Au printemps 2020, le quadragénaire vaudois, qui gérait de multiples entreprises (carrosseries, location de voitures ou encore société de conseil financier), a obtenu plusieurs crédits Covid auxquels il n'avait pas droit. Sur la base de «chiffres d'affaires imaginaires» et d'informations «mensongères» sur les conséquences de la pandémie sur ses sociétés, il a reçu près de 3 millions de francs, indique l'acte d'accusation.
Lundi matin devant ses juges, l'homme d'affaires a d'abord reconnu «une erreur» en expliquant avoir «mal interprété» les conditions d'octroi des crédits Covid.
Cette explication n'a pas été du goût du président du Tribunal qui, haussant le ton à plusieurs reprises, lui a demandé des réponses «claires et sans détour». Avec succès, puisque le prévenu a fini par admettre avoir «trompé» les banques, en fournissant notamment de fausses comptabilités.
«Je savais qu'il n'y aurait pas de vérification jusqu'à un certain montant. Avec cet argent, j'ai vu la possibilité de surmonter mes difficultés financières», qui n'étaient pas liées à la crise du coronavirus, a-t-il admis.
Crédits Covid utilisés pour rembourser des créances
L'accusé aurait essentiellement utilisé cet argent pour rembourser des créanciers en Turquie, son pays natal. Il avait en effet réussi, dès 2016, à soutirer «plusieurs millions de francs» pour de prétendus placements financiers, relève l'acte d'accusation.
Promettant des rendements mirobolants, il aurait convaincu environ 120 personnes de lui verser cet argent. En réalité, il utilisait leurs fonds pour d'autres usages: remboursement de dettes, financement de ses entreprises, besoins personnels.
Les victimes ont surtout été grugées en Turquie, mais aussi en Suisse. Le Ministère public indique que dix dupes helvétiques ont été identifiées, pour un préjudice global d'environ 900'000 francs. Une seule a toutefois porté plainte. Le prévenu n'a pas encore été entendu par le Tribunal sur ce volet de l'affaire.
Des délits en série
La liste des délits supposés de l'entrepreneur, qui avait aussi brièvement présidé un club de football vaudois, ne s'arrête pas là. Un projet pétrolier et un commerce de lingots d'or sur Internet lui auraient aussi permis de tromper des personnes pour plusieurs dizaines de milliers de francs. Il est aussi accusé d'avoir cédé à des proches des véhicules d'une de ses sociétés en faillite, au détriment d'autres créanciers.
Son procès est prévu sur quatre jours. L'accusé doit notamment répondre d'escroquerie par métier, de faux dans les titres, d'abus de confiance et de blanchiment d'argent.
(ATS)