Dans cette étude, les points de vue divergent
Dans les universités suisses, les hommes sont les champions de l'égalité (en tout cas pour eux)

Une enquête menée dans les universités suisses révèle comment les professeurs et maîtres de conférences masculins s'engagent pour l'égalité. Selon leur autoévaluation, ils sont très motivés et efficaces. Mais le point de vue de leurs collègues féminines est tout autre.
Publié: 17.09.2023 à 21:04 heures
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Dernière mise à jour: 17.09.2023 à 21:52 heures
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En Suisse, les universités restent dominées par les hommes en ce qui concerne les décideurs.
Photo: Keystone
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Karen Schärer

À l'uni, les mecs ne passeraient pas les exas de l'égalité. Les professeurs et chargés de cours des hautes écoles suisses sont extrêmement motivés à s'engager en faveur de la parité. Mais les collègues des hommes interrogés – les femmes professeures ou chargées de cours – ont une tout autre appréciation de l'investissement de leurs homologues masculins.

Ainsi, 77% des hommes interrogés indiquent qu'ils veillent à une réglementation équitable et transparente lorsqu'il s'agit d'attribuer le statut d'auteure ou d'auteur de textes scientifiques co-rédigés. Mais cela n'est visible que pour 12% des femmes.

Selon l'autoévaluation des hommes, 76% d'entre eux prennent garde à ce que le temps de parole lors d'interventions dans le milieu universitaire soient le même pour les deux genres. Mais cela n'est perceptible que pour 18% de leurs collègues féminines.

Un troisième et dernier exemple parmi d'autres: alors que 51% des hommes déclarent s'intéresser aux pointures féminines de leur domaine, ils ne sont que 10% à faire cet effort du point de vue des femmes.

Toutes les universités de Suisse concernées

Professeure de psychologie sociale à l'université de Saint-Gall, Julia Nentwich a conduit cette recherche dans différentes universités au cours des quatre dernières années. Avec son équipe, elle a interrogé 1077 participants et participantes de toutes les hautes écoles de Suisse.

Que ce soit à l'université ou dans le secteur privé, les résultats se ressemblent. Les cadres masculins se montrent toujours très intéressés par la thématique de l'égalité. Mais les cadres féminins sont sceptiques.

L'étude ne répond toutefois pas à la question de savoir si les hommes se jugent trop positivement... ou si les femmes sous-estiment les efforts existants. Car elle mesure uniquement la perception des engagements.

Interrogée au téléphone, l'auteure de l'étude fournit tout de même une explication: les hommes se souviennent facilement des moments où ils ont été actifs pour l'égalité. Les femmes ont, selon la chercheuse, une autre réalité. Elles ont en comparaison beaucoup plus d'expériences de frustration, parce qu'elles doivent constamment s'affirmer à l'université afin d'être prises en compte dans leur domaine de recherche. Le fait qu'il y ait de temps en temps des lueurs d'espoir – des collègues hommes qui s'engagent pour l'égalité – ne compense guère une situation rendue plus difficile pour les femmes.

Stéréotype: masculin = compétence professionnelle

Mais pourquoi la situation est-elle plus difficile pour les femmes? La première raison réside dans les figures modèles. «La perception est encore stéréotypée: le scientifique est un homme, explique Julia Nentwich. On attend des femmes qu'elles soient agréables, mais pas qu'elles soient compétentes dans leur domaine. Leur performance est donc évaluée différemment.»

Deuxièmement, et cela ressort aussi de l'étude, les hommes ont une situation de vie privée plus simple. Souvent, les universitaires masculins renommés ont à leurs côtés une personne, souvent une femme, qui travaille à temps partiel et assure leurs arrières. Et lorsqu'une université étrangère frappe à la porte, elle suit son homme dans son nouveau lieu de travail.

Il en va autrement pour les collègues féminines du même niveau académique. Elles vivent généralement dans des couples, où les deux parties travaillent à plein temps. Elles partagent les tâches de garde d'enfants, et veulent faire carrière tout autant que leur partenaire. Il est donc plus difficile pour les femmes d'être mobiles à l'échelle mondiale.

Troisièmement, comme nous l'avons déjà évoqué plus haut, le quotidien à l'université est incomparablement plus pénible pour les femmes – et ce, bien qu'elles occupent désormais 30% des postes de professeurs et de maîtres de conférences. Les hommes communiquent fréquemment entre eux, explique Julia Nentwich, pour laquelle les femmes sont moins impliquées dans les décisions. «Dans le contexte universitaire, les femmes ont souvent le sentiment d'être inexistantes.»

Sans les hommes, rien ne va plus?

Les efforts déployés jusqu'à présent l'ont montré: la simple promotion des femmes à des statuts plus importants ne suffit pas à remédier à leur sous-représentation dans les postes de direction. Les cadres masculins font dès lors l'objet de toutes les attentions. Ils constituent des acteurs centraux pour l'organisation de l'égalité au sein des universités. Sans les hommes, rien ne va plus.

Les appréciations des hommes et des femmes sur la thématique de l'égalité sont donc importantes, et des études comme celle-ci permettent d'ouvrir les yeux. «Notre étude doit en premier lieu permettre le dialogue, explique Julia Nentwich, qui a participé à des tables rondes à Saint-Gall pour transmettre ses résultats. Il y a eu de vrais moments de 'wow', de découverte, chez des hommes comme chez des femmes.»

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