L'émission «Arena» sous surveillance
«Pourquoi ne protégez-vous pas nos enfants?», demande-t-on à Berset sur la SRF

Vaccination, tests gratuits, certificat Covid: le ministre de la Santé Alain Berset n'a esquivé aucune question et a tenté de rassurer, vendredi soir sur SRF, tandis qu'un médecin s'est énervé. Notre rédaction alémanique vous raconte la soirée.
Publié: 28.08.2021 à 10:27 heures
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Dernière mise à jour: 28.08.2021 à 16:05 heures
Lea Hartmann, Adrien Schnarrenberger (adaptation)

Le temps d'une soirée, ce n'était pas les journalistes ou les adversaires politiques qui posaient les questions, mais la population: Alain Berset s'est soumis aux interrogations du public, vendredi dans l'émission «Arena».

Sur le plateau de SRF pour ce qui est l'équivalent d'«Infrarouge» de notre côté de la Sarine, le Fribourgeois n'a esquivé aucune question. Il avait auparavant invité M. et Mme Tout-le-Monde à prendre part à cette grande opération.

«Pourquoi le Conseil fédéral n'en fait-il pas davantage pour protéger nos enfants?», a interrogé une mère. «Le gouvernement prend-il des mesures pour empêcher la division de la société?», a enchaîné un autre téléspectateur tandis qu'une femme souffrant d'un «Covid long» se questionnait sur l'absence de données de l'OFSP en la matière.

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L'émission a eu lieu sous protection policière. Des agents en civil de l'unité spéciale «Scorpion» de la police zurichoise ont été en engagement discret avant, pendant et après la retransmission d'une heure et demi, tandis qu'une voiture de police était discrètement postée dans une rue adjacente, a constaté la journaliste de Blick sur place.

Il faut dire que l'ambiance est explosive, en particulier en Suisse alémanique. Les conseillers fédéraux ont une protection renforcée, tandis que la conseillère nationale zurichoise Natalie Rickli a récemment été attaquée. L'UDC a été aspergée lors d'une démonstration d'un bus de vaccination mobile. «Ce n'était heureusement que du jus de pomme. Et si ça avait été de l'acide?», s'est inquiété le rédacteur en chef du groupe Blick Christian Dorer dans son éditorial ce samedi.

Des chasseurs de signatures au lieu de manifestants

Heureusement, l'opération de transparence du ministre de la Santé s'est déroulée dans le calme. Il n'y a pas eu de manifestants près des studios — seules deux personnes attendaient Alain Berset pour un autographe devant l'entrée du plateau d'«Arena».

L'atmosphère était aussi bon enfant lors de la retransmission. Et ce même si le Fribourgeois a fait l'objet de questions très directes, notamment de la part du présentateur Sandro Brotz et du conseiller national Marcel Dettling. L'élu UDC était le seul politicien à avoir été invité, à l'occasion d'un «duel».

Douze «quidams» ont pu profiter de la présence du socialiste pour faire part de leurs inquiétudes et de leur colère, pour certains. Plusieurs n'étaient pas vaccinés — cette minorité représente encore 45% de la population — et ont critiqué la «pression» mise sur eux par le Conseil fédéral. «Je n'ai tout simplement pas confiance en ce vaccin», a déclaré un membre du panel. Une résidente d'un EMS fribourgeois s'est plainte du personnel soignant non-vacciné tandis qu'un enseignant a exigé des filtres à air et des appareils de mesure du CO₂ dans toutes les salles de classes.

«Peu de compréhension pour des gens comme vous»

Tandis qu'Alain Berset était plutôt dans une optique de désamorçage de la situation, un invité n'a pas masqué sa colère: l'infectiologue Huldrych Günthard, de l'Université de Zurich, était présent en tant qu'expert. Il n'a pas hésité à s'en prendre à un ouvrier métallurgiste de 37 ans qui expliquait ne pas vouloir passer par la case vaccin. «Nous avons quatre ou cinq personnes de votre âge en ce moment à l'hôpital, et elles sont sacrément malades. Le vaccin aurait pu l'éviter, et en tant que médecin, je n'arrive pas à vous comprendre.»

L'hôpital zurichois est «de nouveau dans une belle mouise», a-t-il relevé un peu plus tard en s'adressant à un autre réfractaire à la piqûre. «Les choses deviennent très compliquées à vivre, et c'est pour cela que je n'ai que peu de compréhension pour des gens comme vous. Vous finirez par attraper le virus, parce que je peux vous l'assurer, personne n'échappe au virus.»

De son côté, Alain Berset s'est abstenu d'utiliser des mots aussi durs. Il a tenté de faire preuve de compréhension à l'égard des préoccupations de la population, tout en exigeant de la compréhension en retour pour les actions du Conseil fédéral. Dès le début de l'émission, il a précisé que le gouvernement n'avait pas actuellement les réponses à toutes les questions. «On a parfois l'impression que le Conseil fédéral peut tout réglementer. Ce n'est pas le cas», a affirmé le Fribourgeois.

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