Ce sont majoritairement les femmes qui se plaignent des effets secondaires des vaccins contre le Covid. Dans le cercle des collègues et de la famille, on entend beaucoup parler de troubles du cycle, de saignements post-ménopausiques ou d'une forte poussée de fièvre après la première ou la deuxième piqûre. Les hommes semblent s'en sortir plus facilement en ce qui concerne les effets secondaires, même si le risque — extrêmement faible — de myocardite est plus élevé chez eux que chez les femmes. Cela vaut toutefois aussi bien pour la vaccination que pour le Covid.
Les preuves scientifiques démontrant que les femmes souffrent plus souvent d'effets secondaires sont rares. On ne dispose pas non plus d'indications précises sur la nature de ces effets secondaires. Il existe tout de même des indices. «Les premiers résultats proviennent de Grande-Bretagne. Ils montrent que les femmes souffrent surtout d'irrégularités du cycle», explique Catherine Gebhard. «30 000 femmes ont signalé cet effet secondaire à l'agence britannique des médicaments», poursuit-elle. C'est un nombre imposant.
Pionnière de la médecine de genre
Catherine Gebhard est cardiologue et professeure à l'hôpital universitaire de Zurich, elle a un emploi à l'hôpital cantonal de Baden et également à Vienne. Cette médecin très occupée est l'une des scientifiques les plus en vue de ce que l'on appelle la médecine de genre en Suisse. Elle étudie comment les différences entre les sexes influencent la santé, c'est-à-dire, par exemple, si les médicaments ont le même effet sur les femmes que sur les hommes. «Le dosage de nombreux médicaments est adapté à un homme de 30 à 40 ans pesant 70 à 80 kilos», explique Catherine Gebhard. Se pose alors la question de savoir quel serait le bon dosage pour une femme, soit nettement plus âgée, soit nettement plus légère.
Une question qui, aux yeux de cette spécialiste de la médecine de genre, est trop peu posée, notamment dans le contexte du Covid: «La pandémie a montré que les différences spécifiques au sexe jouent un rôle important.» C'est pourquoi Catherine Gebhard travaille avec d'autres chercheuses à une étude sur les différents effets du Covid sur les hommes et les femmes. Les premières conclusions montrent que les hommes sont plus nombreux à contracter la maladie, que le virus les touche plus durement et qu'ils en meurent plus souvent que les femmes. A l'inverse, les femmes sont plus nombreuses à souffrir de la maladie de Covid long et signalent plus souvent des effets secondaires du vaccin.
Les effets secondaires disparaissent rapidement
C'est ce que montre un coup d'œil sur les statistiques de l'autorité de contrôle des produits thérapeutiques Swissmedic: deux tiers des déclarations d'effets secondaires indésirables après une vaccination contre le Covid proviennent de femmes, un tiers d'hommes. En ce qui concerne les deux vaccins ARNm de BioNtech/Pfizer et Moderna, 457 annonces de saignements menstruels irréguliers sont parvenues à Swissmedic jusqu'à la mi-décembre, pour plus de six millions de doses de vaccin administrées à des femmes.
Le problème: si le cycle féminin n'est pas régulier, la probabilité de grossesses non désirées augmente. La bonne nouvelle: «On sait toutefois que cela concerne généralement un ou deux cycles et que tout revient ensuite à la normale», explique Catherine Gebhard.
Il en va de même pour les saignements post-ménopausiques. Ceux-ci disparaissent également, mais ne sont pas non plus sans risque: «De nombreuses femmes pensent d'abord à une tumeur bénigne ou maligne. Cela conduit à des examens pénibles.»
Vive réaction du système immunitaire féminin
Quel pourrait être maintenant le déclencheur concret de ces effets secondaires de la vaccination? Pour l'instant, il n'y a que des suppositions, aucune certitude. «On sait que les femmes produisent plus d'anticorps après les vaccinations. On l'a déjà étudié pour la vaccination contre la grippe», explique la médecin.
Cela pourrait signifier que le système immunitaire des femmes réagit mieux, mais aussi plus violemment, à la vaccination. Une explication possible, mais Catherine Gebhard relativise: «Ce que l'on ne sait pas, ce sont les raisons de ce phénomène, qui n'ont pas non plus été suffisamment étudiées dans le cas de la vaccination Covid.»
Car dans la grande majorité des études, c'est surtout l'efficacité des vaccins contre le Covid qui a été examinée, mais pas la cause des effets secondaires. Et pas non plus la question de savoir si un dosage plus faible du vaccin pourrait peut-être réduire les effets secondaires chez les femmes: «C'est une question qui fait actuellement l'objet de discussions», explique la Doctoresse. Mais il n'y a pas du tout de données à ce sujet concernant le vaccin: «Aucun dosage différent n'a été testé chez les hommes et les femmes jusqu'à présent. C'est bien dommage!»
Question de dosage
Car il existe des indices selon lesquels un dosage plus faible pourrait apporter quelque chose: «Lors d'une étude sur la vaccination contre la grippe, les femmes ont reçu la moitié du dosage. Or, elles ont produit la même quantité d'anticorps que les hommes qui ont reçu le double de la dose».
Selon la Dre Gebhard, la question du dosage est la bonne question, mais il manque encore des réponses. Elle appelle donc ses collègues à penser le plus tôt possible aux différences entre les sexes lors de la recherche de nouveaux médicaments et vaccins: «En ce moment, plus de 200 vaccins contre le Covid sont en cours de développement. Ce serait une occasion unique d'étudier cela dès le début!»
(Adaptation par Jocelyn Daloz et Yvan Mulone)