Dès samedi prochain, la Suisse vivra à crédit pour couvrir ses besoins énergétiques. Une étude de la Fondation suisse de l'énergie (SES) détaille le niveau assez élevé de dépendance du pays, qui importe plus de 70% de son énergie.
Les ressources indigènes ne suffisent à couvrir les besoins énergétiques de la Suisse que jusqu’au 19 avril, qui symbolise le «jour du dépassement», écrit mercredi la SES. Au-delà de cette date, le pays dépend entièrement du pétrole, du gaz ou des combustibles nucléaires (uranium) venus de l'étranger.
Avec un taux d’indépendance énergétique estimé à 29,6% en 2025, la Suisse se situe dans la moyenne des pays européens. En vingt ans, la dépendance de la Suisse s'est quelque peu réduite puisque ce taux ne dépassait pas 18,8% en 2005.
En tête du classement de l'autonomie figure l’Estonie, avec un taux d'indépendance de plus de 98%. A l’autre extrémité, la Belgique, Chypre et Malte affichent les niveaux d'indépendance les plus faibles, égaux ou inférieurs à 10%. La France se situe à 16,6%, l'Allemagne à 30,2%.
Transit par l'UE
La Suisse dépense en moyenne nette près de 8 milliards de francs par an pour ces importations. En 2023, la majeure partie de celles-ci – plus de 87% – provenait de pays membres de l’UE. Mais attention, prévient la SES: à l’exception de l’électricité, les Etats de l'UE jouent essentiellement un rôle de transit. Ils ne sont que marginalement impliqués dans la production des sources d’énergie importées.
En réalité, les énergies fossiles et nucléaires importées en Suisse à travers l’UE proviennent en grande partie du Moyen-Orient, d’Asie occidentale, de l’ex-Union soviétique, des Etats-Unis, de la Norvège et du Royaume-Uni. Les barres de combustible nucléaire utilisées en Suisse contiennent par exemple encore, en proportion significative, de l’uranium d’origine russe.
La SES plaide pour le développement des énergies renouvelables pour renforcer l’autonomie énergétique du pays. Léonore Hälg, responsable du domaine climat et énergies renouvelables à la Fondation, estime que «l'UE restera un partenaire commercial essentiel pour les échanges d’énergie, à l’avenir sous forme d’électricité renouvelable, produite localement dans les pays membres. L’accord sur l’électricité jouera ici un rôle déterminant».