Elisabeth Baume-Schneider n'est pas encore officiellement ministre de la Justice. Mais les politiques bourgeois tirent déjà à boulets rouges sur une éventuelle politique d'asile orientée à gauche. Voilà ce qu'ils anticipent de la part de la nouvelle conseillère fédérale.
Les critiques portent désormais sur une déclaration d'Elisabeth Baume-Schneider faite avant son élection au gouvernement. Lors de l'audition de son parti à Lucerne, elle a déclaré vouloir améliorer la situation des personnes admises à titre provisoire en Suisse, par exemple en provenance d'Iran, en leur accordant le statut de protection S, comme aux Ukrainiens.
«Les Iraniens sont aussi nos voisins», avait-elle soutenu, citation reprise dans un reportage de la SRF. Selon les statistiques du Secrétariat d'Etat aux migrations (SEM), la plupart des personnes admises à titre provisoire viennent d'Afghanistan, d'Érythrée, de Syrie et de Somalie.
«Elle foncerait dans un mur»
Le chef du parti du Centre, Gerhard Pfister, a prévenu dans l'émission SRF «Echo der Zeit» que la nouvelle conseillère fédérale «foncerait dans un mur» si elle cherchait à améliorer le statut des personnes admises à titre provisoire. Selon lui, les cantons, qui sont compétents pour mettre en œuvre la politique d'asile, n'apprécieraient pas de telles exigences.
La politique d'asile et l'accueil des réfugiés devrait être un sujet très débattu, surtout en cette année électorale. Pour 2022, le SEM s'attend à un total de 22'000 demandes d'asile, soit 7000 de plus que l'année précédente. Par ailleurs, rien qu'en Suisse, quelque 71'200 Ukrainiens ont obtenu le statut de protection S jusqu'à présent.
L'UDC veut supprimer le statut S
Ces chiffres apportent de l'eau au moulin de l'UDC. Sans surprise, le parti ne partage pas du tout l'avis d'Elisabeth Baume-Schneider. Le conseiller national UDC Mike Egger demande même la suppression pure et simple du statut S. L'accueil temporaire des personnes considérées comme ayant besoin de protection se fait sans procédure d'asile. L'élu de droite est convaincu que cela a conduit à une surutilisation des structures d'accueil à tous les niveaux de l'État. Il souhaite en outre qu'un plafond chiffré soit fixé pour les demandes d'asile.
Il est inhabituel que l'UDC critique la politique de la première conseillère fédérale jurassienne avant même son entrée en fonction. D'autant plus que sur les 123 voix au Parlement qui ont permis à Elisabeth Baume-Schneider d'être élue, un grand nombre d'entre elles étaient de droite.