Cette femme est une force de la nature. Grande, bruyante, souvent sans pitié. Même les journalistes les plus chevronnés ont un peu peur face à Jacqueline Badran. Il n'est pas rare qu'elle vous fonce dessus en vociférant contre les «bêtises» que vous avez de nouveau écrites, et que vous feriez mieux la prochaine fois «d'enclencher le cerveau d'abord».
Les jurons font autant partie de la personnalité de la presque sexagénaire – elle fêtera ses 60 ans en novembre – que les bottes qu'elle porte au quotidien. Ceux qui pensent que la conseillère nationale socialiste n'est qu'une second couteau exubérante à Berne se trompent lourdement. Jacqueline Badran peut parfois surprendre, mais elle jouit d'une très bonne réputation.
Elle ne coche aucune case
Il faut dire que la Zurichoise est un peu l'ovni du Parlement, qui ne coche aucune case et aligne les paradoxes. Elle ne boit pas une goutte d'alcool, mais fume comme un pompier. Elle se décrit comme «de gauche», mais tient des théories qui ne dépareilleraient pas dans le programme de l'UDC. Elle a étudié le management à l'Université de Saint-Gall, mais a travaillé en parallèle comme ferrailleuse sur les chantiers. Vous en voulez encore? Elle est cheffe d'entreprise dans l'informatique, mais veut abolir le capitalisme...
Le grand domaine d'action de Badran sous la Coupole est l'égalité, en particulier dans la politique immobilière et fiscale. Son plus gros succès: la Lex Koller. Si des personnes situées à l'étranger ne peuvent toujours pas – ou de manière très limitée — acquérir des biens sur sol suisse, c'est grâce à elle seule. Au début de son combat, elle a même dû lutter contre son propre parti.
Rescapée d'un accident d'avion
Chez Jacqueline Badran, tout sort des schémas traditionnels, et son parcours de vie ne fait pas exception. Née à Sydney, elle est la fille d'une Suissesse et d'un entrepreneur libanais actif dans le domaine du textile. Elle a grandi dans un environnement PLR sur la «Goldküste» zurichoise, passant ses vacances de ski à Saint-Moritz, jouant au bridge au prestigieux Badrutt's Palace.
Et «Jacky» Badran est une survivante. Elle s'est presque noyée lorsqu'elle était bébé, s'est extraite elle-même d'une avalanche lorsqu'elle était enfant et, aussi incroyable que cela puisse paraître, a survécu à un accident d'avion juste après son 40e anniversaire lorsqu'une machine de Crossair s'est écrasée, tuant 24 personnes.
La déclaration d'Ueli Maurer
«J'ai une dette envers la chance», explique-t-elle. Elle tente de la «payer» en s'engageant pour la chose publique, depuis dix ans au Conseil national. Au perchoir, elle insulte le groupe UDC en les qualifiant de «traître à la patrie», avant de flirter avec le ministre des Finances Ueli Maurer, qui lui a presque fait une déclaration d'amour.
Elle a beau n'entrer dans aucune case, elle est appréciée comme aucun(e) autre. Une preuve? Récemment, des affiches ont fleuri en ville de Zurich, sans mention de l'auteur. Le texte: «Jacky for President».
En discutant entre collègues des deux côtés de la Sarine, nous avons constaté les immenses disparités de notoriété des personnalités en fonction de leur région linguistique.
Or, c'est l'une des raisons de l'arrivée de Blick en Suisse romande: donner une image plus juste de ce qu'est notre pays. En tant que média national, nous voulons autant que faire se peut «décloisonner» la Suisse à notre échelle.
Chaque semaine, nous vous présenterons une ou un Alémanique qui ne nous évoque pas grand-chose de notre côté de la Sarine, tandis que les lecteurs germanophones de Blick découvriront une ou un Romand(e) qui en vaut la peine.
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