Faciliter le don d'organes
Un changement de système qui «sauvera des vies»

Chaque semaine en Suisse, une ou deux personnes décèdent en attendant un don d'organes. La nouvelle loi qui veut changer le système permettra de sauver des vies, a affirmé lundi à Berne un comité interpartis en vue de la votation du 15 mai.
Publié: 04.04.2022 à 13:36 heures
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Dernière mise à jour: 04.04.2022 à 13:41 heures
Le consentement présumé doit permettre d'augmenter le taux de don d'organes en Suisse. Un comité interpartis appelle à voter «oui» le 15 mai pour sauver des vies (illustration).
Photo: CHRISTIAN BEUTLER

La nouvelle loi entraîne un passage au principe du consentement présumé: toute personne ne souhaitant pas faire don de ses organes après son décès devra désormais le signaler explicitement. Aujourd'hui, c'est le principe inverse qui prévaut: un don d'organes est possible uniquement lorsqu'il y a consentement explicite, par exemple avec une carte de donneur.

«Il s'agit d'une solution pragmatique pour répondre à un besoin: augmenter le taux de dons d'organes en Suisse», a souligné la conseillère nationale Flavia Wasserfallen (PS/BE), coprésidente d'un comité qui compte des représentants de tous les grands partis. «Selon les sondages, 80% de la population suisse est favorable à un tel don. Mais trop peu communiquent leur volonté avant leur décès», regrette le conseiller national Marco Romano (Centre/TI).

Jusqu'à sept ans d'attente

En 2021, 1434 personnes étaient inscrites sur la liste d'attente. En moyenne, les personnes concernées attendent un coeur, un poumon ou un foie pendant environ un an. Le temps d'attente est d'environ trois ans pour un rein. Certaines personnes attendent plus de sept ans.

Pour le directeur général du CHUV, Philippe Eckert, «ce long temps d'attente a souvent pour conséquence que l'état de santé des patients se dégrade tellement qu'ils se retrouvent presque en fin de vie, avant de recevoir l'organe qui leur sauve la vie.» Un don d'organes peut sauver jusqu'à neuf personnes et augmenter sensiblement leur qualité de vie.

«Le principe du consentement présumé au sens large n'est pas un don d'organes automatique», a rappelé le conseiller national fribourgeois Pierre-André Page (UDC). Les personnes qui ne souhaitent pas donner leurs organes peuvent le signaler explicitement ou en informer leurs proches.

Les familles auront toujours leur mot à dire

L'entretien avec les proches tel qu'il existe actuellement est maintenu. Le consentement présumé permettra toutefois de leur faciliter la décision dans le moment éprouvant du deuil. En l'absence de déclaration de volonté du défunt, «les proches pourront refuser le prélèvement d'organes, de tissus ou de cellules s'ils pensent que cette décision correspond à sa volonté présumée», a souligné Pierre-André Page.

Si les proches parlent une autre langue ou ne sont pas au courant du consentement présumé, ils seront informés par les spécialistes et au besoin par des interprètes. En l'absence de déclaration de la personne décédée et si les proches ne sont pas joignables, aucun don d'organes ne sera effectué.

«J'ai travaillé comme jeune interne à l'Hôpital des enfants de Genève et ai été en contact direct avec les enfants en attente d’un organe, leurs parents et leurs familles. J'ai vu le professionnalisme, la dévotion du personnel, la tension liée à l'espoir, les larmes d'émotion à la sortie de l'enfant du bloc opératoire et les sourires de joie», a relaté de son côté le conseiller national vert'libéral Michel Matter (GE).

Avec la nouvelle loi, les hauts degrés de professionnalisme, de respect et d'éthique seront toujours là, a-t-il assuré. Seuls sont prélevés les organes qui peuvent être attribués à des receveurs. Toute la chaîne décisionnelle et l'ensemble des contrôles resteront toujours strictement encadrés.

(ATS)

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