Au printemps 2022, il a été révélé que la largeur du revêtement de chaussée était trop étroite sur un demi-kilomètre de l'A9. La délégation des finances des Chambres fédérales (DélFin) a alors chargé le Contrôle fédéral des finances (CDF) de réaliser un audit afin de faire la lumière sur la situation. L'erreur a depuis été corrigée et n'a pas entraîné de retards.
Problème, aujourd'hui, personne ne veut endosser la responsabilité de l'erreur. Ni le consortium d'ingénieurs mandaté par le Service valaisan de construction des routes nationales (SCRN), ni l'entrepreneur. Leurs explications sont contradictoires et ne sont pas entièrement compréhensibles, déplore le CDF dans son audit publié mercredi.
Aucune analyse complète réalisée
La cause de l'erreur pourrait provenir de la planification numérique et de la transmission des données du planificateur à l'entrepreneur ou du traitement des données numériques par ce dernier, complète le gendarme financier. Mais aucune analyse complète n'a été réalisée.
Or une telle enquête est dans l'intérêt du canton, estime le CDF. Il existe sinon un risque financier et de récidive. Car d'autres écarts entre la planification de l'autoroute et la réalisation des travaux ont été constatés. A la connaissance du CDF, il n'existe pas une vue d'ensemble sur ces problèmes d'épaisseur d'asphalte, avec leurs répercussions possibles en matière de garantie et d'entretien.
Contacté par Keystone-ATS, le chef du service valaisan de construction des routes nationales Martin Hutter affirme que depuis ce problème de largeur de chaussée «les procédures ont été adaptées et des contrôles plus réguliers du chantier mis en place».
Le consortium d'ingénieurs et l'entrepreneur ont indiqué au CDF qu'ils prévoient de facturer au maître d'ouvrage, soit le canton, les coûts engendrés par l'erreur. En juillet 2022, les coûts de l'examen et de la correction du défaut de réalisation s'élevaient à environ 410'000 francs. Pour Martin Hutter, l'erreur étant visiblement partagée, les coûts devraient l’être également. «Chacun prendra sa part».
Une «situation préoccupante»
Ce n'est pas la première fois que l'Office fédéral des routes (OFROU) et le service valaisan sont en bisbilles, rappelle le CDF, qui y voit «une situation préoccupante». Le contrôleur financier entend bien suivre cela de près et continuer d'informer régulièrement le Parlement.
Le canton du Valais n'est pas du même avis. Il estime qu'une partie de l'audit du CDF est formulée de manière «polémique» et relève de l'histoire ancienne. Cela ne permet pas de présenter une estimation objective de la situation à la Délégation des finances. Il demande dès lors à pouvoir présenter lui-même, conjointement avec l'OFROU, une évaluation sur l'état des lieux de l'achèvement de l'A9.
La Confédération finance l'achèvement du réseau entre Sierre est et Viège est à hauteur de 96%, les 4% restants sont à la charge du Valais. Le coût total est estimé à environ 4,4 milliards de francs.
(ATS)