Ah, les vacances de Noël sans neige. L'occasion rêvée pour se plonger dans les dernières créations disponibles sur Netflix. «The Recruit», par exemple. Cette mini-série en huit épisodes raconte les aventures d'un jeune avocat de la CIA propulsé un peu malgré lui dans le monde sans pitié de l'espionnage.
Le septième épisode a pour théâtre Genève, où le personnage principal et son acolyte — interprétée par l'excellente Laura Haddock — doivent récupérer des fonds dans une certaine «Bank of Geneva». Problème? Les téléspectateurs suisses ont constaté que les scènes supposées se dérouler au bord du Léman défiaient toute logique.
Certes, sur la vue aérienne qui lance cet épisode «suisse», on distingue bien la Rade, même si le fameux Jet d'eau n'est pas allumé.
Mais cela se gâte dès que l'action se déroule à hauteur d'hommes. Où se situent donc ces immenses boulevards avec de très hauts bâtiments à Genève? Réponse? À Montréal!
C'est en effet au Québec que la série a principalement été tournée, entre octobre 2021 et avril 2022. Juste à temps pour que «The Recruit» sorte à quelques jours de Noël.
Si la série a bien effectué un détour en Europe — en plus d'un crochet par Los Angeles —, ce n'est pas en Suisse mais à Vienne. C'est dans la capitale autrichienne qu'ont été tournées certaines scènes dans l'eau, à Vienne (dans le Danube, donc, si vous avez bien suivi vos cours de géographie).
Une banque... de coworking
L'épisode 7 a beau, selon la narration, mettre en scène une intervention des deux personnages principaux dans la «Bank of Geneva» (avec tout ce qu'un banquier suisse compte de clichés), les scènes en question ont été tournées au Crew Collection & Café, un... espace de coworking érigé dans un bâtiment historique du Vieux-Montréal.
Certes, les réalisateurs se sont tout de même donné un peu de peine en imitant les plaques d'immatriculation genevoises, mais une lettre au milieu des chiffres aura vite fait de mettre à plat la supercherie pour les yeux avisés (et suisses).
Une bière commandée en allemand
Ce n'est pas la seule imprécision: lorsque Owen Hendricks (Noah Centineo), le jeune avocat devenu agent secret, s'engouffre dans un bar «genevois», il mobilise son plus bel... allemand pour commander une bière. Et c'est dans la langue de Goethe que lui répond le serveur.
Mention bien, par contre, pour les policiers genevois lors de la scène qui clôt cet avant-dernier épisode de la saison 1: contrairement à leurs véhicules venus tout droit du Canada, les uniformes des agents sont très fidèles à la réalité romande.
«Il s'agit bien des tenues portées par l'ensemble des polices romandes, à savoir l'uniforme Unimatos», confirme à Blick Silvain Guillaume-Gentil, porte-parole de la police genevoise. Le patch sur le bras des agents, en revanche, n'est pas l'officiel.
Si les uniformes sont authentiques, cela ne veut pas dire qu'ils ont été mis à disposition par la police genevoise. «Il nous est arrivé de le faire pour des séries tournées en Suisse, mais il est interdit de le faire hors du territoire national», poursuit Silvain Guillaume-Gentil.
Impossible, donc, de savoir comment les scénaristes de Netflix ont pu mettre la main sur les uniformes officiels des polices romandes. Les plaques minéralogiques, elles aussi, sont problématiques: en circulant avec une immatriculation falsifiée en Suisse, on risque une peine privative de liberté pouvant aller jusqu'à trois ans, ou une amende. Heureusement, donc, que Genève se trouve à Montréal...