Depuis quelques semaines, les nombres de cas de Covid sont en nette augmentation dans une grande partie de l’Europe. L’Allemagne et l’Autriche sont particulièrement touchées. La Suisse fait face à une situation moins dramatiques que ses voisins germanophones.
La Suisse annonçait vendredi 6169 nouveaux cas de Covid, l’Autriche 15’809, soit deux fois et demie plus. Pour l’épidémiologiste Marcel Salathé, il n’est pas question de crier victoire: «En Autriche, l’incidence du groupe de population âgée était en octobre là où elle est aujourd’hui en Suisse. Je pars donc du principe que l’évolution en Suisse est juste en retard».
Nettement moins de décès en Suisse
Un autre élément est frappant: le nombre de décès liés au Covid stagne en Suisse. En Allemagne, le ratio entre nombre de cas et la taille de la population est similaire à celui en Suisse. Le nombre de décès est toutefois au moins deux fois plus élevé chez notre voisin.
«Depuis début septembre jusqu’à mi-novembre, il y a eu peu de changements au niveau du nombre de décès», confirme l’Office fédéral de la santé publique sur demande. Mais cela ne constitue pas une garantie pour l’avenir: «Une nouvelle augmentation du nombre de décès ne peut être exclue à l’heure actuelle».
La Suisse est également mieux placée en ce qui concerne les capacités hospitalières. Les patients Covid ne représentent actuellement que 3,3% de toutes les personnes hospitalisées, 17,5% dans les unités de soins intensifs. C’est pourquoi le ministre de la santé Alain Berset et le chef des directeurs cantonaux de la santé, Lukas Engelberger, ont renoncé pour l’instant à des durcissements des mesures.
Le facteur décisif de cette situation est la vaccination. Le nombre de cas est aujourd’hui bien plus élevé qu’au printemps et en été, mais le nombre d’hospitalisations et de décès est plus faible. «Grâce à la vaccination, nous avons moins de décès, même si le nombre de cas augmente», explique l’épidémiologiste Emma Hodcroft.
Les patients à risque sont désormais mieux protégés. Le taux de vaccination chez les personnes de plus de 70 ans est supérieur à 90%. La protection vaccinale des moins de 30 ans est nettement plus faible. C’est dans ce groupe que le virus sévit actuellement le plus, mais les jeunes n’ont qu’un faible risque de se retrouver à l’hôpital.
La Suisse a misé sur les bons vaccins
En comparaison avec l’Allemagne et l’Autriche, la Suisse n’a certes pas un taux de vaccination plus élevé, mais sa stratégie de vaccination est néanmoins plus efficace. En effet, le choix du vaccin joue un rôle: en Suisse, deux tiers de la population sont vaccinés avec la substance de Moderna, un tiers avec celle de Biontech/Pfizer. Il s’agit de vaccins à ARNm, qui offrent une bien meilleure protection que les vaccins à vecteur. «Contrairement à l’Allemagne et à l’Autriche, la Suisse a systématiquement misé sur les vaccins à ARNm de Biontech/Pfizer et de Moderna», explique le médecin et analyste pharmaceutique Michael Nawarath. «Cette voie s’avère payante».
La Suisse est en outre le pays qui, avec le Chili, a la plus forte proportion de personnes vaccinées Moderna au monde. Plusieurs études semblent également indiquer que le sérum de Moderna est plus efficace que celui de Biontech/Pfizer.
(Adaptation Jocelyn Daloz)