Le DFJP a confirmé mardi à l'ATS l'ouverture de poursuites, dont la RTS avait fait écho lundi soir. Le département n'a pas précisé l'identité des employés concernés pour des raisons de protection de la personnalité. Selon plusieurs médias alémaniques, des perquisitions avaient été menées chez deux employés.
Pour mémoire, l'ouverture d'une procédure pénale visant un fonctionnaire de la Confédération est soumise à autorisation. Le DFJP doit donner son aval.
Une autre enquête en cours
Ces poursuites sont lancées alors qu'une enquête sur la divulgation d'informations confidentielles dans les médias au sujet de l'affaire Crypto est en cours. Le procureur extraordinaire Peter Marti a été nommé au début de l'année pour faire toute la lumière sur cette affaire.
Le journal alémanique SonntagsBlick rapportait dimanche dernier que l'ancien chef de la communication du conseiller fédéral Alain Berset, Peter Lauener, démissionnaire en juin, avait été placé en détention provisoire pendant plusieurs jours à Zurich. Ni le Département fédéral de l'intérieur ni Peter Lauener n'ont voulu s'exprimer dans le journal.
Collaboration secrète avec les renseignements étrangers
L'affaire Crypto a été révélée en février 2020. La CIA et les services de renseignement allemands (BND) auraient intercepté, durant des dizaines d'années, des milliers de documents via les appareils de chiffrement de l'entreprise zougoise Crypto AG. Grâce à des appareils truqués, la CIA et le BND ont écouté les conversations de plus de 100 Etats étrangers.
Les deux services de renseignement ont acheté l'entreprise zougoise à parts égales en 1970, en passant par une fondation du Liechtenstein. Le BND a quitté l'opération en 1993. Mais les Etats-Unis ont prolongé les écoutes jusqu'en 2018 au moins, selon des recherches conjointes de la télévision alémanique SRF, de sa consoeur allemande ZDF, ainsi que du Washington Post.
Une enquête parlementaire a montré que le renseignement suisse savait depuis 1993 que des services de renseignement étrangers se cachaient derrière Crypto. Il a collaboré avec eux pour collecter des informations sur des pays étrangers. Problème: les chefs successifs du Département de la défense n'ont pas été informés. Le rapport pointait des lacunes dans la gestion et la surveillance du renseignement et concluait à une coresponsabilité.
(ATS)