Une manifestation nationale marquera samedi le lancement d'une campagne de seize jours «contre la violence basée sur le genre». Les organisatrices rappellent qu'une femme est tuée en moyenne tous les quinze jours en Suisse par un partenaire.
Face à cette situation «inacceptable», la campagne annuelle de sensibilisation sera placée sous le thème de «riposter et se reconstruire après les violences», indique vendredi un communiqué de Frieda – l'ONG féministe pour la paix, qui coordonne chaque année cette campagne «des 16 jours», avec l'appui de quelque 250 organisations.
Présente depuis 2008 outre-Sarine et 2023 en Suisse romande, l'action s'inscrit dans un cadre international de lutte contre les violences faites aux femmes. Plusieurs collectivités publiques, comme le canton de Neuchâtel ou la ville de Bienne, s'y associent d'une manière ou d'une autre. A Neuchâtel, une journée cantonale de réseau dédiée à la lutte contre la violence sexuelle se tient ce vendredi sous l'égide de l'office de la politique familiale et de l'égalité.
De nombreuses victimes se taisent
De son côté, l'ONG Frieda et l'association Vergewaltigt.ch ("Violée") invitent à la prise de conscience d'une «responsabilité collective». La violence (basée sur le genre) est l'expression d'un système qui continue de banaliser les agressions sexistes, dénoncent-elles dans le communiqué.
Les structures de soutien, souvent sous-financées, peinent à répondre aux besoins croissants des victimes, ajoutent les organisations. Les agressions de genre incluent la violence psychologique, le harcèlement et les féminicides.
En Suisse, les centres d’aide aux victimes ont enregistré 49’055 consultations en 2023, «un chiffre qui ne reflète qu’une partie de l’ampleur réelle des violences, estime Frieda. De nombreuses victimes ne cherchent pas d’aide, freinées par la peur de la stigmatisation ou par le manque de structures, indique l'ONG, qui déplore un manque de ressources pour accompagner les victimes.
Manque de places
Pour le Dr Alessandro Bianchi, coordinateur du Groupe sur la violence domestique du Centre hospitalier cantonal du Tessin, il faut mettre l'accent sur la prévention: «Chaque jour, je constate l’impact dévastateur des violences sur la santé physique et mentale des victimes», d'où la nécessité de former de façon adéquate les professionnels.
La campagne sera l'occasion d'en appeler à des mesures concrètes pour soutenir les victimes, en particulier par l'augmentation du nombre de places dans les maisons d’accueil.
«La lutte contre la violence de genre ne doit pas être une simple priorité occasionnelle, mais un engagement constant», insiste la conseillère nationale (PS/BE) Tamara Funiciello dans le communiqué. Une manifestation nationale de solidarité aura lieu ce samedi à Berne.