Malgré la torpeur estivale, le Parti libéral-radical (PLR) Ville de Genève semble déjà s’activer en coulisses, en amont de la rentrée politique. Ce sont les élections fédérales qui seront sur le devant de la scène cet automne, certes, mais cette échéance pourrait en réalité déclencher un jeu de chaises musicales à tous les échelons de notre démocratie.
Les libéraux-radicaux de la Cité de Calvin placent d’ores et déjà leurs pions. Dans un contexte où la possible élection du socialiste Sami Kanaan au Conseil national libérerait le siège de Conseiller administratif en charge du Département de la culture et de la transition numérique en Ville de Genève.
En bref, une élection partielle pourrait être au programme pour 2024, une fois que les jeux des Fédérales seront faits. Les prochaines «vraies» élections au Conseil administratif de la Ville se tiendront, quant à elles, en 2025.
Des membres du PLR Ville de Genève et du comité directeur du parti nous ont fait part du climat qui règne à l’interne, en cet été préélectoral. Entre frissons à l’approche du nouveau concurrent qu’est le «mouvement» de Pierre Maudet — qui a fait une percée aux élections cantonales — et les petites bisbilles internes, voici un aperçu (non exhaustif) de ce qui occupe le petit monde du grand parti bleu.
La Ville, pré-carré de la gauche
Pour Bryan Lo Giudice, membre du comité directeur du parti, l'enjeu qui attend la Cité ces prochains mois est de taille: «Il n’y a aucun PLR dans le Conseil administratif de la plus grande ville du canton, alors que nous y sommes le premier parti. Le dernier du parti à y avoir siégé, c’est Pierre Maudet. Donc nous allons tout faire pour récupérer au moins un siège», que ce soit lors d'une partielle, ou en 2025.
Un élu en Ville de Genève, qui souhaite garder l'anonymat, se montre plus pessimiste: «Même si Sami Kanaan est élu au National et quitte ses fonctions en Ville, je pense que c’est un candidat de gauche qui remportera la partielle, s'avance le municipal. C’est bien connu: en Ville, la gauche est majoritaire et massacre en général la droite aux élections. Surtout lorsqu’il s’agit d’un siège à la culture...»
Un nouveau joueur en liste
De quoi compliquer encore un peu la partie: un nouveau «mouvement» signé Pierre Maudet a récemment fait une entrée fracassante au parlement genevois, en y introduisant dix députés à l'issue des élections cantonales. La vague Libertés et justice sociale (LJS) va-t-elle aussi se déverser en Ville de Genève?
Le même conseiller municipal analyse: «Au niveau de la municipalité, l’électorat du PLR est plutôt d’obédience radicale que libérale. Et cela risque d’être un problème pour le parti, avec l’arrivée du ‘mouvement’ de Pierre Maudet — radical de souche.»
Également interrogée sur la question, l'élue PLR en Ville Michèle Roullet préfère quant à elle voir le verre à moitié plein: «Finalement, la vraie priorité, aujourd’hui, est de réunir la droite élargie. Et Pierre Maudet en fait tout autant, voir plus partie que le Centre, par exemple. Il faut cesser de se tirer dans les jambes et faire bloc commun.»
Les bisbilles internes
Bloc commun, certes, mais avec qui en première ligne? Là sera toute la question. Et, «genevoiserie» découlant de l'«affaire Maudet» oblige, l’Assemblée du PLR Ville de Genève est la seule du canton à ne pas pouvoir choisir les candidats qu’elle présente sans consulter la section cantonale, comme le déplorent deux cadres du parti qui n'ont pas souhaité être nommés.
D'après ces deux personnes, Natacha Buffet-Desfayes, candidate malheureuse à la présidence du parti au niveau cantonal, et Pierre de Boccard seraient déjà dans les starting-blocks pour tenter de se faufiler au Conseil administratif de la Ville, dès que l'occasion se présentera. En plus de Vincent Subilia et d'Olivier Fiumelli, le collaborateur personnel de la ministre Nathalie Fontanet (PLR), qui seraient également intéressés par la fonction, selon nos sources.
Anecdote: lors de l’Assemblée générale du 14 juin, Natacha Buffet-Desfayes a été élue au comité de la section Ville de Genève. Or, celle qui est déjà députée au Grand Conseil n’était pas présente à sa propre élection, d’après plusieurs sources. «Il y avait pas mal de personnes absentes ce jour-là», nuance l'élue libérale-radicale en Ville Florence Karft-Babel.
Un cadre du parti s'en indigne: «Le PLR Ville de Genève a parfois l’impression d’être un simple tremplin ou un lot de consolation pour les frustrés au niveau cantonal... La section Ville doit être représentée par une personne impliquée localement!»
À lire aussi
Une collaboration «étroite»
Appelé à réagir aux éléments ci-dessus, le président du PLR Ville de Genève Kevin Schmid nous rétorque notamment que «le parti cantonal et nos équipes en Ville collaborent étroitement, avec la ferme intention de servir nos valeurs et de représenter nos membres du mieux possible. Notre principal objectif est de parvenir à des résultats probants à chaque élection.»
La tête de proue de la section municipale ajoute qu'il est «important de rappeler que le PLR Ville de Genève est une section municipale indépendante. Pour l'élection au Conseil administratif, nous avons mis en place un comité paritaire ville-canton composé de six personnes pour assurer un choix de candidats équilibré et cohérent.»
Ni la présidence du parti au niveau cantonal, ni la députée Natacha Buffet-Desfayes n'ont répondu à nos sollicitations.