Complices de la déforestation?
Greenpeace accuse Migros et Coop de vendre des produits au bœuf brésilien

Les deux géants suisses de la distribution sont une nouvelle fois dans le viseur de l’association de défense de la nature. En cause, certains aliments proposés dans les rayons des deux supermarchés contiennent du bœuf brésilien. Migros et Coop se défendent.
Publié: 30.09.2024 à 06:10 heures
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Dernière mise à jour: 30.09.2024 à 09:09 heures
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Alessia BarbezatJournaliste Blick
Au Brésil, l'élevage de bœufs a des conséquences écologiques dévastatrices.
Photo: KEYSTONE

Migros et Coop se rendent-elles complices de la déforestation du «poumon de la planète»? En mandatant un cabinet spécialisé pour remonter la filière de viande bovine et cartographier la chaîne d’approvisionnement — l’élevage bovin étant le facteur le plus important de déforestation de la forêt amazonienne — Greenpeace a pu relier l’un des produits vendus par Coop — du corned-beef — à JBS et l’exploitation agricole brésilienne Fazenda Rio Preto. 

Coop collabore avec une entreprise condamnée pour déforestation illégale

Or, selon l’ONG, Fazenda Rio Preto a été condamnée plus d’une dizaine de fois au Brésil, notamment pour déforestation illégale dans l’État de Mato Grosso. Images satellites à l’appui, ce sont 800 hectares de végétation (l’équivalent de 1120 terrains de football) qui ont été déboisés dans cette exploitation ces quinze dernières années.

Pour Greenpeace, deux scénarios sont possibles: «Soit Coop est au courant et ne fait rien pour régler le problème, soit l’enseigne ne sait pas ce qu’il se passe en amont de sa chaîne d’approvisionnement, ce qui serait aussi inquiétant qu’irresponsable», affirme l’ONG dans un communiqué transmis aux médias ce lundi matin.

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«Nous allons enquêter sur ce cas et lancer des investigations à ce sujet. Si les faits sont confirmés, nous mettrons en œuvre d'autres mesures.»
Kevin Blättler, porte-parole de Coop
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Du côté de Coop, on prend «ces reproches très au sérieux», nous fait savoir par écrit son porte-parole Kevin Blättler: «Nous avons immédiatement pris contact avec le fabricant de la marque. Nous allons enquêter sur ce cas et lancer des investigations à ce sujet. Si les faits sont confirmés, nous mettrons en œuvre d'autres mesures», poursuit-il.

Et le porte-parole de rappeler que dans le cadre de la stratégie de durabilité de l’enseigne, celle-ci s’engage pour des chaînes d’approvisionnement sans déforestation et sans conversion.

Bresaola et viande séchée M-budget

Deux produits de Migros sont également épinglés par Greenpeace. De la viande séchée et de la bresaola de la marque M-budget contiennent du bœuf brésilien. Si le géant orange reconnaît importer du bœuf brésilien pour des produits de charcuterie — pas de viande fraîche — son porte-parole Tristan Cerf assure que «ces produits ne proviennent pas de régions concernées par la déforestation, car nous entretenons des relations à long terme avec les producteurs concernés. Nous les connaissons et nous les contrôlons».

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«Les résultats de notre enquête mettent à nouveau le commerce de détail devant la vacuité de ses promesses en matière de durabilité.»
Sera Pantillon, experte consommation chez Greenpeace Suisse
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Et de mettre en avant les mesures mises en place par l’enseigne suisse: «Nous avons même fixé à nos fournisseurs une limite supplémentaire à la frontière officielle, en ajoutant 500 km au sud de la région amazonienne à protéger.»

Une action insuffisante selon Sera Pantillon, experte consommation chez Greenpeace Suisse. «Les résultats de notre enquête mettent à nouveau le commerce de détail devant la vacuité de ses promesses en matière de durabilité. Non seulement Coop et Migros vendent en général trop de produits d'origine animale, mais lorsqu’en plus la viande est importée de pays sud-américains menacés par la déforestation, c’est un scandale écologique auquel les enseignes doivent mettre fin immédiatement.»

Et de plaider pour une législation au niveau national pour faure pression sur les détaillants: «Malheureusement, notre pays est à la traîne en matière de réglementation sur la déforestation. La Suisse doit s’aligner rapidement sur le règlement européen contre la déforestation qui entrera en vigueur l’année prochaine.»

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