte des neiges et des glaciers.
Rien que l'année dernière, les glaciers ont perdu 6% de leur volume. «Cela entraîne encore aujourd'hui des écoulements d'eau très importants dans les vallées alpines», poursuit Rolf Weingartner. Mais la quantité de neige diminue également, ce qui est décisif: «La fonte des neiges représente environ 40% de l'écoulement du Rhin à Bâle. Elle est donc d'une importance significative pour l'approvisionnement des grands fleuves alpins, des lacs et des nappes phréatiques».
Un changement de mentalité s'impose
Selon l'hydrologue, il ne faudrait pas encore être alarmiste, car les précipitations hivernales, elles, augmentent. Ainsi, la quantité de pluie qui tombe en Suisse reste à peu près la même sur l'ensemble d'une année, mais elle est répartie différemment.
Cela signifie aussi que les réservoirs d'eau gagnent en importance, permettant de stocker les précipitations normalement abondantes en hiver pour les redistribuer en été. «L'eau ne deviendra un problème que si nous ne faisons rien», affirme Rolf Weingartner.
Selon lui, les solutions sont à portée de main. Il faut par exemple une planification des prélèvements d'eau en période de sécheresse: «Jusqu'à présent, le mot d'ordre était souvent d'utiliser l'eau que l'on a à disposition. Il faut changer de mentalité.» C'est pour concrétiser ce changement que les cantons sont sollicités.
Chaque canton a besoin d'une stratégie
La Confédération impose déjà aux cantons des normes spécifiques concernant l'eau potable et un grand nombre d'entre eux ont développé des stratégies spécifiques pour faire face à la sécheresse. Fin 2022, 17 cantons disposaient de plans régionaux d'approvisionnement en eau ou étaient en train de les élaborer. Dans le canton de Soleure, les distributeurs d'eau disposent de modes d'emplois sur la quantité d'eau potable à mettre à disposition des différents utilisateurs ainsi que sur la manière de se la procurer.
Saint-Gall a également pris des mesures après la canicule de l'été 2003. Les prélèvements dans les rivières où le manque d'eau avait généré des conflits ont cessé, explique-t-on à l'office compétent: «Au lieu de cela, nous avons trouvé des solutions alternafives.» Un état-major spécialisé dans la sécheresse suit l'évolution hydrique du canton en permanence.
En cas d'urgence, la Confédération intervient
Face à la multiplication des périodes de sécheresse, le Conseil fédéral a décidé l'année dernière de mettre en place un système national de détection précoce et d'alerte en cas de sécheresse. Il doit permettre aux cantons, aux communes et aux secteurs concernés comme l'agriculture, l'énergie ou la navigation de réagir à temps.
Même si l'approvisionnement en eau est du ressort des cantons et des communes, la Confédération peut apporter son aide en cas de problèmes majeurs. Elle peut par exemple lancer des appels nationaux pour économiser l'eau ou ordonner la réduction de la puissance des centrales nucléaires afin de diminuer l'impact de leur refroidissement sur la température des cours d'eau. Le Conseil fédéral peut aussi mobiliser l'armée en cas de sécheresse. Cette dernière peut par exemple apporter son aide avec ses hélicoptères pour lutter contre les incendies de forêt – comme récemment à Bitsch (VS) – ou pour transporter de l'eau sur les alpages.