Enfant poignardé à Bâle
La tueuse du petit Ilias à nouveau jugée mardi

En mars 2019, Margrit P.*, une senior souffrant de troubles psychiques, a tué le petit Ilias alors qu'il rentrait de l'école. Trois ans plus tard, la tueuse porte à nouveau l'affaire devant la justice.
Publié: 29.03.2022 à 18:34 heures
|
Dernière mise à jour: 29.03.2022 à 23:19 heures
1/8
Ilias a été poignardé le 21 mars 2019 à Bâle, sur le chemin de l'école.
Photo: Zvg

Le 21 mars 2019, il fait jour et la journée semble avoir bien commencé. Et puis, Margrit P.*, une retraitée de 78 ans, décide de poignarder Ilias, un petit garçon de 7 ans à l’aide d’un couteau.

En première instance, l’agresseuse a été condamnée à la prison. La vieille femme a toutefois fait appel de la décision, tout comme les parents d’Ilias, Samire et Valon Mahmuti. Mardi, les deux parties se rencontrent à nouveau devant le tribunal correctionnel de Bâle.

Si Margrit P. demande à être libérée, la famille Mahmuti, elle, souhaite obtenir une indemnisation ainsi qu’une réparation morale adéquate, comme l’explique leur avocat Artan Sadiku à Blick: «Le tribunal a rejeté toutes les demandes, avançant que l’accusée ne dispose pas de fortune. C’est une vaste blague!» L’avocat a ainsi déposé une plainte contre le canton de Bâle la semaine dernière afin que les parents puissent être indemnisés.

«Je n’ai pas besoin d’une psychothérapie»

De son côté, l’accusée ne reconnaît toujours pas sa culpabilité. Elle sourit lors de ses entretiens avec son avocat et semble détendue voire presque étonnée qu’on lui pose des questions relatives au drame. «Je me suis toujours sentie bien jusqu’à maintenant» s’exclame-t-elle.

En prison, la retraitée travaille pour arrondir ses fins de mois: «J’aime bien travailler de temps à autre», précise-t-elle. Quant à ses relations avec les autres détenus, elles sont plutôt cordiales. Elle n’a aucun problème avec eux. Pour la meurtrière, c’est sûr: elle n’a pas besoin d’aide: «Non, je n’ai pas besoin de psychothérapie», explique-t-elle en haussant les épaules. Avant d’ajouter que lorsqu’elle en a eu besoin, personne n’a daigné l’aider.

En effet, la vieille dame souffre de «délires de revendication» depuis des décennies. Dans les années 1970 déjà, elle se livrait à une petite guerre avec les autorités concernant une collection de timbres. Avant de passer à l’acte, elle rédigeait des lettres dans lesquelles elle parlait de «meurtre par légitime défense».

Aveux par SMS

La question qui sera au centre du procès est la suivante: le crime aurait-il pu être évité par les autorités?

En effet, la tueuse a annoncé son acte à plusieurs reprises. Même la police avait la retraitée dans le collimateur. Comme Blick l’avait rapporté à l’époque, les forces de l’ordre se sont présentées à plusieurs reprises au domicile de la senior. Mais manifestement, personne ne s’attendait à ce qu’elle réalise ses fantasmes – sinon, elle aurait été enfermée à titre préventif.

Après le meurtre du petit garçon qui se trouvait sur le chemin du retour de l’école au moment des faits, la tueuse a envoyé un SMS à plusieurs personnes dans lequel elle avouait son crime. Elle s’est ensuite rendue au Ministère public bâlois.

«Ilias est au ciel»

Quant à Ilias, n’a pas seulement laissé ses parents derrière lui, mais aussi trois frères et sœurs: Rejan, 8 mois, Inas, presque 2 ans, et Anuar, 5 ans. Le plus âgé se souvient bien de son frère aîné. «Chaque fois que la sonnette retentissait, il pensait que c’était Ilias qui revenait de l’école», raconte la mère à Blick.

Après le drame, les parents ont voulu éviter de parler du meurtre à leurs autres enfants. Mais la tâche s’est avérée impossible: «Dans le quartier, les enfants en parlent naturellement, et de manière très directe», explique Samire Mahmuti. Le petit Anuar a d’ailleurs compris de lui même que son frère était décédé: «Ilias est au ciel», précise-t-il à sa famille et ses copains.

Pour la famille Mahmuti, se rendre une nouvelle fois au tribunal sera une énième épreuve à surmonter. «Mais nous devons le faire. C’est aussi une question de justice pour nous», explique le père.

* Nom d'emprunt

(Adaptation par Valentina San Martin)


Vous avez trouvé une erreur? Signalez-la