Gare aux MST!
«Huit personnes sur dix me demandent un rapport sexuel sans préservatif»

Dans le commerce du sexe, la dominatrice saint-galloise Andrea Rindisbacher s'indigne du fait que de plus en plus de clients exigent des rapports non protégés. La peur des maladies sexuellement transmissibles semble s'être envolée.
Publié: 09.12.2022 à 17:33 heures
1/6
Andrea Rindisbacher, travailleuse du sexe dans le canton de Saint-Gall, est indignée par ce qui se passe actuellement dans son secteur.
Photo: Thomas Meier
Carla De-Vizzi

Après 26 années de travail dans le commerce du sexe, la Saint-Galloise Andrea Rindisbacher est choquée: ce qui se passe dans le milieu «dépasse l’entendement» et «dégénère complètement», clame-t-elle.

La travailleuse du sexe fait allusion aux nombreuses demandes inappropriées qu’elle reçoit depuis le début de la pandémie de Covid-19: «Huit personnes sur dix me demandent une fellation ou un rapport sexuel sans préservatif.» Faisant partie de la «vieille école», Andrea Rindisbacher estime que ces demandes sont un «no-go absolu».

Les MST banalisées

Mais dès qu’elle fait comprendre aux clients qu’elle n’est pas d’accord, certains se moquent, d’autres lui intiment d’accepter leur requête. L’idée est non seulement «stupide», mais aussi «dévastatrice», estime la Saint-Galloise: «La prudence à l’égard des maladies sexuellement transmissibles (MST) a brutalement diminué.»

Et la situation semble s’être aggravée depuis la propagation du Covid-19. «Je ne comprends pas que l’on banalise les MST après une pandémie», s’étonne-t-elle.

Pourquoi la peur paraît-elle diminuer? La baisse du nombre de personnes séropositives y est-elle pour quelque chose? Andrea Rindisbacher ne l’exclut pas: «Peu après l’apparition du VIH, la peur d’être contaminé était constante, également pour les clients.»

Le commerce du sexe souffre depuis la pandémie

Rebecca Angelini, directrice du bureau national de coordination et de gestion ProCoRe, l’association faîtière des centres de consultation pour les travailleurs du sexe en Suisse, observe aussi que les clients exigent davantage de pratiques qui ne sont pas en règle depuis la pandémie. ProCoRe s’occupe entre autres de la prévention du VIH et d’autres maladies sexuellement transmissibles.

Les clients se feraient rare dans ce secteur, depuis la pandémie, selon Rebecca Angelini. «Lorsque les affaires vont mal, les clients font baisser les prix ou imposent des exigences déplacées», déplore-t-elle auprès de Blick.

L’experte ne peut pas dire si certains clients sont simplement naïfs, ou s’ils doutent de l’existence des MST: «Peut-être que la prudence envers une infection a diminué de manière générale.»

Les compagnes des clients également en danger

Selon la directrice de ProCoRe, de nombreuses femmes sont contraintes d’accéder à ces exigences: «Les clients savent qu’ils obtiendront quelque part le service qu’ils demandent. Les travailleuses du sexe préfèrent donc céder plutôt que de ne pas se prostituer du tout.»

En conséquence, le risque de contracter une maladie sexuellement transmissible est plus grand. «C’est aussi le cas pour toutes les femmes dont les compagnons traînent dans les maisons closes», explique Rebecca Angelini. C’est la raison pour laquelle la Saint-Galloise veut sensibiliser les gens à ce sujet.

Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la