Les projecteurs bleus arpentent la piste de danse sur des visages sans masques. Les haut-parleurs diffusent de la techno. Entassés les uns sur les autres, les fêtards dansent en rythme. Kim T. (noms modifiés) reçoit un message sur son portable: «Les flics sont dehors».
Cette scène n'aurait jamais dû avoir lieu selon les restrictions en vigueur. Depuis octobre dernier, les boîtes sont fermées dans tout le pays. Ce n'est qu'à partir de ce samedi qu'elles sont autorisées à ouvrir leurs portes, sous certaines conditions: seuls ceux qui pourront présenter un certificat de vaccination ou un test Covid négatif seront autorisés à entrer. Le monde de la nuit revient à la vie. Pour la première fois en huit mois. Mais il n'avait pas complètement disparu pendant la pandémie.
Des fêtes illégales tous les week-ends
Pendant le second semi-confinement, la fête a battu son plein... dans les sous-sol. À plusieurs reprises, la police a interrompu des événements illégaux dans des salles privées ou des clubs.
Le 30 mai, les policiers ont pris d'assaut le sous-sol de la Langstrasse où Kim T. de Zurich dansait. Pendant des semaines, des fêtes illégales y étaient régulièrement organisées, comme l'ont montré les enquêtes de Blick. Kim T. s'y est rendue plusieurs fois. «L'illégalité rendait l'événement d'autant plus attrayant», dit la jeune femme de 29 ans.
L'endroit n'a pas de site web et ne fait pas de publicité sur les réseaux sociaux. Les fêtes sont annoncées juste avant leur date. L'entrée du club est cachée dans une arrière-cour. En guise de droit d'entrée, le videur demande le nom d'un invité qui se trouve déjà dans la salle.
«Un monde parallèle complètement fou»
Deux portes au rez-de-chaussée, un escalier vers le sous-sol, puis une autre porte. Derrière, de la musique, des néons et de l'effervescence. Les boissons sont payées en espèces. Les vidéos sur les réseaux sociaux sont interdites. «Ce monde parallèle me semblait complètement fou», dit Kim à propos de ses soirées en mai.
À la même période, les autorités signalent plus de 1000 nouveaux cas par jour dans toute la Suisse. Les bars et les restaurants sont toujours fermés à l'intérieur. En privé, seules 10 personnes sont autorisées à se rencontrer.
Laura S.* est également de la fête, avec une centaine d'autres invités. Comme Kim, elle a appris l'existence de la boite illicite de la Langstrasse par un collègue. Elle ne craignait pas d'être infectée par la maladie, dit Laura. «Pour moi, la fête était plus importante que le Covid.»
«Conditions idéales pour une contagion maximale»
En allant en boite, les jeunes femmes prenaient un grand risque. Michael Riediker, chercheur en aérosols, a analysé les images de l'intérieur des clubs pour Blick. Sa conclusion est sans appel: «Ce sont les conditions idéales pour une contagion de masse!»
Étant donné la taille approximative de la pièce, une personne infectée aurait pu contaminer le reste des invités en quelques minutes, déclare l'expert. Et la direction de la boite de nuit n'a pris aucune précaution pour éviter que le virus ne se propage: il n'y avait pas d'obligation de port de masque ou de demande de test.
Interrogé sur le risque, l'exploitant du club affirme qu'il ne voulait en fait accueillir que de petites fêtes d'anniversaire pour s'assurer un revenu pendant le semi-confinement. La nouvelle de ces fêtes se serait répandue rapidement. L'affaire serait devenue «incontrôlable».
Le gérant a déposé une plainte
Ce 30 mai, lorsque Kim reçoit le SMS, des dizaines de fêtards se sont rassemblés dans le jardin près de l'entrée du club. La foule attire l'attention de la police. Selo Kim, le propriétaire de la boite sonne l'alarme. «Certains fêtards sont partis par la sortie avant, en direction de la Langstrasse. Nous, on s'est assis, on est restés silencieux et on a attendu.»
Les policiers repèrent rapidement la jeune femme, mais la laisse sortir sans l'amender. La police municipale de Zurich confirme l'opération à Blick. Le gérant du club avait été signalé.
Toutefois, le gérant ne s'en est pas tenu là, puisque les fêtes ont continué en juin. police, impuissante, n'a pas l'autorité pour décréter la fermeture de la boite de nuit, cela relève de la responsabilité du canton. Le gérant doit s'attendre à une lourde amende. A présent, il déclare vouloir mettre en œuvre les mesures de protection des autorités, afin que ses invités puissent continuer à danser. En toute légalité, cette fois-ci.