Elle demande maintenant l'acquittement total
Une «guérisseuse spirituelle» lave son linge sale au tribunal

En septembre 2021, le Tribunal correctionnel de Lucerne a condamné une «guérisseuse spirituelle» pour avoir escroqué des millions à ses victimes. Celle-ci demande aujourd'hui l'acquittement total devant la justice cantonale.
Publié: 12.09.2022 à 22:11 heures
L’autoproclamée «guérisseuse spirituelle» devait rembourser ses victimes à hauteur de près de 1,6 million de francs, selon le jugement de première instance, qu'elle conteste désormais.
Céline Trachsel

Deux ans et dix mois de prison, dont dix mois ferme. Tel est le verdict prononcé en septembre 2021 par le Tribunal correctionnel de Lucerne à l’encontre d’Anna G.* (67 ans).

L’autoproclamée «guérisseuse spirituelle» devait en outre rembourser ses victimes à hauteur de près de 1,6 million de francs – notamment grâce à son chalet, situé directement au bord des pistes de ski dans le canton de Glaris. Il a été mis aux enchères par l’office des faillites.

Mais Anna G. veut maintenant laver son linge sale devant le Tribunal cantonal lucernois. La Glaronnaise a fait appel du jugement et demande, lors du procès devant la deuxième instance, un acquittement complet des faits d’escroquerie, d’abus de confiance, de gestion déloyale et de faux dans les titres qui lui sont reprochés.

«On ne doit pas me punir, mais me réhabiliter, demande-t-elle ce lundi devant le juge. Et ce, de fond en comble et de manière approfondie.»

Et pouf, des millions d’euros

L’acte d’accusation pèse lourd: Anna G. aurait demandé à plusieurs reprises à ses victimes des sommes importantes sans jamais penser au remboursement. En 2011, 2 millions de francs suisses ont par exemple été versés à la fondation de la guérisseuse pour acheter un ancien hôtel.

La femme aurait séduit ses adeptes en leur faisant miroiter un «savoir universel», selon le centre Infosekta. Au lieu de cela, elle s’est enrichie «sans mesure sur le dos de ses clients».

Une démarche qui s’est montrée payante pour un certain temps: soudain, elle a conduit une Porsche Cayenne de luxe et s’est acheté un chalet de quatre étages dans une station de ski du pays de Glaris. Jusqu’à ce que le Ministère public ouvre une procédure contre elle en 2014. Aujourd'hui, son entreprise est en faillite et la Porsche a disparu.

Une ancienne adepte a porté plainte

La présumée manipulatrice s’est retrouvée acculée lorsque Sandra M.*, une victime qui lui avait cédé tous ses biens terrestres, a mis en route le procès pénal. «Elle m’a pris tout ce que j’avais. J’étais dans une dépendance émotionnelle», a déclaré cette victime, à propos de leur relation de l’époque. Anna G. n’aurait aujourd’hui plus qu’une seule adepte restante, selon l'enquête menée par Blick.

Lors du procès, il s’agit principalement de savoir si Sandra M. avait simplement donné l’argent à la «guérisseuse spirituelle», ou s’il s’agissait d’un prêt qu’Anna G. avait obtenu, sans avoir pour autant l’intention de le rembourser.

«Elle voulait me donner l’argent»

La soi-disant salvatrice nie toutefois toutes les accusations et a présenté l'histoire sous un tout autre jour devant la deuxième instance. «Elle voulait me donner cet argent», soutient-elle.

Anna G. a violemment réprimandé la partie civile: «Elle était femme au foyer depuis dix-sept ans et cherchait clairement une nouvelle vie. Elle voulait avoir son mot à dire et pensait être la vedette, alors qu’elle n’était que la bailleuse de fonds. Mais c’est moi qui ai construit tout ça, pas elle! Mon projet était la star.»

Son projet? Une fondation et une société à raison lucrative. À ce sujet, la «guérisseuse» se décrit comme une victime qui n’aurait plus eu grand-chose à dire sur les questions d’argent, étant donné l’aspect collectif de la gestion de son entreprise. Quant aux sommes dépensées à titre privé, la «salvatrice» aurait été autorisée à le faire, puisque l’argent lui aurait été offert.

Son avocat demande un acquittement complet ainsi qu'une réparation pour la perte de réputation. Aux juges lucernois de trancher.

*Noms connus de la rédaction


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