«La ligne va rester bloquée entre Morges et Allaman jusqu'à vendredi tôt le matin, avec si possible un rétablissement de la liaison pour le début du service», a indiqué à Keystone-ATS Frédéric Revaz, porte-parole aux CFF. La remise en état des voies s'avère plus compliquée que prévu.
L'installation d'un pont provisoire de près de 20 mètres, évoquée par les CFF dans les médias, n'a pas encore été décidée, selon Frédéric Revaz. Le bétonnage des trous découverts semble pour l'instant la meilleure option.
Les équipes de réparation, d'un effectif de 20 personnes, sont mobilisées 24h/24h. Afin de combler les cavités qui se sont formées et de stabiliser le sol au moyen d'injections, les équipes sur place ont coulé plus de 25 mètres cubes de béton, précisent les CFF.
Société privée impliquée
C'est un affaissement du sol à la hauteur de la commune de Tolochenaz, près de Morges, qui est la cause du blocage du trafic CFF. Selon les Chemins de fers fédéraux, il est dû à des travaux effectués sous les voies par la société Energie 360° pour le percement d'une canalisation d'eau.
L'entreprise privée a reconnu dans des tweets un chantier en cours lié au projet Enerlac, réseau d'énergie thermique devant garantir un approvisionnement énergétique 100% renouvelable aux bâtiments d'une zone industrielle non loin de la ligne CFF à partir de l'eau du lac Léman. Frédéric Revaz a affirmé que les CFF étaient en contact avec cette société mais que la question des responsabilités serait discutée dans un second temps.
La faute à pas de chance?
Une première cavité s'est creusée mardi en fin de journée en bordure de voies puis un deuxième trou est apparu entre les deux voies dans la nuit de mardi à mercredi.
«Le chantier tiers qui se déroule dans la zone consistait en la mise en place de deux micro-tunneliers à plus ou moins dix mètres de profondeurs. C'est doublement pas de chance parce qu'on a une profondeur suffisante pour ne générer aucune gêne pour nos voies», a expliqué à Keystone-ATS Laurent Pasquini, responsable surveillance génie civil aux CFF.
«Le premier micro-tunnelier s'est fait sans soucis dans du bon terrain et le second, qui est trois mètres à côté, a tapé cette poche de terre meuble de très mauvaise qualité», relève-t-il. Les CFF ont mis en place un béton auto-nivelant dans la cavité et on fait parallèlement des sondages pour essayer de détecter des anomalies dans le terrain sous les voies, selon lui.
Interrogé dans l'émission Forum de la RTS, le directeur des CFF pour la Suisse romande, Alain Barbey, a, lui, évoqué une possible «bourde» ou du moins un «problème qui n'a pas été anticipé», mais dont les CFF ne sont pas responsables. Il a aussi reconnu qu'on «ne maîtrise pas toujours toute la géologie des sous-sols».
Durant la nuit de mardi à mercredi, les équipes de réparations étaient parvenues à combler avec du ballast et du ciment le premier trou de plus de 5 mètres cubes qui s'était creusé sous les voies. Le trafic avait ensuite pu être rétabli sur une voie, avec une vitesse réduite à 20 km/h, mercredi entre 04h00 et 05h00. Il avait dû être à nouveau interrompu par mesure de sécurité car une nouvelle cavité s'était creusée sous les voies.
Eviter les voyages non essentiels
Les CFF conseillent toujours à leur clientèle à renoncer aux voyages non essentiels sur cette ligne. Pour les déplacements essentiels, environ 25 bus de remplacement assurent la liaison entre Morges et Allaman. Les trains Regioexpress effectuent sinon la liaison entre Genève et Allaman et entre Lausanne et Morges. Aucun Intercity ne circule.
Des trains spéciaux sont aussi ponctuellement mis en service entre Nyon et Genève. Le personnel CFF est présent pour renseigner la clientèle dans les gares de la région. Les CFF adressent par ailleurs leurs excuses à leurs clients pour les désagréments subis.
Frédéric Revaz n'était pour l'instant pas en mesure de chiffrer ou d'estimer ni le montant des dédommagements aux clients ni le coût des travaux de réparation que devrait occasionner cet incident. Pour rappel, depuis le 1er janvier, les CFF doivent rembourser une partie des billets en cas de retard ou de suppression de trains. De nombreux frais de taxis et de nuitées d'hôtels ont déjà été payés aux clients, selon Frédéric Revaz et Alain Barbey.
(ATS)