Des explications exigées
Le projet (très) coûteux de l'armée qui interpelle la Commission de gestion

L'armée doit désormais s'expliquer. La Commission de gestion du Conseil national ne souhaite pas rester les bras croisés alors qu'un projet informatique de l'armée suisse promet de coûter très, très cher au contribuable suisse.
Publié: 22.12.2022 à 06:04 heures
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Dernière mise à jour: 23.12.2022 à 11:01 heures
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Un projet informatique confidentiel de l'armée menace d'engendrer des coûts énormes pour le contribuable suisse.
Photo: Keystone
Pascal Tischhauser

Blick le révélait, un curieux projet informatique de l'armée suisse pourrait engendrer des frais astronomiques. Confidentiel, ce plan se résume en quatre lettres: PIGN. La Commission de gestion du Parlement se penche désormais sur la question.

Il faut dire qu'il s'agit de la cybersécurité de l'armée (et du pays), et que les sommes en jeu peuvent rapidement devenir énormes en la matière. Les contribuables suisses pourraient devoir débourser jusqu'à 2,4 milliards de francs! L'armée souligne toutefois que ce montant serait atteint si le système actuel devait être remplacé. Une décision en ce sens semblait avoir été prise, à croire un communiqué du Département de la défense daté d'août 2020. Quoi qu'il en soit, les coûts actuels seraient inférieurs à la somme avancée par nos sources, toujours selon l'armée. De combien? Mystère. L'armée n'a pas souhaité les détailler.

Une confidentialité qui interpelle

Le Réseau national de conduite, qui doit permettre aux autorités de continuer à communiquer même en cas de panne d'Internet, en cas de guerre par exemple, est au cœur du projet. Le caractère confidentiel du projet sème le doute. L'est-il précisément parce qu'il s'agit de la sécurité de l'Etat, ou plutôt parce que son coût risque de hérisser de nombreux poils?

C'est sur ce point qu'une sous-commission de la commission de gestion du Conseil national (CdG), celle compétente pour scruter le Département de la défense, demande des éclaircissements. «J'ai pris connaissance de l'article de presse sur ce projet informatique, qui devrait avoir des conséquences financières importantes. Le sujet sera mis sur la table de la sous-commission», promet le conseiller national du Centre Nicolo Paganini. Le Saint-Gallois ne tient pas compte du fait que la plus haute responsable du projet est sa propre conseillère fédérale, la ministre de la Défense, Viola Amherd.

Les membres de la CdG font pression

«C'est au sein de notre sous-commission que nous déciderons de la manière exacte d'examiner le projet», poursuit Nicolo Paganini. La pression est en tout cas énorme. «Je demande que nous examinions le projet informatique de très près», déclare la conseillère nationale vert'libérale zurichoise Corina Gredig. Le conseiller national zurichois Fabian Molina (PS), qui siège aussi dans la sous-commission compétente, pousse dans la même direction.

Celle-ci suggère en outre, étant donné l'ampleur du projet, de confier le sujet à l'ensemble de la Commission de gestion. Car il n'est pas rare qu'une sous-commission ne soit informée que de ce qui la concerne, sans avoir tous les éléments de lecture entre les mains. Dans ce cas précis, seul ce qui concerne le Département de la défense sera accessible à la sous-commission. Or, le projet implique d'autres départements.

Les allers-retours qui compliquent les choses

Ce qui rend le projet de l'armée si coûteux est une procédure complexe: le système doit d'abord être transféré aux spécialistes de l'Office fédéral de l'informatique et de la télécommunication (OFIT), qui est rattaché au Département fédéral des finances (DFF). Et c'est précisément là que la sous-commission de la CdG n'aurait plus accès à toutes les informations. Le projet ne devrait revenir dans le giron de l'armée qu'un an plus tard. Il s'agira pour la Commission de gestion de comprendre si ces allers-retours — entre l'armée et l'OFIT — sont réellement nécessaires.

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