Débat sur le 30 km/h à Lausanne
«On a l’impression qu’on nous a volé la ville»

Le 30 km/h de nuit au centre de Lausanne n’en finit pas de faire débat. Alors que le PLR compte lancer une initiative rapidement et que d'autres pétitions circulent déjà, Blick s’est entretenu avec un pétitionnaire qui dénonce un trop plein d’incohérences.
Publié: 21.02.2022 à 06:19 heures
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Dernière mise à jour: 21.02.2022 à 17:06 heures
La limitation à 30 Km/h pourrait également être introduite en journée à Lausanne, selon la Municipale Florence Germond.
Photo: Ennio Leanza
Thibault Gilgen

L’obligation de rouler à 30km/h la nuit au centre-ville agite toujours la capitale vaudoise. Mercredi dernier, on apprenait dans «24 heures» que le PLR était en phase de lancer une initiative «Pour un centre-ville apaisé et ouvert à tous». Le parti se disait inquiet de percevoir beaucoup d’agacement dans la population. Cette inquiétude n’a pourtant pas attendu cette prise de position pour se manifester concrètement, puisque deux pétitions ont été lancées auparavant, à titre indépendant. Le président des jeunes PLR Vaud Maxime Meier en a lancé une de son côté alors que le Lausannois Nadji Saiah en a fait de même sur une plateforme en ligne, en récoltant plus de 2000 signatures à ce jour.

Un 30km/h «réfléchi»

En réaction à un article qui faisait écho d’erreurs dans certains arguments utilisés par les initiants, Nadji Saiah tient à recentrer le débat en s’exprimant auprès de Blick: «Il faut un minimum de bon sens et dépasser cette guerre des chiffres à laquelle on se livre avec la Ville, débute-t-il. Notre pétition a pour principal objectif de démontrer qu’il y a un mécontentement global et non exagéré dans la population». Pour lui, le but n’est pas de s’opposer catégoriquement à une limitation à 30km/h la nuit: «Nous sommes pour un 30km/h réfléchi. Il est effectivement pertinent de penser au bien-être des habitants dans les zones résidentielles, mais sur les grands axes, cela va trop loin. Je dérange qui, à part les lingots d’or, quand je passe à une vitesse de 50 km/h le soir à Saint-François?»

Selon lui, le nombre croissant de restrictions et d’interdictions, lié bien sûr aussi à la pandémie, joue un rôle non négligeable dans le sentiment de trop-plein partagé dans la population. Le plus dur à encaisser est surtout le manque de communication et d’information de la Ville: «Personne n’a été consulté, s’offusque-t-il. La décision a été purement et simplement imposée. On a l’impression de s’être fait voler la ville par quelques élus écologistes. Cela est un manque total de considération pour les habitants, les automobilistes et tous ceux qui travaillent la nuit».

Incohérences en série

La pilule passe d’autant plus mal que la mesure s’ajoute à de nombreuses incohérences que les signataires constatent au quotidien. Nadji Saiah énumère: «Il y a plus de bruit sous mes fenêtres à cause des bars qu’à cause des voitures par exemple. Et cela fait de nombreuses années que rien n’est entrepris pour atténuer le bruit sur les terrasses». Pour le pétitionnaire, ce sont également les automobilistes qui font crisser les pneus et vrombir les moteurs qui exacerbent le bruit. «Que ce soit 30 ou 50, on les entendra toujours», tonne-t-il.

Il poursuit: «On supprime des places de parcs, des voies de circulation, et on encourage le vélo. Très bien, mais où laisser nos voitures en périphérie dans ce cas? Comment réglementer l’usage des vélos, qui par moments sont de véritables dangers publics en ville?» Cet habitant du centre rappelle qu’il faut aussi prendre en compte la topographie lausannoise. «Nous ne sommes pas aux Pays-Bas, les rues montent et descendent ici. Quand je lis cet expert qui, dans votre article, prétend que les gens ne rétrogradent pas dans les descentes, cela me fait rire. Il suffit d’écouter pour se rendre compte que les moteurs des voitures souffrent.» D’autre part, l’homme ne comprend pas pourquoi les voitures électriques, qui font moins de bruit en roulant, sont aussi contraintes de rouler à 30km/h.

«Une ville agréable pour toutes et tous»

Le feuilleton de la limitation de vitesse à Lausanne ne fait donc que de débuter. La Municipale Florence Germond l’a annoncé au micro de la RTS ces derniers jours: elle compte bien, à terme, mettre en place cette mesure à toute heure de la journée. En attendant, la Ville de Lausanne a revu le prix des parkings relais (P + R) à la baisse, les faisant passer, le samedi uniquement, à 9.90 francs (contre 16 le reste de la semaine) avec un titre de transport journalier inclus. Un geste qui ne va sûrement pas contenter les divers initiants.

De son côté, Nadji Saiah espère surtout que sa pétition permettra de mettre en lumière les incohérences citées. Il souhaite une ville agréable pour toutes et tous avec des mesures comprises, acceptées et non imposées à la population.

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