Selon son vice-président Martin Schlegel, la Banque nationale suisse (BNS) n’exclut pas de nouvelles hausses des taux d’intérêt pour endiguer l’inflation qui continue à la hausse, rapporte Bloomberg. A 2,9% actuellement, le renchérissement en Suisse est certes faible en comparaison mondiale. Il reste toutefois «trop élevé».
Les déclarations du vice-président de la BNS semblent indiquer que l’institution tend vers un nouveau resserrement monétaire. La décision sera prise en juin, lors de sa prochaine réunion. La hausse des taux en Suisse est à la traîne par rapport à celles des Etats-Unis et de la zone euro. La raison: les réunions n’ont lieu que tous les trois mois à la BNS.
Le marché de l’immobilier résidentiel a mieux résisté à la hausse des taux d’intérêt en Suisse que partout ailleurs en Europe, car l’offre est très limitée. Néanmoins, il n’est pas à l’abri, selon Martin Schlegel. Les prix ont augmenté plus que ne le justifient les données et une correction est aussi possible en Suisse. Le marché hypothécaire et le marché des logements en propriété sont tous deux vulnérables.
L’hypothèque Saron à plus de 2,5%
Une hausse des taux d’intérêt cet été aurait des conséquences en particulier pour les propriétaires immobiliers suisses qui misent sur une hypothèque Saron. En effet, le taux Saron évolue en fonction du taux directeur de la BNS.
Alors que le taux directeur de la BNS s’élève actuellement à 1,5%, le taux Saron est fixé à 1,4%. Cette différence ne cesse de susciter des questions, car le mécanisme qui se cache derrière est très complexe. Pour simplifier: une hypothèque Saron est basée sur des transactions réelles, où le prix est déterminé par la demande et l’offre. Comme la tendance actuelle est plutôt à l’excès de liquidités sur le marché, le taux Saron a tendance à être inférieur à la valeur cible. La BNS veille toutefois à ce que cet écart reste faible.
Les propriétaires qui misent sur l’hypothèque Saron doivent actuellement supporter des frais d’intérêts d’au moins 1,84%. Il est décisif pour eux de savoir dans quelle mesure la BNS va encore relever les taux directeurs. Dans son dernier rapport sur les taux hypothécaires, Credit Suisse estimait qu’une nouvelle hausse des taux directeurs de 50 et 25 points de base aura lieu en juin et en septembre.
Dans ce scénario, le taux d’une hypothèque Saron s’élèverait au moins à 2,59% en septembre, ce qui serait plus cher que certaines hypothèques à taux fixe à l’heure actuelle. Sur la plateforme de comparaison hypotheke.ch, les hypothèques à taux fixe sur cinq ans commencent à 2,38%, tandis que l’offre la plus avantageuse pour celles sur dix ans est à 2,44%. D’autres taux d’intérêt peuvent être négociés en fonction des revenus, du montant des fonds propres et du type de bien immobilier. Pour ceux qui ne disposent pas d’une excellente solvabilité, toutefois, les coûts d’intérêts peuvent être nettement plus élevés.
«Comme nous nous attendons à un recul de l’inflation au cours des prochains trimestres, les taux d’intérêt des hypothèques à taux fixe ne devraient guère dépasser le niveau de l’automne dernier», écrit Credit Suisse dans son rapport. Les taux d’intérêt pourraient cependant remonter de 25 à 55 points de base à partir des valeurs actuelles qui sont nettement plus basses.
L’hypothèque Saron reste l’alternative la plus avantageuse
Les économistes de Raiffeisen Economic Research sont plus optimistes et ne prévoient plus qu’une seule nouvelle hausse du taux d’intérêt de la BNS en juin, à 1,75%. Selon leurs prévisions, cela devrait être le point culminant. «À l’horizon de 12 mois, nous anticipons également le taux directeur à 1,75%. Les taux des hypothèques Saron évolueront en conséquence», ajoutent les experts de cash.ch.
Pour Raiffeisen Economic Research, la propension au risque et les capacités individuelles sont déterminantes pour le choix de l’hypothèque. «Selon nos prévisions, l’hypothèque Saron reste toutefois l’alternative de financement la plus avantageuse. En particulier dans une perspective à long terme, les hypothèques du marché monétaire sont en général bien plus avantageuses que les hypothèques à taux fixe», affirment les économistes. Toutefois, il y a toujours le risque que les banques centrales aient l'obligation de continuer à augmenter leurs taux d’intérêt pour lutter contre l’inflation, si les mesures prises jusqu’à présent ne sont pas efficaces. Les propriétaires qui concluent actuellement des hypothèques monétaires doivent être conscients de ce risque, plutôt important.
«Les banques centrales n’augmentent pas les taux d’intérêt pour le plaisir, mais pour lutter contre l’inflation», explique Adrian Wenger, expert en hypothèques chez VZ Vermögenszentrum, interrogé par cash.ch. Passer maintenant d’une hypothèque Saron à une hypothèque fixe est une mauvaise décision, selon lui. Seule une personne qui s’attend à une forte hausse des taux d’intérêt le ferait. «On voit que ce n’est pas le cas à l’aplatissement de la courbe des taux», note Adrian Wenger.
Selon l’expert, ceux qui optent pour une hypothèque Saron doivent comprendre son fonctionnement – les taux d’intérêt pouvant changer rapidement. Ces propriétaires doivent idéalement tabler sur des taux à 2-3%. Ainsi, il est possible de constituer d’importantes provisions ou de rembourser l’hypothèque pendant les années où les taux d’intérêt sont bas. «Mais ceux qui ont dépensé toutes leurs économies – souvent des jeunes qui n’ont jamais fait l’expérience de taux d’intérêt élevés – se retrouvent dans une situation tendue», analyse Adrian Wenger.