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Le marché suisse du logement locatif évolue de manière significative: l'offre d'objets bon marché se raréfie, tandis que les offres de luxe augmentent. Tour d'horizon
Publié: 04.09.2023 à 12:30 heures
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Dernière mise à jour: 04.09.2023 à 14:07 heures
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Dans les centres, les offres de luxe se multiplient.
Photo: Getty Images
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Danny Schlumpf

Dès octobre, Une hausse des loyers de 5% touchera un million de ménages suisses. Une situation qui inquiète Caritas: «Les ménages, même ceux de la classe moyenne, vont bientôt être en difficulté». L'association des locataires (Asloca) s'alarme: «C'est une bombe sociale qui vient de frapper».

Avenir Suisse est d'un tout autre avis: ce n'est pas si grave, a annoncé mardi le thinktank libéral. Le marché immobilier fonctionne. Une «hausse durable des loyers à l'échelle nationale» ne serait pas en vue.

Ce samedi, Martin Tschirren, chef de l'Office fédéral du logement, a fait part de ses inquiétudes à Blick: l'écart entre l'offre et la demande continue de se creuser. «D'ici 2026, des augmentations de loyer de plus de 15% sont possibles.»

Le fait est que les logements bon marché sont déjà une denrée rare aujourd'hui. C'est ce que montre une nouvelle analyse de CIFI. L'entreprise de conseil immobilier a évalué pour Blick toutes les offres de logements à louer sur les portails Internet suisses – 94'700 annonces depuis début 2023.

Les offres haut de gamme augmentent

Résultat: 2820 objets sont disponibles pour un loyer mensuel brut de 1250 francs au maximum par 100 mètres carrés. Cela représente tout juste 3% de l'offre. Celui qui cherche un appartement bon marché peut tout de suite rayer 29 offres sur 30.

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Près de 40% des annonces se situent dans la fourchette de prix moyenne inférieure, entre 1250 et 2100 francs de loyer mensuel par 100 mètres carrés. Ensemble, ces deux catégories représentent 43% de toutes les annonces. En 2021, elles représentaient encore 51%.

En revanche, les offres haut de gamme jusqu'à 2900 francs, les offres jusqu'à 3750 francs et les offres de luxe plus chères encore ont augmenté. Leur part est passée de 49% à plus de 57% au cours des deux dernières années.

«Il y a de moins en moins de logements abordables dans les endroits recherchés», explique Donato Scognamiglio, président du conseil d'administration de CIFI. «Avec pour conséquence un changement de la structure de la population. Les personnes les plus pauvres et les plus âgées sont expulsées des centres et dirigées vers la périphérie.»

C'est moins le cas dans le Jura par exemple, où le loyer mensuel moyen proposé est de 1500 francs pour 100 mètres carrés. Dans les cantons de Neuchâtel, Appenzell Rhodes-Extérieures, Glaris et Schaffhouse, le logement est également encore abordable: les offres sont en moyenne inférieures à 1900 francs.

De l'autre côté du classement, on retrouve des centres économiques. Dans le canton de Genève, 100 mètres carrés coûtent 3433 francs. À Zoug, il faut compter 3167 francs – soit plus du double que dans le Jura. À Zurich, le prix moyen est de 2817 francs.

Des logements moins chers en Suisse romande

Qu'est-ce que cela signifie pour une famille de quatre personnes à la recherche d'un appartement bon marché? Pour un 4,5 pièces dont le prix ne dépasse pas 1250 francs par mois, elle trouve à peine 400 offres dans toute la Suisse. C'est dans le canton de Zurich qu'il y en a le plus, avec 76 annonces, mais une seule pour un logement en ville. Le canton de Berne compte 51 offres, dont six proviennent de la capitale. Dans la ville de Bâle, huit offres avantageuses sont sur le marché, trois à Zoug et aucune à Lucerne.

En revanche, le canton de Neuchâtel, qui compte 176'000 habitants, compte 25 offres, dont 14 pour la seule ville de La Chaux-de-Fonds. On y trouve un appartement de 125 mètres carrés pour 1200 francs, un bien de 101 mètres carrés pour 1150 francs ou un de 80 mètres carrés pour 1000 francs. Au Locle (NE), on trouve également neuf objets bon marché pour la famille.

Mais c'est Moutier (BE) qui enregistre le record du nombre de loyers bon marché: dans cette commune de 7300 habitants, on trouve 16 appartements de 4,5 pièces pour moins de 1250 francs par mois. On y trouve des 80 mètres carrés à 810 francs, des 90 mètres carrés à 1000 francs ou encore des 100 mètres carrés à 1245 francs. «Les Suisses alémaniques qui n'ont pas un portefeuille bien garni ont intérêt à apprendre le français», souligne le président de CIFI, Donato Scognamiglio.

Dans les grands centres, les familles soucieuses des prix n'ont plus leur place. La ville de Zurich est en tête de liste dans le segment cher, où il faut débourser entre 3300 et 3750 francs pour 100 mètres carrés: 1682 appartements sont proposés dans cette catégorie. A Bâle, il y a 719 biens de ce type sur le marché, à Lausanne 628 et à Genève 599.

Des prix pas réalistes pour la majorité

Avec 2455 annonces, Zurich est également en tête dans la catégorie des appartements de luxe, au-delà de 3750 francs pour 100 mètres carrés. Une offre sur trois provient de la ville alémanique. A Genève, 710 appartements de luxe sont sur le marché, à Lausanne 300 et à Bâle 254.

Ces biens pourraient donner des sueurs froides aux locataires les plus économes: à Zurich, on trouve un appartement duplex de 6,5 pièces sur 160 mètres carrés pour... 26'565 francs par mois, bien entendu. A Genève, un appartement de 11 pièces et 294 mètres carrés est disponible pour 16'000 francs. En comparaison, l'appartement lucernois en terrasse de cinq pièces sur 195 mètres carrés pour 10'000 francs ressemble presque à une bonne affaire.

De tels prix ne sont pas du tout réalistes pour la plupart des locataires. Environ un cinquième de la population suisse vit avec un revenu brut inférieur à 5000 francs. 

Tant que la demande dépassera l'offre sur le marché suisse du logement, aucune amélioration n'est en vue. Le chemin vers l'équilibre est semé d'embûches: «Nous pouvons construire plus vite et plus haut dès demain, analyse Donato Scognamiglio. Nous pouvons surélever, changer d'affectation et rendre les oppositions plus difficiles. Tout cela est possible. Mais nous devons vraiment tous le vouloir, même si cela se passe juste devant notre propre porte.»

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